Alors que l'épidémie de Covid 19 fait son retour en cette fin d'automne, les patients rechignent à se faire vacciner. Dans l'Aude, des pharmaciens ferment des créneaux de vaccination. De leur côté les médecins tentent d'alerter les plus fragiles.
Se faire vacciner six mois après la dernière injection ou la dernière infection au Covid-19, c'est ce que préconisent les autorités de santé. En réalité, de nombreux Français n'ont visiblement pas l'intention de se plier aux recommandations, ont constaté les journalistes de France 3 Occitanie, en reportage dans le département de l'Aude. "Je ne l'ai pas fait parce que je ne me souviens plus qu'il fallait le faire et je ne trouve pas ça utile", témoigne une habitante de Carcassonne. Une autre est sur la même ligne : "je l'ai eu il y a environ un mois, j'ai été malade, c'était horrible, donc je n'ai pas besoin de vaccin". Une troisième personne enfonce le clou : "tant qu'il était obligatoire, je l'ai fait, puis après plus de rappels".
À une quinzaine de jours de Noël, l'épidémie de Covid est pourtant sur une pente ascendante en France, où progresse une nouvelle version très transmissible du virus, relançant les appels à la vigilance, sans alarmisme, avant les réunions de famille. Près de quatre ans après le début de la pandémie, "on n'a pas autant d'indicateurs qu'à d'autres périodes mais des faisceaux d'indications convergent : la circulation du virus est très intense", a déclaré à l'AFP Étienne Simon-Lorière, responsable du Centre national de référence (CNR) des virus des infections respiratoires à l'Institut Pasteur.
Quatre fois moins de vaccinations qu'en septembre
En médecine de ville comme à l'hôpital, l'activité liée au Covid a encore marqué une "légère augmentation", notamment pour les seniors, selon le dernier bulletin de Santé publique France, il y a une semaine. Rien qu'aux urgences, plus de 4.350 passages hebdomadaires pour suspicion de Covid ont alors été recensés, et plus de 1.820 hospitalisations ont suivi.
Dans une pharmacie du centre de Carcasonne, le constat est sans appel : on y vaccine environ cinq patients par semaine, soit quatre fois moins qu'en septembre. "Actuellement il y a moins de personnes qui viennent se faire vacciner, donc il nous reste des plages libres", témoigne Jennifer Dupey-Telese, Docteur en pharmacie. "Du coup, on a diminué nos plages de vaccination : au lieu d'en faire trois ou quatre par semaine, on n'en fait plus qu'une à deux et elles ne sont pas toutes remplies".
1/3 des patients positifs au Covid
Spray pour le nez et antidouleurs pour les courbatures, les patients privilégient l'automédication, quitte à faire l'impasse sur le dépistage. La recrudescence des malades est pourtant une réalité. Dans ce cabinet de médecine générale de Carcassonne, environ 1/3 des patients présentant des symptômes sont positifs au Covid-19. "Les cas que l'on voit actuellement ne sont pas trop sévères, néanmoins les personnes fragiles, diabétiques, hypertendues, insuffisantes cardiaques, ont tout intérêt à se faire vacciner", alerte le docteur Jean-Bernard Audier. "Les gens pensent aussi que parce qu'ils ont eu trois vaccins, qu'ils ont parfois fait un Covid, qu'ils sont lassés de la vaccination... Mais enfin, pour une certaine population, c'est quand même nécessaire".
Difficile de quantifier précisément la hausse des cas en raison du faible taux de dépistage. Reste à espérer que le Covid-19 ne vienne pas gâcher les fêtes.
Ecrit avec Tiffany Konate et AFP.