Féminicide : 6 ans après le meurtre de sa fille, Daniel Dupuy continue son combat contre les violences faites aux femmes

Le 18 août 2014 dans l’Aude, Marine Dupuy perdait la vie, sauvagement poignardée par son conjoint. Ce dernier a été condamné en appel à 28 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de l'Hérault en 2019. Depuis, Daniel Dupuy le père de la victime, combat les violences faites aux femmes.

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"Elle pensait que le bonheur était là". A l’âge de 21 ans, le baccalauréat en poche, Marine Dupuy quitte la Saône-et-Loire, pour rejoindre sa maman dans l’Aude. "Après des années compliquées, elle avait gagné un combat, celui d’être plus proche de sa mère, dont j’étais séparé depuis plusieurs années" confie Daniel Dupuy, son papa.
 


A l’époque, installée près de Narbonne, Marine vit de petits boulots au cœur du domaine viticole de sa mère. C’est alors qu’elle rencontre Mickaël Valarcher, un ouvrier du site. "La première fois que je l’ai vu, c’était lors de vacances en Espagne" affirme le père de Marine Dupuy.
 

Il était très discret, réservé et ne sortait jamais de notre appartement. Il n’aimait pas la foule.
 

Avec force, Daniel Dupuy continue son récit. "Nous les voyions régulièrement, quand nous allions en vacances près de Narbonne". En janvier 2014, Daniel Dupuy perçoit des désaccords entre Marine Dupuy et Mickaël Valarcher. "Il jouait tout le temps aux jeux vidéo pendant qu’elle suivait des études pour apprendre l’Occitan". Marine avait également trouvé un emploi d’ATSEM (agent territorial spécialisé des écoles maternelles) à Narbonne.
 

Elle était épanouie. Elle devenait reconnaissante de tout ce qu’elle aurait rejeté auparavant. Elle me parlait de son travail, je l’aidais à préparer ses séances de sport étant moi-même professeur.
 

"Elle devenait elle-même"


Passionnée par le dressage de chiens de troupeau, Marine passait des concours. "Elle adorait ça et ses collègues lui ont beaucoup apporté."
 

Un mois avant sa disparition, Marine rend visite à son papa, en Saône-et-Loire sans Mickaël Valarcher. "Elle allait bien, elle prenait son envol", confie Daniel Dupuy. Mais en repartant, ce dernier entend une conversation entre sa fille et son épouse. "Elle a confié à Caroline qu’elle appréhendait le mois d’août, car son conjoint était au chômage".
 

Elle a certainement voulu nous faire passer un message...
 

Marine Dupuy a été assassinée le 18 août 2014, à l’âge de 28 ans, dans sa maison de Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, un village près de Narbonne. Ce jour-là, Daniel Dupuy et son épouse devaient la rejoindre dans l’Aude, pour les vacances. "Nous sommes rentrés en Saône-et-Loire pour poser notre camping-car avant de repartir chez Marine. Le 18 août, j’ai tenté de l’appeler plusieurs fois, en vain. La veille, le 17 août, Marine avait tenté de me joindre mais je n’avais pas mon téléphone".

Après avoir tenté d’appeler sa fille à plusieurs reprises, Daniel Dupuy reçoit un appel de son ex-épouse. "Etrange puisque nous ne nous étions pas parlés depuis des années" ajoute-t-il. La mère de Marine lui dit :
 

Mickaël est en train de tuer Marine à coups de couteau.
 

Entre temps, Daniel Dupuy contacte la police, les hôpitaux. Sans succès.
 

Un quart d’heure plus tard, sa mère me rappelle et me dit : C’est fini, il l’a tuée.
 


Mickaël Valarcher a tué Marine Dupuy de 18 coups de couteau dont 3 mortels. Elle avait décidé de le quitter après 7 ans de relation. "Son compagnon a commencé à l’empêcher de partir, il avait un couteau dans la poche. Il l’a sorti et lui a donné des coups de couteau. Elle a réussi à s’échapper par l’arrière de la maison, il a continué à lui donner des coups. Marine a essayé de sortir par un petit portillon qui donnait sur la route. Il l’attrape par les cheveux, la couche à terre et l’égorge devant des témoins".

Ensuite, Mickaël Valarcher posera son couteau, appellera la maman de Marine en lui disant "voilà, c’est fait. J’ai fait ce que j’avais à faire" et attendra les gendarmes en fumant une cigarette.
 

Tout concorde avec un féminicide.


"Personne ne prenait tout ça au sérieux. Pierre, un ami de Marine avait appelé les gendarmes. Quand ces derniers sont arrivés sur place, Marine et Mickaël Valarcher ont dit que tout allait bien et les gendarmes sont repartis en ordonnant à Pierre de les appeler pour quelque chose de sérieux."
 

Quand Mickaël Valarcher a tué ma fille, 5 ou 6 personnes étaient là. Personne n’a réagi.
 

Depuis, Daniel Dupuy a vécu deux procès et a commencé à mener un véritable combat contre les violences faites aux femmes. Il a fait de sa douleur une force.
 

Le premier procès a été difficile. Il avait été condamné à 24 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises de l'Aude. Nous pensions que c’était à la hauteur de ce qu’il avait fait. Plus tard, je me suis rendu compte, en parlant avec les membres de plusieurs associations, qu’il n’avait pas de peine de sûreté et qu’il ne restera certainement pas 24 ans en prison. Coup dur.
 


Une dizaine de jours plus tard, Daniel Dupuy reçoit un courrier : Mickaël Valarcher va faire appel.
 

Psychologiquement, je replonge. Je n’avais plus la force de me battre. C’est Léa, mon autre fille, qui m’a secoué ! Il fallait qu’on le fasse pour Marine.
 

Le verdict du procès en appel est tombé le 19 décembre 2019, à Montpellier : Mickaël Valarcher est condamné à 28 ans de réclusion criminelle assortis d’une peine de sûreté de 18 ans.
 

Après la douleur, le combat


Malgré tout, la douleur ne quitte pas Daniel Dupuy. Mais il a décidé d’en faire une force, un combat. Avec sa famille et le soutien d’élus de sa région, il a décidé de créer une association "De Cor e d’Oc", "de cœur et de cri" en occitan. "C’est un message pour Marine, qui porte cette association". A partir du mois de septembre, l’association interviendra dans les établissements scolaires, de la maternelle à l'université.
 

Il faut qu’on éveille les consciences dès la petite enfance. Toutes les violences envers un petit copain, une petite copine, doivent être sanctionnées et il faut en parler ! C’est grave. Il faut également que les forces de l’ordre prennent au sérieux les cas de violences conjugales !
 

Depuis la médiatisation du décès de sa fille, Daniel Dupuy a reçu plusieurs témoignages. Pour commencer, l’association interviendra en Saône-et-Loire avant d’arriver en Occitanie, où résident les amis de Marine. Si vous avez besoin d'aide ou si vous souhaitez contacter l'association, vous pouvez adresser un message à l'adresse suivante : asso.decoredoc@gmail.com.

Daniel Dupuy et ses proches continueront le combat, quoi qu'il arrive, par amour pour Marine.
 
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