Le festival photo d'Odessa (Ukraine) n'aurait pas du se tenir cette année, en raison bien sûr, du conflit opposant Kyiv à Moscou. Mais 25 artistes ukrainiens vont tout de même pouvoir exposer leurs œuvres en France, notamment à Castelnaudary, dans l'Aude. Les photographes seront rémunérés.
Les tirages, en noir et blanc sont exposés dans les jardins de la mairie de Castelnaudary. Ils sont l'oeuvre du photographe ukrainien Andriy Lomakin, et ont été réalisés avant le conflit russo-ukrainien. "On voit le calme, on voit la sérénité, la vie de tous les jours; mais on sent quand même en arrière-plan, hors-champ pourrait-on dire, une menace", décrit Pierre Fontecave, le président d'"A vue d'oeil", une association de photographes basée à Castelnaudary.
Depuis le lundi 23 mai, la cité chaurienne accueille une exposition venue d'Ukraine, et plus particulièrement de la ville portuaire d 'Odessa, située au bord de Mer Noire, où elle aurait normalement du être présentée.
Le festival "Odesa Photo Days" a été créé en 2015, en réaction aux premières tensions apparues entre l'Ukraine et la Russie, notamment autour des territoires du Donbass et de la Crimée. Dès sa création, il vise à mettre en valeur le travail des photographes ukrainiens, en réaction à "la propagande et aux manipulations médiatiques" dans le cadre du conflit naissant, indique le site du festival.
Cette année, dès janvier, les organisateurs ont compris que l'édition 2022, ne serait pas comme les autres. Le déclenchement des hostilités aurait normalement dû condamner la manifestation. Mais le Réseau Diagonal, l'organisme français qui regroupe des structures produisant et diffusant des images photographiques a apporté son aide aux organisateurs ukrainiens. En leur proposant de délocaliser le festival en France. Dans l'Aude, c'est le Graph (pour "Groupe de recherche et d'animation photographique"), une association basée à Carcassonne, qui a aidé à organiser ce transfert dans l'urgence : "Très rapidement, on a voulu marquer le coup. en un mois et demi, on a monté une opération qui normalement nous prend un, voire deux ans en termes de programmation."
Avec notamment la volonté d'apporter un soutien financier aux photographes ukrainiens restés au pays : "ce soutien est versé sous forme de droits d'auteur, pour que ce soit un vrai revenu pour les photographes en ce moment. Par ce que le centre photographique d'Odessa a été bombardé. Il n'existe plus actuellement. L'activité artistique a du être arrêtée, ce n'est pas la priorité du moment ", nous explique Mathilde Asilna, animatrice au Graph. Des droits d'auteurs qui représentent 800 à 1200 euros par artiste. Une rentrée d'argent forcément bienvenue pour ces photographes.
Dans ce même cadre, d'autres expositions de photographes ukrainiens sont prévues, tout au long de l'été dans le département de l'Aude, à Bram, Carcassonne ou Capendu. Le programme complet est disponible sur cette page.