À Decazeville près de Rodez, la fonderie SAM a été mise en liquidation judiciaire en novembre 2021. Les salariés avaient occupé l'usine et manifesté leur colère et leur incompréhension. Le projet de reprise porté par l'entreprise lotoise MH Industries et soutenu par la région Occitanie ne verra pas le jour.
MH Industries vient d'annoncer l'abandon du projet de reprise de la fonderie SAM de Viviez en Aveyron. Même si la société mentionne de notables avancées en coopération avec la Région et l'État, "notamment sur la pertinence du modèle technico-économique à moyen terme, deux points majeurs restent bloquants", explique son PDG Mathieu Hede.
Il affirme n'être pas parvenu à convaincre Renault "d'aider à l’amorçage du projet". "De plus nous ne sommes pas non plus parvenus à sécuriser le financement total du projet. Enfin la conjoncture internationale et son influence notamment sur les prix de l’énergie ont considérablement changé" ajoute-t-il tout en affirmant que les pensées des salariés du groupe vont aux habitants de Viviez et anciens de la SAM qui ont cru en ce projet.
"Manque d'engagement de Renault et de l'Etat"
De son côté, la présidente de la région Carole Delga réagit avec dépit : "Depuis des années, les salariés de la SAM et leurs familles se battent avec courage pour sauver leur usine. Nous redoutions tous ce scénario, mais n’avons jamais baissé les bras, collectivement. Je partage leur colère, mais je tiens à leur dire que ma mobilisation pour l’avenir du bassin de Decazeville est intacte".
Elle salue le travail accompli par le groupe MH Industries sur le projet d’activité de fonderie et remercie Mathieu Hede pour sa mobilisation et la qualité de son travail. Mais elle dit regretter que ce projet ne puisse aboutir en raison du manque d’engagement de deux partenaires essentiels : Renault et l’État.
"Seuls les actes comptent"
"Renault, dont l’État est l’un des principaux actionnaires, s’est totalement désengagé du projet industriel de Viviez et n’a jamais formulé d’offre claire permettant l’émergence d’une fonderie dans des conditions sereines ; cela alors même que MH Industries s’était engagé à ne pas prolonger au-delà de 5 ans le lien commercial avec Renault tout en faisant une offre compétitive sur un volume d’affaires à hauteur de seulement 8 millions par an".
"L’État central n’a pas pleinement joué son rôle ! Dans un dossier comme celui de la SAM, seul le volontarisme paie. Comment peut-on parler de réindustrialisation du pays, de souveraineté économique et laisser démanteler une activité de fonderie dont les industries du Sud de la France ont besoin ? Seuls les actes comptent, c’est ma conception de la politique et ma pratique".
L'Aveyron abandonné
La présidente de Région cite l'exemple de Châteauroux où "l’État a su convaincre Renault et le fonds de modernisation de l’industrie automobile d’investir. Il est incompréhensible que le chef de l’État s’enorgueillisse mardi 12 juillet dernier, en Isère, d’avoir "mis fin à la lente désindustrialisation de la France" quand, en Aveyron, une activité de souveraineté industrielle, indispensable pour l’avenir de nos entreprises et du pays, pouvait être soutenue et encouragée".
Elle souligne que depuis plus de 2 ans, la Région mobilise tous ses outils et partenaires pour sauvegarder l’outil industriel, préserver et développer l’emploi dans ce bassin industriel. Carole Delga réaffirme qu'il y a un avenir industriel pour celui de Decazeville.
Souveraineté industrielle et économique
La présidente rappelle le vote d'une enveloppe de 1,2 M€ pour la consolidation financière du groupe MHI et la réalisation des études de faisabilité, l'obtention du cofinancement des études de l’État à hauteur de 200.000€ et rééchelonnement du PGE du groupe MHI, la préservation de l’outil de production avec une prise en charge par la Région à hauteur de 84 000€ par mois depuis mai dernier, une négociation en cours d’une acquisition par la Région du site auprès de la SCI Jinjiang.
"La Région continuera d’investir et de se battre pour ce territoire et la diversification de ses activités. Dans cette perspective, nous finalisons le rachat de l’ancien site de la SAM. Nous sommes au travail pour que d’autres projets industriels d’avenir voient le jour sur le territoire. La Région agit fortement et massivement pour la souveraineté industrielle et économique de son territoire".
"Ma détermination demeure totale, la Région Occitanie ne vous laissera pas tomber, et je
continuerai de me battre pour vous et l’avenir de nos enfants", conclut la présidente de région.