En difficulté financière l'abattoir de Quillan pourrait fermer ses portes si rien n'est fait. Une catastrophe pour les éleveurs audois et la vente en circuit court. Les collectivités et les pouvoirs publics veulent soutenir cet outil de developpement local. Ils se donnent un an pour adapter la structure et améliorer la commercialisation.
Le président du syndicat mixte propriétaire des bâtiments insiste. Pour Alfred Vismara l'abattoir de Quillan doit continuer à fonctionner. "Si l'on veut aider les éleveurs de l'Aude à développer les circuits courts et la vente directe, c'est la seule solution !"
Les bâtiments de l'abattoir de Quillan dans la haute vallée de l'Aude datent de 1989, mais l'activité a toujours existé ici. Cependant, l'outil semble aujourd'hui mal adapté à son environnement économique.
Pour Marie-Aude Pons l'une des deux cogérantes, l'abattoir doit désormais se tourner vers de la découpe en quartiers. Pour l'instant l'activité se limite au seul abattage des animaux, c'est insuffisant pour valoriser suffisamment les produits. "Il ne s'agit pas évidemment de concurrencer les ateliers de découpe des boucheries qui effectuent très bien leur travail, mais au moins de pouvoir livrer des demi-carcasses ou des grosses pièces pour permettre de mieux répondre aux demandes des bouchers". L'investissement nécessaire pourrait avoisiner le million d'euros selon Alfred Vismara avec la création d'un emploi supplémentaire. L'abattoir de Quillan compte aujourd'hui six salariés.
Un changement de structure impératif
Un autre axe de réflexion est en cours pour assurer la pérennité de l'abattoir. Le syndicat mixte émanation des communautés de communes du limouxin et des Pyrénées audoises est actuellement propriétaire des murs. Une EURL avec à sa tête, deux bénévoles conduisent la gestion de la société. Un fonctionnement complexe qui a démontré ses limites. Ce statut devrait évoluer vers une Société coopérative d'intérêt collectif. Cette modification pourrait permettre aux communautés de communes de rentrer au capital mais aussi les boucheries et les éleveurs. La solidité financière pourrait être confortée par la participation de la communauté de communes de Lezignan-Corbières et Carcassonne Agglo.
Tout le département doit être derrière ce petit abattoir, on nous demande des circuits courts, de manger local, il faut être cohérent !
Alexandre Granger, président association viande Pyrénées audoises
La demande ne manque pourtant pas. L'abattoir qui traite environ 400 tonnes de viande chaque année veut augmenter ses capacités. Il compte à ce jour 250 clients dont certains ont un besoin capital de la structure. Alexandre Granger préside l'association viande Pyrénées audoises qui regroupe 80 éleveurs presque tous pratiquent la vente directe.
"L’utilisation de l'abattoir fait partie de notre cahier des charges cela fait partie d'un projet de développement des circuits locaux, de production, de transformation et de consommation." Les éleveurs veulent croire que le dernier abattoir de l'Aude ne disparaîtra pas : "J'ai connu la fermeture de Castelnaudary, de Narbonne on ne peut pas nous réclamer de polluer moins et nous imposer d'expédier nos animaux sur la route vers des abattoirs plus lointains à Pamiers ou Puylaurens dans le Tarn".
L'élevage représente aujourd'hui plus de la moitié de la surface agricole dans le département de l'Aude. Le maintien de cette filière est un enjeu économique dans une région rurale mais il revêt aussi une dimension environnementale. Lorsque l'élevage recule, les prairies se ferment. Les milieux sont alors plus propices aux incendies. Les conséquences d'un effondrement de la filière viande pourraient être beaucoup plus onéreuses qu'un soutien financier ponctuel pour soutenir un outil dont chacun reconnaît l'utilité.