A la tête de MH Industries, le groupe lotois qui devait initialement reprendre la fonderie SAM, Matthieu Hède a détaillé, dans une conférence de presse, les raisons qui ont conduit à l’abandon du projet. Ce dernier n'était pas économiquement viable sans l’appui de leur client historique, Renault.
Depuis novembre 2021, date de la mise en liquidation judiciaire de l’entreprise située près de Rodez en Aveyron, 200 salariés (sur les 365 initialement en poste à la SAM) s’étaient battus, occupant le site nuit et jour jusqu’au 25 avril dernier.
Leur lueur d’espoir : la proposition de reprise de Matthieu Hède, un projet qui semblait démarrer sous de bons auspices, soutenu, en outre, par la région Occitanie. Mais voilà, l'industriel du Lot a été contraint de jeter l'éponge. Cette annonce d’abandon est un coup dur. La moitié des salariés n’est en effet pas parvenue à retrouver un emploi.
Renault indispensable pour l’amorçage de la reprise
"On partait sur deux scénarios", a expliqué Matthieu Hède, qui n’a pas caché sa déception, lors d’une conférence de presse ce mercredi 20 juillet. "Soit nous arrivions à amorcer le projet avec Renault, soit non. On a vite réalisé qu’il serait impossible de mener ce projet sans le soutien de Renault dans son amorçage."
Les actifs de l’ex-fonderie SAM sont en effet insuffisants pour lancer un nouveau projet solide sans l’appui du géant automobile pendant les premières années de la reprise. Il aurait fallu "six à douze mois pour la fabrication du moule" permettant la reprise des activités sans Renault, et entre trois et quatre pour sa mise en route.
"Si on avait démarré notre activité sans moule, on aurait eu entre 18 et 24 mois de latence sans aucune activité sur le site", a détaillé Matthieu Hède. "C’était impossible à plusieurs égards : comment mobiliser de nouveaux clients sur une usine qui ne tourne pas ? On a eu un no-go immédiat de nos équipes commerciales."
"L’État central n’a pas joué son rôle" pour Carole Delga
"On avait eu un retour très optimiste après nos premiers échanges avec Renault, au mois d’avril", a en outre souligné Matthieu Hède ce mercredi, insistant sur la cohérence économique de sa proposition. Mais quelque trois semaines plus tard, l’espoir est douché : "on nous a finalement dit : le groupe Renault ne veut plus jamais entendre parler de la SAM, nous avons été traumatisés."
"Je pense que M. Moustacchi [directeur risques achat chez Renault, ndlr] a essuyé un certain nombre de refus en interne", a ajouté Matthieu Hède. Le président de MH Industries a ajouté n’avoir pu compter sur le soutien tant espéré de l’État, pourtant premier actionnaire du constructeur automobile, en raison de la période électorale. Et avoir ainsi dû, avec regret, mettre fin au projet.
Le refus du constructeur automobile est d’autant plus dur à avaler pour Matthieu Hède et les anciens salariés de la SAM, qu’il avait été sollicité pour un partenariat très temporaire : cinq ans, avec "une offre compétitive sur un volume d’affaires à hauteur de seulement 8 millions par an", a défendu Carole Delga ce 18 juillet, dans la foulée de l’annonce.
La présidente de la région Occitanie a ajouté : "l’État central n’a pas pleinement joué son rôle. Ma mobilisation pour l’avenir du bassin de Decazeville est intacte. La Région continuera d’investir et de se battre pour ce territoire et la diversification de ses activités. Dans cette perspective, nous finalisons le rachat de l’ancien site de la SAM. Nous sommes au travail pour que d’autres projets industriels d’avenir voient le jour sur le territoire."