Les patrons de chalutiers manifestent massivement ce lundi 7 décembre à Port-la-Nouvelle, dans l'Aude, pour contester le plan de gestion West-Med proposé par l'Union européenne. Celui-ci prévoit une réduction des jours de mer pour les pêcheurs en Méditerranée.
Les pêcheurs montent au créneau. Une trentaine de patrons de chalutiers de tout le Golfe du Lion et plus de 150 marins pêcheurs se sont rassemblés à Port-la-Nouvelle (Aude) pour contester le plan de gestion de la pêche en Méditerranée de l'Union européenne.
Ce plan baptisé West Med prévoit de réduire à 160 le nombre de jours de mer pour les chalutiers afin de protéger une espèce sensible, le merlu. Mais pour les professionnels du secteur, appliquer ce plan tel quel signerait l'arrêt de mort de tous les pêcheurs.
"C'est un plan de gestion complètement aberrant, estime Paul Gros, président de la coopérative du Grau-du-Roi. On a déjà réduit nos jours de mer par le passé, on est à 200 jours maximum, et en dessous de 180 nous ne sommes plus rentables. On ne peut plus accepter de nouvelle baisse, on a donné tout ce qu’on pouvait. On ne peut pas accepter cet enterrement programmé."
Sans les chalutiers, pas de petits pêcheurs
Ce plan de gestion ne permettrait pas ne sauver le merlu, ce poisson dont le stock baisse depuis des années, estime le patron des pêcheurs du Grau du Roi. "Nous pêchons 40 espèces différentes, et le merlu ne représente que 8% de nos prises". Si le nombre de jours en mer devait être acté, les pêcheurs réclameront une compensation financière à hauteur des pertes. "On n'a plus d'aides, on ne vit que par nous-même, et on aimerait continuer comme ça, à vivre de notre travail", ajoute-t-il.Pour Paul Gros, cette décision, qui ne s'applique qu'aux chalutiers, condamnerait tout de même tous les pêcheurs : "Les chalutiers sont la clé de voûte des coopératives, ça va toucher toute la flottille. On est tous solidaires aujourd'hui."
Le rond point à l’entrée de la zone portuaire a été bloqué. Une délégation de pêcheurs devrait être reçue à la Préfecture de Carcassonne.
Et sans les chalutiers, plus de criée et d'emploi
Pour Bernard Pérez, Président du CRPMEM (Comité Régional des Pêches Maritimes et des Elevages Marins d’Occitanie) Occitanie, la disparition de la flotte chalutière en Occitanie serait une catastrophe économique pour les emplois de manière plus générale, qu'ils soient directs ou indirects dans notre région :Les criées fermeront, ça il faut l'entendre ! Et tous les gens qui font du plastique, les soudeurs...On fait travailler toutes les corporations. 1 travail à la mer équivaut à 4 emplois indirects. Si demain il n'y a plus de flotte chalutière, il n'y aura plus de criée en Occitanie et ça...c'est catastrophique !
Le but de la manœuvre : faire pression sur le ministère de la Mer, même si la ministre, Annick Girardin, a assuré qu'elle représenterait leurs intérêts au Conseil de l'Union européenne, qui devrait se réunir très prochainement.