Le préfet de l'Aude a justifié vendredi la décision du gouvernement de suspendre "à titre conservatoire" l'agrément de Spanghero au vu des "graves doutes" pesant sur l'activité de la société de Castelnaudary soupçonnée de fraude à la viande de cheval.
Eric Freysselinard, qui a reçu une délégation de salariés de Spanghero, a également dit comprendre leur émotion et leur a demandé de garder "confiance". "Je leur ai rappelé que, à partir du moment où il y avait des doutes aussi graves sur la traçabilité, avec depuis des mois apparemment de la viande de cheval transitant par cette entreprise vendue comme de la viande de boeuf etc.., il y avait clairement un risque considérable de perte de confiance du consommateur", a-t-il dit par téléphone à l'AFP.
"C'était de la responsabilité gouvernentale de suspendre la production de l'entreprise (...) le temps d'y voir plus clair, de prendre les décisions qui s'imposent et d'assainir la situation", a-t-il ajouté.
Cette mesure "conservatoire" devrait durer une huitaine de jours dans l'attente des investigations de la brigade nationale vétérinaire, a-t-il précisé. Il est "prématuré" pour l'instant de dire si l'agrément sera redonné ou pas à l'issue de cette période.
Dans l'intervalle, la préfecture étudie la possibilité que les salariés qui n'auraient plus de congés à prendre puisse bénéficier d'un chômage partiel payé par l'Etat.
Les salariés sont sous le choc, a encore dit le préfet. "Ils comprennent que de la viande de cheval est arrivée dans leur entreprise mais ils ne s'estiment pas fautifs et donc ils sont très inquiets pour leur emploi", a-t-il indiqué. "J'ai dit à ces salariés très choqués qu'ils devaient garder confiance", a-t-il ajouté."
Spanghero connaissait la nomenclature douanière" selon une source proche
Spanghero "ne peut pas prétendre ne pas connaître la nomenclature douanière puisqu'il l'utilise sur ses factures", a assuré vendredi à l'AFP une source proche du dossier. Barthélémy Aguerre, patron du fournisseur de viande, "ne peut pas affirmer ne pas connaître la nomenclature douanière puisque dans des factures de Spanghero adressées à Tavola (usine de Comigel) saisies par la DGCCRF figurent la désignation avant de boeuf désossé C, suivi du numéro de nomenclature douanière 0202****, qui correspond effectivement au boeuf congelé", explique cette source.
En outre, le "code 0205 est bien connu des professionnels comme relatif au cheval.
Et ils savent tous que du boeuf aurait été estampillé 0201 ou 0202", ajoute-t-elle. Barthémély Aguerre a assuré vendredi matin à l'AFP qu'il pensait que "c'était du boeuf".
"Pour nous, le code à 8 chiffres identifiant les palettes incriminées, que la répression des fraudes considère comme la référence douanière relative à de la viande de cheval surgelée, ne correspond pas à un code douanier, mais à un code article. Nous l'avons pris pour un code article et rien d'autre", a-t-il déclaré.
"Si nous avions voulu frauder, on aurait changé ces étiquettes contenant ce code. Et nous aurions renvoyé les factures", a-t-il ajouté.
Les autorités françaises ont désigné jeudi la société Spanghero comme principale responsable du scandale de la viande de cheval en lieu et place de boeuf dans des plats surgelés. Son agrément sanitaire a été suspendu. Spanghero, marque de la coopérative Lur Berri, propriétaire également des foies gras et du saumon Labeyrie, est spécialisée dans les plats cuisinés et dans la viande fraîche transformée (viande tranchée, steaks hachés, saucisses et autres produits élaborés).
Elle emploie 360 personnes dans l'Aude.