Si les employés de Spanghero à Castelnaudary espèrent l'arrivée d'un repreneur, ils ne se font pas d'illusions. L'activité a très fortement baissé, depuis l'affaire de la viande de cheval et un plan social est inéluctable. Les plus optimistes espèrent sauver 80 à 100 emplois.
Les craintes pour l'avenir de Spanghero et ses 350 emplois se sont concrétisées vendredi.
L'entreprise de Castelnaudary est placée en liquidation avec seulement trois mois d'activité assurés pour être vendu. Elle est surtout au-devant d'un plan social que les salariés redoutent depuis des semaines.
Le tribunal de commerce de Carcassonne a prononcé vendredi la liquidation judiciaire avec continuité d'activité jusqu'au 19 juillet, avec une éventuelle prolongation pour trois mois supplémentaires.
Il ne s'agit pas d'une liquidation "totale et définitive", a insisté le président de l'entreprise, Barthélémy Aguerre. Mais les lendemains s'annoncent sombres. Lur Berri, coopérative basque et maison mère de Spanghero, a décidé de vendre, et les trois ou six mois à venir serviront à trouver un repreneur, a indiqué M. Aguerre dans un entretien accordé à l'AFP.
"On est dans la merde", a lâché vendredi une quadragénaire à la sortie de l'entreprise
Depuis le scandale, "l'activité ne décolle pas, les clients ne commandent pas, on est à 30 ou 50% de commandes (...) et bien évidemment cela nous pose un problème de trésorerie important", a expliqué M. Aguerre. Spanghero perd aujourd'hui 200.000 euros par semaine, a-t-il précisé.
"Nous pensons que la meilleure solution, c'est de mettre cet outil-là sur le marché pour que d'autres opérateurs rassurent le client", a-t-il dit. La procédure de mise en liquidation judiciaire avec poursuite de l'activité a été préférée au redressement parce qu'elle était plus favorable à un rachat, a-t-il assuré.
Interrogé sur les conséquences sociales, M. Aguerre a répondu que la décision d'un plan social appartenait à présent à l'administrateur judiciaire. Mais "il y aura obligatoirement" des retombées "à partir de la semaine prochaine", a-t-il déclaré, sans expliciter son propos.
La liquidation totale en vue s'il n'y a pas de repreneur
Quant au sort de l'entreprise dans l'éventualité où aucun repreneur ne se manifesterait, "c'est facile à deviner: si au bout de la période de trois mois, une fois renouvelable, il n'y a personne" pour reprendre la société, "il n'y a plus rien", a-t-il admis.
Il a réfuté que la maison mère abandonne Spanghero. Au contraire, elle va "accompagner" la reprise de la société qu'elle a elle-même rachetée en 2009 aux fameux rugbymen Spanghero. Lur Berri a fait le nécessaire (...) puisque nous avons racheté cette affaire à Laurent Spanghero en situation de faillite. Nous l'avons redressée, nous avions un compte équilibré en 2012" et Lur Berri comptait sur de bons résultats en 2013. Quand le scandale a éclaté...
Des salariés sous le choc mais pas étonnés de la situation économique de Spanghero
A la sortie de la réunion d'information du personnel vendredi, les salariés laissaient transparaître amertume et abattement.
Une femme en larmes lançait: "Merci l'Etat. Y en a qui ont fait bien pire et on ne leur fait rien." "On ne va pas se laisser faire, nous les salariés", assurait une autre. Beaucoup exprimant un ressentiment très répandu contre l'administration et les médias qui auraient mis en danger 350 emplois en désignant l'entreprise à la vindicte publique et en faisant d'elle la seule responsable du scandale.
"On va se battre", promettait également Marie Favié, déléguée CFE-CGC.
Mais, pour elle comme pour José Marson, directeur informatique, il n'y a actuellement de travail que pour 80 personnes et un plan social devrait frapper l'entreprise dès la semaine prochaine.