Victime de violences conjugales, elle squatte une location de vacances pour ne pas se retrouver à la rue avec ses enfants

À Port-la-Nouvelle, une mère accompagnée de ses quatre enfants a loué un appartement à des particuliers pendant trois nuits, entre le 8 et le 11 novembre 2023. À la fin de son séjour, la locataire a refusé de quitter le logement, n'ayant pas encore trouvé de solution d'hébergement d'urgence. Les propriétaires ont lancé une procédure judiciaire pour la déloger.

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"On se sent complètement démunis." Depuis le 8 novembre 2023, les propriétaires de cet appartement situé dans la résidence des Patio Molière, à Port-la-Nouvelle, essaient de récupérer leur location, sans succès.

En cause : une mère victime de violences conjugales accompagnée de ses quatre enfants, refusant de quitter l'appartement après l'avoir loué plusieurs nuits. Celle-ci explique attendre une solution d'hébergement d'urgence après avoir contacté le 115, numéro destiné aux personnes sans abri et en grande difficulté sociale.

"On pensait pouvoir lui faire confiance"

Tout a commencé un mercredi matin. Le 8 novembre, Estelle et Franck Mortet reçoivent un message leur proposant de réserver leur appartement pour trois nuits. "La dame arrivait soi-disant de Clermont-Ferrand et n'était pas en mesure de nous donner une heure pour qu'on lui remette les clés", indique la propriétaire. "Elle nous avait fait un virement Paylib pour le montant des trois nuits, on pensait pouvoir lui faire confiance, alors nous lui avons donné le code de la boîte à clés."

Elle nous avait fait un virement Paylib pour le montant des trois nuits, on pensait pouvoir lui faire confiance, alors nous lui avons donné le code de la boîte à clés.

Estelle Mortet, co-propriétaire de l'appartement

Le séjour de leur locataire touchant à sa fin et sans nouvelles de sa part, les propriétaires tentent de la contacter, en vain. Celle-ci finit par leur répondre le samedi, dernier jour légal de sa réservation : "elle nous envoie un message disant « je suis désolée que ça tombe sur vous, je suis une femme battue avec quatre enfants en attente d'un logement social », et qu'elle resterait dans notre appartement tant qu'elle n'aurait pas trouvé de solution."

Un crédit à payer

S'empressant de se rendre sur place, accompagnés de la gendarmerie, les propriétaires sont forcés de constater que la locataire ne quittera pas les lieux. Qui plus est, la trêve hivernale qui a débuté le 1er novembre pourrait prolonger cette occupation jusqu’au 30 mars, sans recours possible. Une source d'angoisse pour les Mortet, qui ont investi dans l'appartement il y a cinq ans et qui continuent de rembourser l'emprunt nécessaire à son achat.

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Estelle Mortet explique avoir dû poser plusieurs jours d'arrêts liés à l'angoisse causée par cette affaire. ©France Télévisions. Eric Henry et Olvier Journiat

"On ne touche même pas de vraie source de revenus liée à cet appartement. Alors si l'on rajoute les frais de syndic, d'eau, les impôts... On arrive à 900 euros de dépense par mois", précise Estelle Mortet. Une somme à laquelle s'ajoutent les frais d'huissiers et d'avocats, engagés le temps de la procédure judiciaire. "La procédure risque d'être longue et très onéreuse, on risque de ne pas pouvoir tout payer. C'est pour ça qu'on a monté une cagnotte Leetchi", justifie le propriétaire, qui ne se sent pas assez protégé par la loi.

Un acte prémédité ?

Estelle et Franck ont reçu de nombreux messages de soutien de la part d'habitants et de personnalités politiques, comme le député Rassemblement national de l'Aude Frédéric Falcon.

Elle a changé le compteur électrique à son nom, selon moi c'était un acte prémédité.

Franck Mortet

"Vendredi nous avons organisé une manifestation aux abords de l'appartement, Monsieur le député Falcon nous a rejoints de son propre chef et nous a assuré qu'il allait contacter cette personne pour trouver une solution", semble se réjouir Franck Morte, persuadé que la locataire avait préparé son coup : "elle a changé le compteur électrique à son nom, selon moi c'était un acte prémédité."

"Mes enfants sont petits, ils ont besoin de stabilité"

Contactée, la mère de famille assure le contraire. "Je voulais juste rester quelques jours, le temps que le 115 nous trouve une solution." La demande d'urgence de cette maman de quatre enfants âgés de 7 mois à 10 ans a été bloquée par le CAIO (Centre d'accueil d'information et d'orientation) en raison de problèmes liés à certains documents.

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La mère de famille ne s'attendait pas à ce que son acte engendre une telle polémique. ©France Télévisions. Eric Henry et Olvier Journiat

"Je ne m'attendais vraiment pas à ce que ça prenne cette ampleur. Je leur demandais juste un peu plus de temps, pour pas que je me retrouve dehors." La locataire, qui occupe  désormais illégalement le logement, l'affirme : dès que le 115 lui proposera une solution pérenne, elle quittera le Airbnb. "Mais je ne retournerai pas à l'hôtel, mes enfants sont petits, ils ont besoin de stabilité. C'est tout ce que je veux, juste leur stabilité."

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