Retour du froid et des températures négatives rime avec montée de stress pour les arboriculteurs. La nuit de ce jeudi 18 au 19 avril 2024 a été courte, pour ne pas dire blanche, pour certains producteurs de fruits dans l'Aveyron. Il a fallu allumer des feux pour protéger les arbres.
Nuit blanche dans les vergers. Alexandre Bouviala, arboriculteur à Vallée du Tarn dans l'Aveyron est debout depuis 3h du matin. Les températures négatives ont eu raison de son sommeil. Il a dû allumer des feux au pied de ses arbres fruitiers pour les protéger du gel.
"Ça a sonné à trois heures, et on a allumé suivant les endroits entre deux et cinq heures. On a des alarmes dans les champs ou aux maisons. On est tombé à -1.5°C", nous dit-il.
L'arboriculteur a allumé des feux sur 20% de ses 10 hectares de verger afin de protéger "de la pêche et de l'abricot qui sont plus sensibles et qui sont beaucoup plus en avance. Le gel peut leur faire du mal beaucoup plus vite." À la lueur de sa lampe frontale, Alexandre Bouviala examine les fruits naissants. A priori, pas de cristaux de glace à l'intérieur. Mais la veille est loin d'être terminée.
"On surveille depuis 3h, ce serait con de se faire avoir à 7h du matin"
Le jour se lève, et il faut rallumer le dispositif placé au pied des arbres. "La température vient de redescendre un petit peu, alors pour ne pas prendre de risques. On les surveille depuis 3h, ce serait con de se faire avoir à 7h du matin", nous explique Alexandre Bouviala. Il faut rester en alerte jusqu'à ce que le soleil arrive.
"Entre 5h30 et 6h30, c'est là que les températures sont les plus froides. Dès que le soleil commence à sortir, il pousse l'air froid dans les vallées et c'est là qu'on a le plus de fraîcheur." L'arboriculteur ne compte pas baisser la garde, surtout que la météo ne semble pas vouloir jouer en sa faveur les nuits prochaines.
"Ça commence à être récurrent ces dernières années"
Les alarmes qui sonnent la nuit avec des températures qui deviennent négatives, l'arboriculteur y a droit quasiment tous les ans depuis quelque temps. "L'an dernier, je crois qu'on a allumé deux fois. Par contre, on a pris -3.5° ou -4° à chaque fois. Et y a trois ou quatre ans de cela, on a allumé cinq ou six fois, c'est complètement aléatoire", raconte-t-il.
Pour l'heure, Alexandre s'en sort plutôt bien alors que ses abricotiers sont en fleur depuis le 10 février. "Le gel a été gentil" jusque-là.
"20.000 euros la nuit pour chauffer à la bougie"
Alexandre fait la tournée des restaurants alentour pour se procurer de l'huile de friteuse, ce qui lui permet d'allumer des feux sous ses arbres fruitiers. Résultat : cela ne lui coûte rien. Une économie loin d'être négligeable. Ludovic Bouviala peut en témoigner.
Le viticulteur qui a aussi 10 hectares de mirabelle n'a pas allumé de bougies la nuit passée. Il a d'abord fait ses calculs. "La bougie, c'est 4000 euros à l'hectare, donc 40.000 pour 10 hectares. Et vu le temps de chauffe, cela ferait 20.000 euros la nuit."
Alors Ludovic, lui, croise les doigts pour que les températures ne descendent pas en dessous de -1.5°C. "C'est la limite, au-delà, on grille tout. On va rester sur le stress jusqu'aux saints de glace."
(Propos recueillis par Marie Le Bobinnec et Mathilde De Flamesnil)