L'usine Renault Trucks de Blainville-sur-Orne (Calvados) développe des batteries électriques pour les camions. Elle vient de recevoir une dotation de l'État pour élargir sa gamme de production et ainsi recruter des salariés en reconversion dans le secteur de l'automobile.
Elle est la première usine européenne à fabriquer des camions électriques. Et quatre ans après l'inauguration de la ligne de production à Blainville-sur-Orne, à côté de Caen, le site Renault Trucks voudrait conserver son avance sur ses concurrents grâce à son nouveau projet baptisé Elec’Trucks.
3 600 camions électriques au compteur
L'objectif de la manœuvre ? Accélérer l’électrification des gammes de distribution des camions de moyen tonnage en élargissant l’offre et en augmentant la capacité annuelle de production. Plus de 3 600 camions électriques ont été conçus sur ce site depuis mars 2020, en parallèle de la fabrication de moteurs thermiques ou hydrogènes.
"Ce n’est pas toujours celui qui démarre premier qui finit leader du secteur. Nous sommes constamment dans cette course où il faut trouver les bons compromis sans trop engager d'argent pour pouvoir revenir en arrière", explique Pierre Jenny, directeur de l'usine Renault Trucks, à Blainville.
Sur place, 80 ingénieurs et techniciens travaillent à l'élaboration de nouvelles batteries moins onéreuses. Dans quelques mois, les véhicules pourraient être dotés de batterie lithium-fer-phosphate (LFP), en remplacement de celles contenant des métaux rares comme le nickel ou le cobalt. Un enjeu crucial pour réduire les prix à la vente.
Des reconversions à la clé
Effectivement, ces camions nouvelle génération coûtent deux à trois fois plus chers qu'un véhicule diesel, en fonction de la capacité de la batterie choisie. Une offre "sur-mesure" pour chaque client : "il est important que les chauffeurs achètent la bonne capacité électrique de manière à ne pas surdépenser", ajoute le directeur de l'usine.
Outre l'avantage économique, l'électrique assure une conduite sans bruit et sans vibration. La cabine du conducteur reste la même que dans un camion diesel, à la différence que le tableau de bord indique l'autonomie restante du véhicule.
Sur le site, lundi 18 novembre, le préfet du Calvados est venu observer les premiers développements de la chaîne de production. Au total, Renault Trucks a perçu 6 millions d'euros de la part de l'État pour accomplir son projet. "En aidant les leaders du secteur automobile, on offre aussi des opportunités de reconversion aux salariés de l'automobile sur un même bassin d'emploi en pleine transformation", souligne Stéphane Bredin, préfet du Calvados.
En effet, les sous-traitants automobiles souffrent en Normandie. En janvier 2024, 160 personnes ont perdu leur emploi dans la fermeture de l'usine Marelli, spécialisée dans la fabrication de boîtiers papillon pour les moteurs. Même sort pour les 77 salariés de l'usine Akwel, relocalisée en Slovaquie. Faute de repreneur, l'usine Bosch de Mondeville fermera aussi en 2026, laissant 500 salariés derrière elle.