La sentence est tombée, le tribunal de commerce de Toulouse a acté la liquidation judiciaire et la cessation d'activité immédiate de la Société aveyronnaise de métallurgie (SAM) de Viviez. Chez les ouvriers de la SAM se mêlent colère, amertume et tristesse.
"On est dégoûté", lâche cet homme, visiblement très ému. Le ciel lui tombe une nouvelle fois sur la tête. Le tribunal de commerce de Toulouse a prononcé ce vendredi 26 novembre la liquidation judiciaire et la cessation d'activité immédiate de l'équipementier automobile de la Société aveyronnaise de métallurgie près de Decazeville, dans l'Aveyron.
Après le refus de Renault trois jours avant de soutenir le seul projet de reprise présenté pour assurer la survie de la fonderie, c'est une énième douche froide pour tous les ouvriers du site. "Je suis écœuré [...], on pensait avoir notre délai peut-être", surenchérit un collègue à proximité.
340 salariés concernés
Le tribunal administratif de Toulouse devait trancher entre la prolongation de l'activité de la fonderie, ou la liquidation. Le jugement rendu motive ce choix ainsi : "Ayant pris acte de la position de Renault", le tribunal "met fin (...) à la poursuite d'activité autorisée jusqu'au 10 décembre 2021, dans le cadre de la liquidation judiciaire".
"C'est lamentable. On ne peut pas accepter ça" assène une employée de la fonderie. "Ca va être très très dur pour le bassin, pour nous, pour les familles... L'avenir devient très gris".
Le site emploie près de 340 salariés, qui risquent désormais de se retrouver au chômage. "Moi j'arrive à la fin, mais je pense à tous mes collègues qui vont avoir de la difficulté à retrouver un travail", déplore l'un d'entre eux. Sa femme travaille elle aussi à la SAM, il lui restait cinq ans avant de pouvoir partir à la retraite.
De l'aluminium versé sur des pièces destinées à Renault
Malgré la décision de justice, les ouvriers de la SAM entendent bien se battre pour conserver leur emploi. Pour manifester leur mécontentement, ils ont décidé de bloquer la route d'accès à l'usine avec des pièces destinées à Renault.
Dessus, ils ont coulé de l'aluminium fondu pour rendre les pièces inutilisables, et envoyer un massage fort à leur unique client : ils ne se laisseront pas faire sans agir.
"Une décision brutale" selon Carole Delga
Dans un communiqué de presse, la présidente de région, Carole Delga, dénonce la décision prise par Renault de ne pas soutenir la SAM et demande des engagements au Président de la République.
Après cette nouvelle décision brutale, mon premier message est destiné aux 333 salariés et à leur famille. Ils se sont battus sans relâche et avec dignité pour sauver leur usine. Je partage leur indignation.
Carole Delga, présidente de la région Occitanie
Elle ajoute à l'attention des salariés : "Je tiens à leur dire, ainsi qu'à l'ensemble des habitants du territoire, que ma détermination reste intacte", avant d'ajouter 'l'Etat doit réagir ! "
Elle sera toute la matinée du lundi 29 novembre à la SAM à Viviez pour rencontrer les salariés, leurs représentants du personnel et les élus locaux et tiendra, à l'issue de ces entrevues, une conférence de presse à 13h.
Le maire de Decazeville, François Marty, lui aussi est abattu. Face à cette nouvelle, difficile de trouver les mots. "C'est une honte, c'est une catastrophe", lâche-t-il, choqué par la décision de justice rendue par le tribunal de commerce. Hier soir, près de 3.000 personnes se sont rassemblées pour soutenir les ouvriers de la fonderie. En vain.