Ce 22 mai 2022 a lieu la traditionnelle fête de la transhumance en Aveyron. Direction le plateau de l'Aubrac pour bon nombre de troupeaux. Sauf que la pluie manque.
Ce dimanche 22 mai 2022, c'est la grande fête de la transhumance en Aveyron. Les troupeaux s'apprêtent à rejoindre vont rejoindre le plateau de l'Aubrac pour 4 à 5 mois. Sauf que la météo n'a pas vraiment été du côté des éleveurs ces dernières semaines. Manque d'eau, manque d'herbe... L'inquiétude est de mise à l'heure de l'estive.
Prière pour la pluie
Les fermiers s'y donnent rendez-vous depuis des lustres : le plateau de l'Aubrac où pousse "une herbe de qualité", où il "y a de l'eau plutôt en abondance en temps normal". Et autour de ces fermes, les terres à faire des foins, des stocks pour l'hiver. Mais en ce mois de mai 2022, la sécheresse guette. Provoque l'inquiétude avant la transhumance.
Serge Niel est éleveur de bovins à Aulos, sur la commune de Saint-Chély-d'Aubrac au sud de l'Aveyron. Dimanche, comme chaque année, il va emmener une cinquantaine de ses vaches sur le plateau de l’Aubrac pour qu’elles pâturent tout l’été. Mais cette année, les pluies se font rares.
En ce qui concerne la végétation, "à cette altitude de 1200-1300 mètres, il n'y a rien d'inquiétant. On a de l'herbe à peu près comme les autres années, estime l'éleveur à quelques jours du départ. Mais par contre, ça se joue à une semaine près. Je dois avouer que c’est préoccupant parce qu'on manque beaucoup d’eau. Les sources sont déjà très basses."
S'il ne pleut pas la semaine prochaine quand le troupeau va monter, alors là on parlera de catastrophe naturelle parce qu'on a réellement besoin d'eau.
Serge Niel, éleveur de bovins
L'herbe pourrait venir à manquer pour les vaches. "L'année dernière, à la même saison on n'en avait pas beaucoup plus. Mais la pluie est arrivée très vite et on a eu un été quand même pluvieux. Il faut souhaiter avoir la même." Le changement climatique, les éleveurs doivent faire avec.
Mais cela n'empêche pas l'inquiétude, les interrogations avant de monter les troupeaux sur le plateau. "La différence, c'est que l'année dernière on avait une réserve d'eau plus importante tandis que là, on est vraiment déjà sur une période de déficit", nous confie Serge Niel.
"Si on doit faire monter du foin au mois de juin, ce sera une catastrophe."
Ce qui inquiète particulièrement les éleveurs, c'est le manque d'eau. "On voit bien les sources, ça ne coule pas", nous dit Serge Niel. Un manque d'eau ? Cela signifie des difficultés pour abreuver les animaux. Cela veut dire également que l'herbe peut se faire plus rare, et donc jouer sur les stocks de foin.
S'il ne pleut pas, c'est de la végétation que l'on aura pas pour faire manger les bêtes. C'est le drame, si on doit faire monter du foin au mois de juin. C'est une catastrophe, ni plus ni moins.
Serge Niel, éleveur de bovins
Sur le plateau de l'Aubrac, sur les fermes alentours du plateau, il n'y a qu'une récolte pour les foins. Impensable de la manquer au mois de juin ou d'envisager de nouvelles coupes en août ou septembre.
Manque d'eau dès le mois de mai
Thierry Agrinier est éleveur de chèvres à Pradeilles, sur le territoire de Roquefort-sur-Soulzon. Selon lui, le déficit d'eau est avéré. Et il redoute de vivre la canicule de 2003. "En général, en janvier février mars avril, on prend en gros 400 mm d'eau, et là on doit être à 100-110 mm maximum", nous dit-il. Les premiers champs ont été fauchés. "On manque de 30 à 40% d'herbe. Ça n'a pas poussé… Ça ne bouge plus."
Dans le champ d’à côté, la luzerne semée il y a une dizaine de jours ne sort toujours pas de terre. "À partir de fin juin-juillet, on sait que c’est l’été il n’y a pas de souci, mais avoir une sécheresse au mois de mai, c’est très gênant."
Si la sécheresse s’installe plus durablement et que l’herbe venait à manquer, les éleveurs craignent de devoir nourrir leurs troupeaux avec les stocks de foin et les réserves de l’hiver. Si les prévisions météo se confirment, la pluie devrait être au rendez-vous en début de semaine prochaine. Et la pluie devrait faire son retour sur l'Aubrac.