A Narbonne, dans l’Aude, la crise sanitaire a bouleversé la vie de Cyrille Tirard et de Matthéo, son fils de 16 ans. Dans l’incapacité de payer son loyer, cette gérante de salle de sport a fait le choix de vivre dans ses locaux professionnels pour sauver son entreprise.
"On pense à toi et à l’épreuve que tu traverses. Ne baisse pas les bras." Avec émotion, Cyrille Tirard lit ce message de soutien. Il y a deux mois, cette gérante de salle de sport a quitté son logement dont elle ne pouvait plus assumer le loyer, pour s’installer dans ses locaux professionnels. Une décision prise avec l’accord de Matthéo, son fils de 16 ans, scolarisé à Béziers, dans l'Hérault.
Le bureau a été transformé en cuisine. Les boîtes de conserve et autres aliments sont rangés sur les étagères. La famille cuisine à l’aide d’un réchaud. "C’est petit mais cela nous permet de pouvoir cuisiner et de manger au chaud".
Cyrille Tirard et son fils ont aménagé une chambre de fortune dans les vestiaires, où des matelas et sacs de couchage sont posés à même le sol. Des conditions précaires dans lesquelles ils vivent depuis le début du mois de décembre. "Même si c’est précaire, nous avons tout ce qu’il faut" confie la gérante, battante et positive.
Il faut que je patiente. Qui sait ? Cette situation annoncera peut-être quelque chose de merveilleux par la suite ?
"La vie est une vague, une succession de problèmes qu’il faut affronter un par un". Cyrille Tirard en est sûre : cela servira de leçon à son fils, une expérience de courage et de valeurs.
Un deuxième confinement fatal
Cyrille Tirard a ouvert sa salle de sport en janvier 2020, juste avant le premier confinement. Elle a 17 000 euros de charges fixes mensuelles mais ne bénéficie d’aucune aide. La gérante puise alors dans son fond de roulement afin d’honorer ses dettes.
Puis, elle a pu rouvrir sa salle. "Les clients étaient contents de reprendre et ça fonctionnait plutôt bien" se souvient Cyrille Tirard.
Et puis le deuxième confinement arrive. Et là, les caisses sont vides.
"Nous avons heureusement eu le droit aux aides gouvernementales mais elles ne couvrent absolument pas les dépenses réelles que nous avons chaque mois" affirme la gérante.
"La peur de la précarité" et "la honte"
Cyrille Tirard l’avoue : "on se cache, on se dit qu’il ne faut pas que ça se sache car on manquera de crédibilité auprès de ses adhérents en tant que directrice de salle de sport."
Après plusieurs semaines, Cyrille Tirard est épuisée. "Il faisait très froid en janvier. On se mettait deux, trois vestes sur le dos pour supporter la température." confie la gérante.
Et puis, pour s’en sortir, Cyrille Tirard prend une décision : parler de sa situation "pour que les pouvoirs publics et le gouvernement comprennent que les décisions qu’ils prennent, seuls, sans échange avec les professionnels, ont des conséquences."
Si je prends la parole, ce n’est pas pour parler de moi mais pour parler de cette situation rencontrée par plusieurs gérants.
Avant de devenir la directrice d’une salle de sport à Narbonne, Cyrille Tirard était infirmière et sportive de haut niveau. Pour elle, l’ouverture de ces locaux était un rêve, l’occasion de concilier ses passions. Aujourd’hui, la famille se bat et espère remonter la pente.