Après la fermeture, en 2018, de la dernière chapellerie de l'Aude qui savait encore fabriquer des chapeaux en feutre, de la laine brute jusqu'au finitions, Sonia Mielke, attachée au village de son enfance, décide avec quatre salariés et une centaine de contributeurs, de redémarrer l’activité de l'usine. Un film tourné au plus près de celles et ceux qui participent à la préservation du patrimoine et des savoir-faire.
"Fabriquer ici" un documentaire réalisé par Nicolas Bergès. A voir le jeudi 28 septembre 2023, à 22h50. Une coproduction France 3 Occitanie et les Films Figures Libres.
A Montazels, dans l'Aude, à l'entrée de gigantesques hangars désaffectés, le temps semble s'être arrêté. De l’extérieur, des vitres cassées, du métal rouillé et d’innombrables toiles d’araignées, dont les habitantes semblent être les seules locataires des lieux. A l’intérieur, des monstres de ferrailles gisent dans le silence et la poussière. Pourtant et malgré les apparences, se trouve ici un lieu bien plus précieux que l'on ne pense…
Nous pénétrons le hangar d'à côté où une poignée de salariés et de bénévoles s’affairent : "Il faut tout nettoyer. Et s’assurer avec des experts, que les machines peuvent encore fonctionner". Puis, tout à coup, la poulie s’active. C’est l'explosion de joie ! La machine est lancée. Enfin, presque...
"Un sentiment de fatalité dans la vallée"
A Montazels, la chapellerie qui fabrique des chapeaux de feutre, depuis la laine brute jusqu’aux finitions, a fermé ses portes en 2018. L'institution labellisée "Entreprise du Patrimoine Vivant", a pourtant fourni les plus grandes maisons de couture : Lanvin, Balenciaga, mais aussi, les armées, la Comédie Française et a même façonné le célèbre "Tonton" de François Mitterrand, ou encore le chapeau du célèbre héros et aventurier : Indiana Jones.
Il y a encore quelques années, l’industrie chapelière était florissante dans cette région d'Occitanie. Mais, avec le temps et le progrès, la désertification n’a épargné personne : la vallée s’est vidée et ses habitants se sont fatigués. "Il y a un sentiment de fatalité dans la vallée", précise l’un d'eux
La renaissance d'un patrimoine industriel exceptionnel
En 2019, Sonia Mielke, attachée au village de son enfance, décide avec quatre salariés, quelques habitants de la vallée et une centaine de contributeurs, de redémarrer l’activité de la chapellerie. Réunis en coopérative, leur projet consiste à reprendre la fabrication du feutre de laine pour confectionner des chapeaux 100% made in France.
Mais, il faut trouver des capitaux. Remettre en marche les machines usées par le temps, est un investissement. Les pièces coûtent chers et faut trouver les soutiens pour les travaux de ré-aménagement. Grâce à l’énergie et la détermination du groupe, le projet avance.
Ici, c’est un patrimoine national, ce n'est pas juste régional ou local (...) …Avec les quelques personnes qui restent, il va falloir transmettre et faire vite. On a des gens, s'il leur arrive quelque chose, le savoir est perdu pour toujours.
Sonia Mielke, à l'origine de la réouverture de l'usine MontCapel
D'anciens employés à la retraite qui avaient emporté avec eux, les derniers et précieux savoir-faire, acceptent de rempiler le temps de former la relève. Mais il faut convaincre les jeunes pour pouvoir préserver et transmettre. Et la clientèle ? Comment intéresser les grands des marques privées ? Il faut innover dans les moules à chapeaux. Bref, tout ceci n’est pas une mince affaire.
Le documentaire "Fabriquer ici" nous raconte l'aventure d'une renaissance industrielle, celle de MontCapel, chapellerie française en haute vallée de l'Aude.