Auto-école et covid-19 : inquiétude sur la qualité des cours de code, uniquement à distance

Lors de ce deuxième confinement, les auto-écoles restent ouvertes, mais les cours de code en présentiel sont interdits. Avec exclusivement des cours en ligne, beaucoup de gérants d’écoles de conduites sont inquiets de la qualité d’enseignement du code de la route.
 

Lors du premier confinement, les auto-écoles ont subi une fermeture totale. Après une grogne des exploitants, les cours de conduite ont repris, mais depuis le 30 octobre dernier les cours de code ne s'effectuent qu'à distance. Il leur est interdit d’enseigner le code en présentiel.

La plupart des auto-écoles utilisent déjà depuis quelques années les cours de code virtuel, en ligne. Les éditeurs pédagogiques ont développé de nouveaux outils d'apprentissage avec, par exemple, un moniteur virtuel qui explique sous forme de vidéos les règles du code de la route. Les enseignants d’auto-écoles peuvent examiner l’évolution des élèves avec un suivi individuel intégré au logiciel.


Pour Gregory Sansoni, exploitant d’une auto-école à Marseillan, « enseigner le code de la route sur place, à l'auto-école permet d'échanger, de poser des questions, d’expliquer à nouveau si ça pas été compris. Le suivi est quand même mieux quand ils viennent dans les locaux. » 

90 % des élèves préfèrent le code en présentiel, à l'auto-école.

Gregory Sansoni - dirigeant de l'auto-école Marseillan (34)

Avant la Covid-19, dans son établissement, les sessions des cours de code s'effectuaient pendant presque une heure. Les séances, avec le logiciel que les élèves utilisent dans cette auto-école, durent entre 15 et 20 Minutes. “Le problème est qu'ils assimilent la règle, mais ne la retiennent pas forcément", précise l’enseignant. "Une fois que l'ordinateur leur dit que c'est acquis, ils le prennent pour acquis. En réalité, il faut souvent revenir sur des notions du code pendant les cours de conduite. Chez certains cela rallonge de cinq à six heures la pratique au volant".

Incompréhension

Eric Colrat, propriétaire d’une auto-école à Millau, dans l’Aveyron, utilise déjà ces applications en lignes, mais il dispensait, en parallèle, des séances avec un formateur tous les jours.


Pour lui, une incompréhension persiste. « On a le droit de recevoir, en salle, du public en stage de récupération de points, d'effectuer des formations pour la théorie du BSR (permis scooter) dans les locaux et on ne peut pas effectuer les cours de code. » D'autant plus qu'il a mis tout en place pour respecter les gestes barrières et les protocoles de distanciation.

Le forfait code que l'on vendait 180 € avant, on l'a réduit à 30 € avec seulement l'accès Internet. Ca fait un manque à gagner pour nous.

Eric Colrat - propriétaire d'auto-école à Millau (12)

Bastien Valet, propriétaire d'une auto-école à Lunel, explique que la plupart de ces élèves ont du mal à se concentrer sur l'apprentissage du code chez eux.Il demande la possibilité de leur ouvrir sa salle de cours de code : « En une heure, je fais une ou deux séries de questions avec mes élèves. On débat, j'explique avec des schémas, avec des panneaux. On élargit à d'autres questions. Chez eux, mes élèves font parfois 4 à 5 séries en une heure ». 

Le plus difficile : la motivation

Ilyass Naït-Benali, 18 ans, a passé son code pendant le confinement, il a terminé de le préparer à distance. En cours de conduite avec Bastien, aujourd’hui, il se rend bien compte qu’il a quelques lacunes. « C’est mieux avec le moniteur, je comprends mieux ce qu’il faut faire. » Pour certains élèves, le plus difficile reste la motivation. «Avant, j'y allais tous les jours, ça m'obligeait à faire du code. Maintenant, c'est plus difficile pour s'y mettre et se concentrer sur l’ordinateur”, précise Robin Chmura, 18 ans, inscrit dans une auto-école depuis un an.

Jean-Louis Bouscaren est vice-président de l’UNIDEC, l’union nationale intersyndicale des enseignants de la conduite, un des syndicats de la profession. Pour lui, les cours de code à distance sont des moyens modernes pour faire du code à la maison. "Mais, ça reste un complément, et certainement pas un substitut. Ca ne peut pas remplacer les cours physiques avec un moniteur. Si ça continu, il va leur falloir passer 10 à 15 heures de conduite de plus pour combler toutes les lacunes en code qu’ils n’ont pas.”

Il affiche même une grande inquiétude, “la conséquence, à terme, serait de baisser le niveau de sécurité routière auquel chacun est en droit de prétendre”.

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