C'est un procès hors normes qui s'est ouvert ce lundi 9 jusqu'au 20 décembre devant le tribunal correctionnel de Narbonne dans l'Aude. 31 prévenus devront répondre de la destruction du péage et du peloton de gendarmerie en marge d'une manifestation des gilets jaunes, il y a un an.
La première journée du procès où 31 prévenus devront répondre de la destruction du péage et du peloton de gendarmerie en marge d'une manifestation des gilets jaunes, en 2018, s'est achevée ce lundi 9 décembre, à Narbonne. Il s'étendra jusqu'au 20 décembre.
Après le rappel des faits, trois prévenus ont été entendus : l'un d'eux , accusé de recel de marchandises volées, reconnaît les faits et s'en excuse. "Je suis désolé d'avoir privé un enfant de son cadeau de Noël, je suis prêt à les dédommager." Les jouets de Noël des salariés de Vinci avaient été volées dans la nuit du 1 au 2 décembre 2018. "Je suis déjà assez humilié pour comparaître pour un vol de Playmobil", a t-il ajouté. Un premier jour de procès où l'avocate de Vinci n'était pas présente.
Rappel des faits
Dans la nuit du 1 au 2 décembre 2018, des violences urbaines sont été commises en marge d'une manifestation Gilets jaunes au niveau de la barrière de péage Croix sud de Narbonne ; les bâtiments de la société Vinci Autoroute et les locaux du Peloton Autoroutier de la gendarmerie de Narbonne sont incendiés.
Pillage
Des manifestants se sont, en outre, introduits dans l'enceinte de la gendarmerie au sein de laquelle ils ont procédé à des dégradations et à des pillages, volant notamment des tenues et équipements de gendarmes. Des véhicules présents sur le site ont également été dégradés. Au cours de la soirée du 1er décembre 2018, les propos des manifestants se font plus agressifs à l'encontre des gendarmes ; des palettes sont disposées devant les locaux de la gendarmerie ; le feu est mis au mur constitué de palettes ; des pétards et des fumigènes sont utilisés.
200 manifestants
Les pompiers, alertés par la brigade motorisée de Narbonne ayant constaté un incendie au niveau du péage autoroutier Narbonne Sud, interviennent. Environ 200 manifestants sont sur les lieux. Des bombes incendiaires ayant été préparées et des menaces ayant été proférées à l'encontre des pompiers,
deux pelotons de la gendarmerie Mobile de Hyères inteviennent également afin de protéger l' intervention des pompiers. Certains manifestants ont alors le visage dissimulé. Durant l'opération de maintien de l'ordre, des cocktails molotov, des bouteilles en verre, des pierres et des canettes sont jetés en direction des gendarmes.
Scènes d'émeutes
Les installations militaires du peloton d'autoroute de Narbonne et les locaux de la société VINCI sont dégradés et, en fin de nuit, quasiment détruits par l'utilisation successives de jets depierres, de cocktails molotov, de palettes et des pneus enflammés. Les forces de l'ordre procèdent à des tirs de grenades lacrymogènes pour tenter de disperser les manifestants. Compte tenu de la menace, les gendarmes et les employés du péage seront évacués. Quatre membres des forces de l'ordre seront alors blessés.
Incendies
Dans la nuit, pendant plusieurs heures, les locaux du peloton d'autoroute de Narbonne, de la société Vinci ainsi que la gare du Péage Sud seront dégradés et incendiés. Des véhicules de la gendarmerie, de la société Vinci et ceux de particuliers seront également incendiés. Du matériel et des tenues de la gendarmerie nationale seront volés. Le véhicule de service de la Commissaire divisionnaire, chef de la Circonscription de Sécurité publique de Narbonne, sera également brûlé.
Information judiciaire
Une information judiciaire sera ouverte contre X le 07 décembre 2018 des chefs de destructions de biens par moyen dangereux en bande organisée, vol en bande organisée, participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un crime, violences volontaires aggravées par trois
circonstances, recel de biens provenant d'un vol en bande organisée, participation sans arme à un attroupement après sommation de se disperser par personne dissimulant son visage, participation sans arme à un attroupement après sommation de se disperser et entrave à la circulation de véhicules.
31 prévenus devront répondre de ces accusations devant 48 parties civiles. Ils seront défendus par 35 avocats. Les prévenus risquent jusqu'à 10 ans de prison et 150 000 euros d'amende.
Le reportage de Carine Alazet et Frédéric Guibal