Le procès de 9 militants de la Confédération paysanne, accusés de dégradations sur la ferme "des Mille Vaches", se tiendra mardi à Amiens. Au dehors, des milliers de personnes sont attendues pour dénoncer l'agriculture industrielle. Un gréviste de la faim est parti de Narbonne pour les soutenir.
Une demi douzaine de grévistes de la faim et de jeûneurs, dont le mari de l'une des prévenues, sont partis de Narbonne. Leur convoi est arrivé samedi à Abbeville (Somme) et devait gagner Lille dimanche, puis Arras lundi. Leur mouvement prendra fin à Amiens avec une soupe servie par des anciens de l'usine de pneus Continental fermée.
Des personnalités politiques sont également annoncées: José Bové, député européen et ancien de la Confédération paysanne, la députée de la Somme Barbara Pompili (EELV) qui doit par ailleurs témoigner au procès, mais aussi la secrétaire nationale Emmanuelle Cosse et la députée européenne Karima Delli, ou encore Clémentine Autain (Front de Gauche).
Les manifestants prévoient d'organiser, sur une scène qu'ils auront montée, le procès de l'industrialisation de l'agriculture. Des concerts et un défilé sont
également prévus.
Rappel des faits
Dans la nuit du 11 au 12 septembre, une vingtaine de personnes s'était introduite sur le chantier de la ferme des 1.000 vaches à Drucat près d'Abbeville, pour immobiliser les engins de chantier et produire un immense tag de 250 m de long stipulant "Non aux 1.000 vaches", une action revendiquée par la Confédération paysanne. Le 28 mai dernier, une cinquantaine d'agriculteurs venus de toute la France avaient pénétré sur le chantier de la ferme afin de "démonter" une partie des installations, selon la Confédération Paysanne. Le porteur du projet avait parlé lui de "saccage", évoquant des dégâts qui devaient dépasser "vraisemblablement les 100.000 euros".
"Nous y allons pour démontrer que nous ne sommes que des lanceurs d'alertes", a expliqué Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne,
qui fait partie des accusés. "C'est la Confédération Paysanne qui devrait être devant le tribunal, pas les militants", a-t-il ajouté, le syndicat d'agriculteurs revendiquant pleinement son intervention.
"Pourquoi à chaque fois que la Confédération paysanne intervient de manière symbolique, on nous colle devant un tribunal et que lorsque d'autres syndicats font des manifestations beaucoup plus dures les pouvoirs publics passent l'éponge? Il nous semble que c'est parce qu'on pose des questions qui dérangent", s'est offusqué Laurent Pinatel. "Nous allons plaider de façon sereine qu'il fallait s'opposer à ce système-là".