L'Hôtel de Région à Montpellier accueille, jeudi, trois classes de lycéens et lycéennes qui assisteront à un faux procès pour violences conjugales et intra-familiales. Une expérience novatrice qui intervient en amont du 25 novembre, journée de lutte contre les violences faites aux femmes.
Comme chaque année, la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes aura lieu le 25 novembre. L'occasion, en Occitanie comme ailleurs, de continuer à sensibiliser aux violences sexistes et sexuelles.
À Montpellier, une expérience sera d'ailleurs menée le jeudi 23 novembre 2023 à l'Hôtel de Région, pour renforcer la connaissance des jeunes autour de ce sujet fondamental. Pendant trois heures, une centaine de lycéens et de lycéennes assisteront à un procès fictif pour violences conjugales et intra-familiales.
"Sortir d'un entre-soi de personnes déjà convaincues"
"Face aux chiffres encore accablants concernant les violences faites aux femmes, on ne pouvait pas rester les bras croisés." Gwenaëlle Guerlavais, coorganisatrice de l'expérience, a imaginé cette pièce de théâtre participative, pour toucher des personnes qui ne se sentiraient pas encore concernées par le sujet. "On aurait pu proposer une conférence, mais souvent seules les personnes déjà sensibilisées s'y rendent... L'idée était de sortir d'un entre-soi de personnes déjà convaincues."
Certains jeunes considèrent encore que donner une petite tape à sa conjointe n'est pas un acte "si grave". Il y a encore du chemin à parcourir.
Gwenaëlle Guerlavais, coorganisatrice du procès fictif
Gwenaëlle Guerlavais et la Région ont choisi de s'adresser aux jeunes, qui restent des acteurs et actrices majeurs dans le sujet des violences sexistes et sexuelles. "Certains jeunes considèrent encore que donner une petite tape à sa conjointe n'est pas un acte 'si grave'. Il y a encore du chemin à parcourir."
Faire face à la réalité judiciaire
Ce jeudi, une classe des lycées Jules Ferry de Montpellier, Jean-François Champollion de Lattes et Auguste Loubatières d’Agde assisteront à ce faux procès, déjà joué à Toulouse le 8 mars dernier. "On aurait aimé convier plus de monde, mais l'Hémicycle de l'Hôtel de Région ne peut accueillir que 100 personnes", soulève Gwenaëlle Guerlavais.
Parmi les 90 jeunes présents, neuf seront tirés au sort pour devenir les jurés du procès. L'affaire en question : une femme victime de violences conjugales depuis plusieurs années est accusée d'avoir tenté d'assassiner son conjoint, pour défendre leur fille qu'il prenait à partie.
Après avoir assisté à la plaidoirie des avocats et au témoignage des époux, incarnés par les comédiens de la troupe de la Maison Théâtre, les jurés devront écouter l'avis de plusieurs experts. Ces derniers ne sont pas des acteurs mais bel et bien des membres d'associations qui apporteront un contenu pédagogique à la salle.
Entre fiction, et surtout réalité
Les neuf jurés devront ensuite rendre leur verdict. "La dernière fois, les lycéens et lycéennes l'avaient reconnue coupable, mais avaient décidé de ne pas lui donner de peine... Cette partie de la pièce n'est pas écrite et dépend réellement des élèves. Je ne connais pas encore le verdict de ce jeudi", s'impatiente presque Gwenaëlle Guerlavais qui tiendra le rôle de Présidente de la cour d'assises.
L'expérience a été vraiment marquante pour les lycées la dernière fois, on espère revivre la même chose ce jeudi.
Gwenaëlle Guerlavais
Pour achever l'expérience, un débriefing aura lieu avec les autres élèves, qui ne pourront pas prendre la parole au cours de ce vrai faux procès. Les associations et les comédiens, composés en partie de professionnels (dont l'ancienne Bâtonnière de Montpellier Michèle Tisseyre) animeront la discussion. Ils et elles aborderont notamment la limite entre la réalité et la fiction au sein de ce procès. "L'expérience a été vraiment marquante pour les lycées la dernière fois, on espère revivre la même chose ce jeudi."