En raison d'une rétinite pigmentaire, Florie est aveugle. Dimanche à Toulouse, trois chauffeurs Uber ont refusé successivement de prendre la jeune femme pour une course en raison de son chien guide. Une pratique pourtant interdite et pouvant entraîner le paiement d'une amende de 450 euros.
Florie se décrit, elle même, comme assez "conciliante" mais cette fois-ci la Montpelliéraine en a assez et a décidé de ne pas laisser cette affaire sans suite. Dimanche dernier, à Toulouse, la jeune femme de 34 ans, atteinte d'une rétinite pigmentaire, la rendant quasiment aveugle, a raté son train et a perdu trois heures de son temps.
En cause, trois chauffeurs Uber. Tous ont refusé, successivement, de la conduire à la gare en raison de la présence de son chien guide. Une histoire que la blogueuse a partagé sur les réseaux sociaux.
"La loi ? Il n'y a pas de loi!"
"Je suis allée à Toulouse durant le week-end afin de rendre visite à mon frère que je vois peu souvent, explique Florie. Au moment de repartir chez moi à Montpellier, nous avons décidé de réserver un Uber pour aller prendre mon train car le dimanche il y a très peu de bus."Et c'est là que l'histoire dérape. "Le premier chauffeur arrive et la première chose qu'il me dit c'est : "vous voulez monter avec le chien ?" Je lui explique que c'est un chien guide. Il refuse de le prendre. Je lui rétorque que la loi l'oblige et là il me répond avant :"La loi ? Il n'y a pas de loi !""
Florie sollicite un deuxième chauffeur Uber. Même scénario. Nouveau refus d'embarquer le chien. Cette fois-ci le conducteur n'a même pas la patience de discuter. Il part directement. Troisième réservation. Rebelote. Pas question de prendre le compagnon de la jeune femme en situation de handicap.
Finalement, elle ratera son train et devra attendre plus de deux heures avant de monter dans une nouvelle rame et arriver à Montpellier vers 23H30.
Impossible de refuser un chien guide
"Mon chien est très bien dressé assure Florie. Je comprends que cela puisse gêner mais il ne mettra jamais sa truffe sur les sièges. De toute façon c'est la loi. On ne peut pas refuser un chien guide dans un véhicule."Une attitude d'autant plus difficile à accepter pour Florie qu'elle choisissait sciemment depuis plusieurs mois de prendre des Uber à la place des taxis : "Je me passe désormais des taxis car j'ai eu des problèmes avec eux, notamment des arnaques au compteur. Un taxi s'est par exemple arrêté juste devant moi, à l'endroit où je l'attendais, sans me prévenir afin de faire tourner le compteur. J'ai une amie aveugle à qui un chauffeur de taxi a rajouté un zéro sur son lecteur de carte bleue afin de lui faire payer sa course 500 euros au lieu des 50 attendus !"
Uber avec son règlement lui inspirait d'avantage confiance. Ce nouvel épisode semble lui avoir fait changer d'avis "Uber, cela fait des dizaines de fois que nous, maîtres de chiens d'assistance, vous alertons au sujet de ces abus, interpelle la blogueuse. Accepter nos animaux, c'est dans votre règlement, c'est aussi dans la loi. C'est un véritable ras-le-bol que j'exprime aujourd'hui, et pas seulement en mon nom. Il est temps que vous rappeliez les règles à vos chauffeurs, il est temps que vous leur expliquiez que prendre nos compagnons à quatre pattes qui nous sont si utiles, ça fait partie de leur métier et que si ça ne leur convient pas, la seule chose qu'ils peuvent faire c'est changer de métier."
Jusqu'à 450 euros d'amende
La législation en la matière est claire : les personnes déficientes visuelles accompagnées d’un chien guide peuvent pénétrer dans les lieux ouverts au public (cinémas, hôtels, maisons d’hôtes, salles de spectacle, salles de sport, etc.) ainsi que dans les transports (trains, taxis, bus, etc.) sans que cela n’induise une surfacturation. Toute infraction à la réglementation peut entraîner une amende de 450 euros au contrevenant."Il y a un gros problème de connaissance des personnes en situation de handicap, estime Florie. Le problème est que les gens dès qu'ils sont en face d'une personne avec un handicap ignorent que ce sont des personnes à part entière. Il y a un manque de connaissance important sur ces questions dans notre société. Je déteste rappeler à chaque fois quelle est la loi alors que tout cela ne devrait pas poser de soucis."
La Montpelliéraine assure avoir signalé à Uber les trois refus "cela n'a pas bougé d'un poil" assure-t-elle.
Mardi soir dans un communiqué adressé à la rédaction de France 3 Occitanie Uber "s'assure navré" de cet épisode.
L'entreprise américaine a adressé un message à l'ensemble de ses chauffeurs afin de leur rappeler la législation concernant le refus des chiens guides pour une course et des risques de "suspension des comptes chauffeurs" Uber encourrus. Uber ne précise pas si les trois conducteurs toulousains concernés ont été sanctionnés.