Agnès Pannier-Runarcher était ce lundi 29 novembre l'invitée de Clémence Fulleda sur France Bleu Occitanie pour évoquer le dossier du sous-traitant automobile aveyronnais SAM en cessation d'activité. En jeu : le sort des 350 salariés
La ministre déléguée à l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher a répondu aux questions de la matinale de France Bleu Occitanie ce lundi 29 novembre. L'occasion de faire le point sur le sous-traitant aveyronnais SAM (Viviez), dont le tribunal de commerce a prononcé la liquidation vendredi 26 novembre.
Clémence Fulleda (France Bleu Occitanie) Votre ministre de tutelle, Bruno Le Maire, a reconnu ce week-end à notre micro un échec dans le dossier de la salle. A qui la faute?
Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée à l’Industrie : Cette décision du tribunal, c'est un choc pour tous, les salariés, les élus du territoire. Je pense notamment à Carole Delga (PS) et Arnaud Viala (LR), qui se sont battus l'un pour la Région, l'autre pour le Département, à nos côtés pour trouver une solution. Et ça fait deux ans que nous travaillons d'arrache-pied pour trouver ce repreneur qui aurait permis de sauver la SAM.
Est-ce que vous ne l'avez pas abandonné ce repreneur potentiel qui avait pourtant l'appui de la Région, mais aussi de l'État?
En l'occurrence, il y a eu d'autres repreneurs qui avaient remis une solution ferme. On a aussi un changement assez drastique des conditions de marché. Vous savez que la voiture électrique est en train de prendre une place de plus en plus importante dans les achats des consommateurs. Pour fabriquer un moteur électrique, c'est dix fois moins d'heures de travail et tout cela a malheureusement des conséquences. Et trouver un repreneur aujourd'hui, ça devient beaucoup plus difficile et nous n'y sommes pas parvenus. Donc aujourd'hui, il faut se projeter dans le futur. Il faut trouver des solutions pour les salariés.
Justement, vous avez promis des aides pour les salariés de la SAM : 15.000 euros pour la formation ou la création d'entreprise, 5.000 pour les mobilités au sein du groupe. Est-ce que cela sera vraiment suffisant ?
Alors, je crois d'abord qu'il faut que Renault prenne toutes ses responsabilités. Ils ont une responsabilité en termes d'accompagnement financier, ils ont une responsabilité en termes d'accompagnement professionnel. Le président de Renault a indiqué qu'il assumerait toutes ses responsabilités et qu'il chercherait notamment des solutions d'intégration, de propositions d'emploi dans le groupe, des solutions d'accompagnement. Et à cela, au niveau de l'État, nous allons utiliser le fonds que nous avons mis sur pied en mai dernier, qui est le fond "fonderie" doté de 50 millions d'euros, qui s'ajoute à tous les dispositifs existants d'accompagnement des salariés.
Vous dites que Renault doit accompagner chaque salarié. Ça veut dire que vous demandez ce matin à Renault de prendre des engagements ou sinon quoi ?
Je demande à Renault, effectivement, de prendre des engagements sur la manière dont les salariés seront accompagnés. Je veux dire aussi aux salariés que leur savoir-faire et la qualité de leur travail n'est pas en cause. Et c'est pour cela que, d'une certaine manière, je suis confiante dans leur reclassement parce qu'ils ont des compétences qui sont aujourd'hui recherchées. On sait que partout en France, on recherche des compétences dans l'industrie. Et notre travail, c'est maintenant de mettre en face ces propositions d'emplois en face de chaque salarié et de faire en sorte qu'ils puissent rebondir le plus rapidement. "C'est à Decazeville, dans le département de l'Aveyron, que nous devons mettre le paquet."
Carole Delga, la présidente de la Région Occitanie, dit avoir parlé à Guillaume Faury, le PDG d'Airbus, en lui demandant d'être solidaire. Est-ce que vous vous demandez à Guillaume Faury d'embaucher, par exemple, les salariés de la SAM ?
Je crois que c'est aussi aux salariés de faire leur choix. Guillaume Faury a des sites à Toulouse. Peut-être que certains salariés voudront aller jusque-là, mais peut-être pas. Et notre enjeu, c'est aussi d'accompagner le territoire. C'est à Decazeville que nous devons mettre le paquet, c'est dans le département de l'Aveyron. C'est ce que nous avons fait en lançant un dispositif choc industriel où nous sommes en train d'appeler chaque entreprise industrielle du territoire pour voir comment on peut accélérer leurs projets de manière à ce qu'ils puissent plus rapidement se développer et plus rapidement ouvrir des postes qui pourront notamment bénéficier aux salariés de la SAM. À lire aussi Après la fermeture de la SAM, Carole Delga "veut préparer l'avenir" avec les salariés
Nous confirmez-vous qu'Emmanuel Macron reçoit Renault aujourd'hui pour annoncer de nouvelles aides publiques, notamment sur l'électrique ? Nous ne sommes pas encore dans une annonce, nous sommes dans une discussion, nous travaillons sur un plan automobile qui est plus large. Je rappelle que c'est une filière qui traverse une transformation massive. Notre enjeu, c'est d'accompagner les sous-traitants, qu'ils puissent se transformer. Nous avons déjà accompagné 24 fonderies en France pour leur permettre de se moderniser et de se diversifier. C'est les 400.000 emplois de cette filière que nous accompagnons aujourd'hui et c'est pour ça que nous parlons à Renault, comme nous parlons à Stellantis, comme nous parlons à Toyota parce que ce sont eux qui fabriquent.
On a l'impression que, malgré le fait que l'État soit actionnaire à 15% de Renault, malgré ce prêt garanti de 5 milliards, vous n'avez rien en retour. C'est cela la colère des salariés de la SAM.
J'entends cette colère. C'est un prêt bancaire qui est garanti par l'État. Ce n'est pas l'État qui donne 5 milliards d'euros comme on l'entend parfois. Nous n'avons sorti aucun euro de notre poche pour Renault sur ce prêt. Simplement, la situation de Renault à l'époque risquait de faire effondrer l'ensemble de la filière. Notre responsabilité, c'est de faire en sorte que chaque entreprise de la filière automobile. chaque emploi de cette filière, puisse être pris en compte et qu'on les accompagne dans cette transformation que chacun appelle de ses vœux.