Aveyron : les éleveurs attendent des mesures pour faire face aux attaques de vautours

Valérie Michel-Moreaux, préfète de l’Aveyron a rencontré mercredi, à Rodez, des représentants de la FDSEA, principal syndicat agricole pour faire le point sur le nombre d’animaux qui auraient été tués par des vautours et répondre aux nombreuses questions des éleveurs.

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C’est un sujet épineux dans le département et partout en France. En Aveyron, de nombreux agriculteurs dénoncent des « attaques » volontaires de vautours sur leur bétail.
C’est le cas de Samuel Maymard, éleveur de vaches laitières à Vézins-de-Lévézou. En mai dernier, sa voisine Claire Vieilledent, a perdu sa jument : « elle a été attaquée volontairement par des vautours. C’était une jument de plus de 100 kg, elle était en bonne forme », confie-t-il. Agriculteur depuis plus de 25 ans, Samuel Maymard, a été marqué par cette histoire : « j’ai peur que mes vaches se fassent attaquer. Cela peut arriver à n’importe qui ». 

"Il faut arrêter d’employer le terme d’attaques"

Des attaques que Bruno Veillet, responsable de la Ligue de Protection des Oiseaux des Grands Causses dément. Pour lui, les vautours ne peuvent pas s'en prendre à des animaux en bonne santé : « il faut arrêter d’employer le terme d’attaques. Le vautour est un animal qui se nourrit exclusivement de bêtes mortes ou sur le point de mourir. Nous n’avons jamais eu de preuves réelles d’une attaque d'un charognard. Cela peut arriver par exemple dans le cas d’un vêlage qui tourne mal mais c’est très rare. »

Dans une tribune, Thierry Lesay, éleveur à Millau n'a lui aussi jamais constaté la moindre attaque dans l'Aveyron : « En vingt-cinq ans, nous n'avons jamais subi d'attaque, ni même de tentative sur une ou plusieurs brebis. Pourtant celles-ci passent beaucoup de temps dehors, surtout en été et à l'automne. Il arrive parfois qu'une brebis, âgée ou malade, s'égare et qu'on ne la retrouve que le lendemain ou le surlendemain, toujours vivante et sans blessure ! ».

Mais, pour la FDSEA de l'Aveyron, les vautours sont bien responsables de la mort de certains animaux. Selon le syndicat, 16 « attaques » sur animaux vivants auraient été recensées en 2019. Depuis le début de l’année, elles seraient au nombre de 26 dans le département. « On fait face à une multiplication du nombre d’attaques dans le secteur », indique Romain Déléris, président des Jeunes Agriculteurs aveyronnais.

Pour faire face à cette situation, mercredi matin, une réunion entre la préfecture et les représentants syndicaux s’est tenue à Rodez pour répondre aux nombreuses questions des éleveurs : « il faut que les pouvoirs publics prennent en compte les traumatismes humains. Aujourd’hui, les agriculteurs ne sont pas soutenus. », précise Romain Déléris. L’Aveyronnais attend ainsi de le part du département et de l’Etat des mesures concrètes : « Les éleveurs ne sont pas indemnisés quand ils subissent une attaque et une perte de leur bétail. Ce n’est pas acceptable. Il faut que les choses changent. Nous sommes déterminés, on ne lâchera rien, tant que nous n’aurons pas trouvé une situation équilibrée. »

Pour essayer d'aider les éleveurs victimes d'un dommage sur leur troupeau, la préfète de l’Aveyron et la Direction Départementale des Territoires ont créé un numéro unique, le 05 65 73 50 89. 

Une réintroduction décriée par les éleveurs

Pour certains éleveurs de l'Aveyron, c'est la réintroduction des vautours fauves dans les années 1980 qui a engendré les premiers problèmes. Leur nombre s'est, en effet, accru de manière vertigineuse. En moins de 10 ans, leur population a augmenté de plus 51% dans les Pyrénées. Selon la LPO, il y aurait dans le territoire des Grands Causses, 800 couples de rapaces.

Pour Samuel Maymard, agriculteur et membre de la FNSEA, ce chiffre serait bien en dessous de la réalité : « je pense qu’ils sont au moins 3500 ».

J’étais au départ émerveillé par les vautours, mais aujourd'hui ils font n'importe quoi.

Samuel Maymard, éleveur de vaches laitières en Aveyron.

L’autre problème soulevé régulièrement par les éleveurs est le manque supposé de nourriture des vautours : « ils ont faim et donc s’attaquent au bétail. » Une information que dément la LPO des Grand Causses : « les vautours se portent très bien. Ils n’ont aucun problème à trouver de quoi manger. »

Dialogue difficile entre les éleveurs et les associations de protection animale

Depuis de nombreuses années, le dialogue entre les éleveurs et les associations de défense des oiseaux semble rompu. Comment le rétablir ? Pour Samuel Maymard, agriculteur en Aveyron, il faut réguler l’espèce : « les vautours font aujourd’hui n’importe quoi. Si les anciens avaient déjà régulé leur population, ce n’était pas pour rien. » Bruno Veillet, responsable de la LPO est lui contre la régulation : « Tous les jours, nous avons des menaces de certains agriculteurs qui veulent tuer des vautours. »
Pour rappel, tuer une espèce protégée est passible de 3 ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende.

Selon le responsable de l’association de protection animale, le dialogue peut aussi être rétabli en formant plus efficacement les agriculteurs : « les éleveurs ne connaissent pas ces rapaces. Quand ils voient une curée (afflux de vautours autour d'une carcasse), ils sont choqués. Ce qu’il faut, c’est les informer sur les curées pour qu’ils ne soient plus dans l’émotion. » 

Il y a aujourd’hui une majorité d’agriculteurs qui sont contre ces rapaces, parce qu’ils ne les connaissent pas. A cause de ce "vautourbashing", les autres éleveurs, pro vautours, ont peur de s’exprimer. 

Bruno Veillet, responsable LPO Grands Causses.

Le 30 juin prochain, plusieurs associations pro et anti vautours ainsi que les préfets de 8 départements d'Occitanie se réuniront à nouveau à Rodez, pour essayer de trouver d’autres solutions. « On espère avoir des réponses positives. Il faut que les choses avancent très vite », clame Romain Déléris, président des Jeunes Agriculteurs de l'Aveyron. 

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