Féminicide de Rosine Roig à Ortaffa : sa fille témoigne "c'était mon père, je me suis dit il va pas en arriver là"

Au 4ème jour du procès en appel de Ramon Cortès et Sandrine Delporte qui ont tué Rosine Roig à Ortaffa (Pyrénées-Orientales) en 2013, les enfants des accusés et de la victime sont venus témoigner devant la Cour d'Assises de l'Hérault à Montpellier de la violence et de l'emprise de Ramon Cortès.

La parole était aux familles de la victime et des accusés, aux 3ème et 4ème jours du procès en appel de Ramon Cortès et Sandrine Delporte devant la cour d'Assises de l'Hérault. Les deux coaccusés comparaissent pour l'enlèvement et l'assassinat de Rosine Roig en 2013 à Ortaffa (Pyrénées-Orientales). Au cœur de ces témoignages : la violence et l'emprise de Ramon Cortès sur les deux femmes.

"Il a pas pensé à ses enfants, il a pensé qu'à lui"

Sept ans après les faits, Marie-Chantal Roig, fille de Rosine Roig et Ramon Cortès, est la seule des 3 enfants du couple à avoir trouvé le courage de venir témoigner à la barre. Aujourd'hui, elle-même mère de famille, la jeune femme a raconté comment elle et ses frères ont tenté en vain de raisonner leur père lorsque celui-ci faisait part de son intention d'éliminer leur mère :

Ma mère, c'était pour lui une obsession. Mais c'était mon père quand même. Je me suis dit : "il va pas en arriver là". Parce qu'on était là, nous. Mais il a pas pensé à ses enfants, il a pensé qu'à lui.

Marie-Chantal Roig, fille de Rosine Roig et Ramon Cortès

Concernant le degré de complicité de Sandrine Delporte, maîtresse d'alors de Ramon Cortès, Marie-Chantal Roig n'en démord pas :

C'est pas vraiment important qui a fait quoi : ils étaient tous les deux, ils ont tout préparé ensemble, tout planifié, pour moi les deux sont coupables autant l'un que l'autre.

Marie-Chantal Roig, fille de Ramon Cortès et de Rosine Roig

Un accusé décrit comme jaloux, possessif et obsessionnel

De son côté, William, 23 ans, serveur, fils de Sandrine Delporte, a décrit la coaccusée comme une femme sous l'emprise de Ramon Cortès, son amant au moment des faits :

Ce qu'elle a fait, c'est impardonnable. Mais c'est ma mère et je ne peux pas ne pas l'aimer.

William, fils de Sandrine Delporte

Le jeune homme a raconté comment Sandrine Delporte, réfugiée à Perpignan avec ses enfants pour fuir des violences conjugales, avait retrouvé son ami d'enfance Ramon Cortès et comment elle avait "changé" à ce moment-là, comment il "l'engueulait, l'embobinait". Comment "il ne supportait pas qu'elle sorte, il était jaloux, possessif". Comment aussi William entendait à nouveau à travers la porte, comme avec son propre père auparavant, les violences et les éclats de voix.

Un père en colère contre l'absence de réponse aux plaintes de sa fille

De violence, il en a aussi été question lors du témoignage d'Armand Roig, le père de Rosine et beau-père de Ramon Cortès. Dressant le portrait d'une victime "très douce, enjouée", il a retracé les premières années heureuses du couple jusqu'à la naissance du premier enfant, avant que les coups ne surgissent.

Puis avec une colère contenue, cet homme en deuil a énuméré les nombreuses fois où Rosine, sa famille, ses amis se sont rendus à la gendarmerie pour tenter de faire cesser les violences. Rosine Roig ira même jusqu'à écrire deux lettres au procureur de la République. Elles sont restées sans réponse.

Le désarroi d'une famille

Quand enfin elle est parvenue à déposer une plainte, c'était 3 jours avant sa mort. Ce jour fatidique de  2013 où, prévenu par l'entourage qu'il s'était passé quelque chose de grave, Armand Roig s'est à nouveau présenté à la gendarmerie pour obtenir des nouvelles de sa fille :

- Elle est où ? - Elle est partie à Montpellier. -Ah bon ? -Ben oui, elle est morte !

Conversation entre Armand Roig et un gendarme le jour de la mort de Rosine

C'est ainsi qu'il apprendra le départ du corps de sa fille pour l'institut médico-légal. Ainsi les nombreuses alertes n'avaient pas été entendues par l'institution judiciaire et policière. De quoi susciter cette réaction chez le président de la cour d'Assises de l'Hérault, Charles Pinarel :

Je suis atterré de voir comment Rosine Roig a dû faire "sonner des carillons", lesquels auraient pu éviter ce drame.

Charles Pinarel, président de la cour d'Assises de l'Hérault


Le verdict est attendu vendredi 10 juillet.
 
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