Lors du premier jour du procès des attentats de Trèbes et Carcassonne lundi 22 janvier, le président de la cour d'assises spécialement constituée de Paris a fixé l’organisation et le planning des auditions. Il a ensuite lu la mise en accusation de manière très précise. Un ancien commissaire de la sous-direction antiterroriste est, lui, revenu sur l’enquête. RECIT.
Ce n’est pas la journée d'audience qui apportera le plus des éléments sur les attentats de Trèbes et Carcassonne mais elle a déjà permis d'évoquer de nombreux détails. Lundi 22 janvier, la cour d’assises spécialement constituée de Paris s’est réunie pour le premier jour d’audience de ce procès, presque six ans après les faits.
Le fichage S du terroriste mis en sommeil deux mois avant l'attentat
La majorité des parties civiles étaient présentes dans la salle d’audience. Parmi elles, la famille du Colonel Arnaud Beltrame, composée de sa mère et de ses deux frères. Particulièrement attendus, ils ne se sont pas exprimés, laissant la parole à leur avocat avant l’audience. Ils sont restés toute la matinée au premier rang du banc des parties civiles.
Juste avant le début du procès des attentats de Trèbes et Carcassonne, l'avocat de la famille d'Arnaud Beltrame, @MontbrialAvocat s'exprime devant les journalistes : "Arnaud Beltrame n'est pas une victime, il est mort au combat pour la France" pic.twitter.com/vl1CF8jZB1
— France 3 Occitanie (@F3OccitanieLR) January 22, 2024
C’est à 10 heures que le président de la cour d’assises a ouvert les débats. Les premières heures ont été très techniques et organisationnelles, les accusés étant notamment appelés un par un. Sur les sept censés être présents, l'un d'entre eux manquait à l’appel. Deux sont en détention, les cinq autres sous contrôle judiciaire dont l'ancienne amie du terroriste Radouane Lakdim. Le président a également pris le temps de confirmer ou repréciser le calendrier des auditions.
Il a ensuite pris la parole en début d’après-midi afin d’effectuer un long résumé (près de deux heures) de la mise en accusation. Dans ce rappel des faits, il a décrit le périple de Radouane Lakdim, détaillant notamment les tirs par balle et les armes qu’il possédait. Il a aussi raconté l’assaut au sein du Super U de Trèbes, l’intervention du GIGN et l’action du Colonel Arnaud Beltrame.
Haine pour les forces de l'ordre et identification à Mohamed Merah
Surtout, il a rappelé le parcours du terroriste : aîné de la famille, le président a retracé un "radicalisme religieux et des velléités de violence" dans la lecture de la mise en accusation. Autant d’arguments qui avaient poussé les autorités à le ficher S. Un dossier finalement mis en sommeil, deux mois avant les faits du 23 mars 2018.
Un ancien commissaire de la SDAT, premier témoin à la barre, a lui dépeint une "haine et une focalisation sur les forces de l’ordre" d'un terroriste "qui relie ses actions à Mohamed Merah, et demande la libération de Salah Abdeslam". "Il n’a pas pu partir en Syrie, donc il s’est rabattu sur la France" poursuit-il.
Radouane Lakdim a "revendiqué toutes les scènes de crime", espérant que son attentat "soit une étincelle pour encourager d’autres actions", reprenait l'ancien officier de la SDAT. Lors des perquisitions, un manuscrit prêtant allégeance à l’État islamique a été retrouvé dans le domicile où vivait Radouane Lakdim.
Les CRS visés par le terroriste "ont craint qu'il ne s'arrête ensuite pour les tuer"
Assisté d’un document projeté à l’audience, l’ancien commissaire est également revenu sur certains témoignages de victimes. Notamment celui de José Renato de Sousa, premier touché par le terroriste d'un tir au niveau de l’œil : "il perd soudainement connaissance. Quand il se réveille, il voit le corps décédé de Jean-Michel Bazières", autre victime de Radouane Lakdim, qui elle perdra la vie.
L'ancien membre de la SDAT a également raconté les tirs sur le groupe de quatre CRS non identifiables, blessant grièvement l’un d’entre eux. "Les policiers indiquent avoir entendu plusieurs coups de feu, et ont craint que le terroriste s’arrête un peu plus loin pour les tuer", a relaté l’ancien commissaire de la SDAT dans son propos.
Dans son récit, ce témoin a aussi décrit l'assaut au Super U de Trèbes : Radouane Lakdim a débarqué armé, a visé des clients qui tentaient de se cacher ou de fuir, certains esquivant des tirs du terroriste. L’un d’entre eux est néanmoins assassiné. L'ancien commissaire a aussi décrypté la prise d’otage de la caissière, "isolée dans un local avec le terroriste".
Des négociations s’en sont suivies jusqu’à l’intervention du Colonel Beltrame qui a pris la place de l’otage. Dans son récit, cet ancien membre de la SDAT a précisé que les investigations réalisées "permettaient de penser qu’aucune autre personne n’a participé à ce périple meurtrier".
Les débats se poursuivent mardi 23 janvier. Ils se concentreront sur la revendication du terroriste à l'État islamique de Radouane Lakdim et les témoignages d'autres représentants des forces de l'ordre. Le procès doit durer cinq semaines.