Le podcast "En toustes conScience" pointe du doigt les violences sexistes et sexuelles dans le milieu de la recherche scientifique

Diffusé en direct à 14 heures ce mercredi 8 novembre 2023, le podcast "En toustes conScience" proposé par l'Institut de Recherche pour le développement (IRD) et l'association Femmes & Sciences s'appuie sur des témoignages pour créer un dialogue autour des violences sexistes et sexuelles dans le milieu de la recherche scientifique.

"Il faut lire régulièrement des ouvrages de femmes scientifiques pour ces représentations finisse par rentrer dans l'éducation." Ce (trop) court extrait résume parfaitement l'intention du podcast "En toustes conScience", proposé par l'Institut de Recherche pour le développement (IRD), qui questionne les violences sexistes et sexuelles (VSS) faites aux femmes dans le milieu de la recherche scientifique.

Témoignages anonymes

Dans ce premier épisode d'une série de trois podcasts, les expertes May Morris et Françoise Mariotti abordent avec justesse les thèmes du consentement, des stratégies d'évitement et du sexisme bienveillant. Des notions centrales pour saisir la réalité que vivent au quotidien les femmes de sciences.

Pendant une heure ce mercredi 8 novembre 2023, les auditeurs et auditrices de Radio Campus Montpellier ont pu écouter le témoignage de chercheuses ayant dû faire face à des situations sexistes au cours de leur carrière. Des expériences anonymisées et compilées en trois capsules audio de deux minutes lues par des actrices, pour préserver l'intimité des femmes ayant eu le courage de se livrer.

Sous-représentation

En France, les femmes ne représentent que 30 % des chercheurs dans le domaine des sciences selon l'association Femmes & Sciences, qui œuvre pour promouvoir les femmes scientifiques.

"Il y a un réel manque de représentation des femmes dans les sciences dès le collège et le lycée."

May Morris

Un chiffre plutôt décevant, que May Morris, chercheuse au CNRS de Montpellier et représentante de l'association Femmes & Sciences en Occitanie-est, lie à un problème systémique : "il y a un réel manque de représentation des femmes dans les sciences dès le collège et le lycée menant au sous-effectif des chercheuses dans ces domaines par la suite." Des matières comme les mathématiques ou l'informatique notamment, continuent d'entretenir un stéréotype de genre, plutôt associé au masculin.

Postes à responsabilités : un autre combat

Qui plus est, May Morris indique que le manque de représentation ne s'arrête pas là. Dans des domaines où les femmes sont surreprésentées, comme la biochimie, rares sont celles qui accéderont à des postes à responsabilité : "les femmes sont peu présentes dans les sphères décisionnelles et accèdent plus difficilement aux promotions."

"En sciences, l'ère Me Too n'est clairement pas encore arrivée."

May Morris

Financements plus faibles, plus difficiles à trouver, invitations plus rares à des cérémonies et des évènements qui favorisent le réseau... "En sciences, l'ère Me Too n'est clairement pas encore arrivée", assène la chercheuse.

Multiplier les actions

Malgré tout, depuis quelques années des initiatives visant à sensibiliser aux VSS dans le milieu de la recherche fleurissent un peu partout, comme en témoigne la création de ce podcast.

La chercheuse Aurélie Knüfer, spécialiste des questions de genre dans le milieu universitaire, témoigne de cette prise de conscience : "les doctorants et les doctorantes actuel.les se sentent très touché.es par les questions d'égalité. Il y a une dynamique de la nouvelle génération de chercheurs et de chercheuses à être dans la représentation, à donner de la dignité aux questions de sexisme dans leurs recherches, en philosophie notamment, et dans leur quotidien."

"Il y a une dynamique de la nouvelle génération de chercheurs et de chercheuses à être dans la représentation."

Aurélie Knüfer

Cependant pour May Morris, "les choses ne progressent pas tellement" : "les femmes de sciences ont de plus en plus conscience du sexisme présent au sein de leur profession... Mais tant que l'institution elle-même ne sera pas prête à changer, les violences sexistes et sexuelles continueront d'opérer, malgré toute la bonne volonté des chercheuses."

Le premier épisode sera disponible dès ce jeudi 9 novembre 2023 sur le site web de Radio Campus Montpellier.

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