La commune d' Arvieu en Aveyron, perdue à 30 km de Rodez est passée en 6 ans de 787 à 822 habitants en défiant le déclin démographique avec un projet numérique et participatif innovant.
30 km de Rodez, au bout d'une route qui serpente dans les collines, le village d'Arvieu s'est doté d'une infrastructure qui détonne en milieu rural : "Le Jardin".
Né d'un partenariat public-privé entre l'intercommunalité et Laëtis, une coopérative qui crée des sites web, principalement pour le secteur touristique, cette Zone d'activités numériques s'est installée dans le château d'Arvieu, un ancien couvent, doté pour l'occasion d'un réseau à très haut débit et d'une salle de 115 places.
Locataire des lieux, Laëtis en assure la gestion, l'animation de l'espace de co-working, de la pépinière numérique et l'organisation de séminaires.
Inauguré en septembre, Le Jardin a déjà accueilli une quinzaine de séminaires, soit quelque 500 personnes. Il héberge une quinzaine de co-workers aux côtés des 17 coopérateurs.
Ce projet remonte à 1998, lorsque Vincent Benoit, un des co-gérants de la coopérative, alors jeune ingénieur, décide de créer une start up à la campagne.
, raconte ce quadra. Il rallie en 2014 la liste du maire actuel Gilles Bounhol, au nom de la promotion de la démocratie participative.On avait passé une annonce, on cherchait 40 m2 et deux ans de loyers gratis. Arvieu est la seule commune à avoir répondu
Des conseils villageois
Les deux hommes partagent le même constat : le déclin démographique est un fléau pour les communes rurales. Une fois aux commandes, la nouvelle équipe mandate une consultante pour dresser un bilan "des atouts et faiblesses du territoire".
"Fin 2014, à la salle des fêtes, 80 personnes étaient venues pour la restitution de l'étude", se souvient le maire. Quelques mois plus tard, ces habitants vont constituer "10 conseils villageois" thématiques qui deviennent des forces de propositions, sur lesquelles s'appuient le conseil municipal.
Projet de vie
Aujourd'hui, le village s'enorgueillit d'une école de trois classes, d'une vingtaine d'associations et de commerces de proximité couvrant l'essentiel des besoins : station-service municipale, boucherie municipale louée à un artisan, boulangerie, supérette, restaurants et même une fleuriste.Après Paris et Toulouse, Marjolaine et Vincent, qui exercent une activité de scénographe et graphiste ont voulu s'établir à la campagne avec leurs deux enfants. Ils ont installé leur entreprise, "La maison fourmille", dans l'un des espaces du Jardin.
"On n'a même pas encore eu le temps de faire du démarchage", confie le quadra qui croule sous les commandes. Leur structure s'engage aussi dans les activités bénévoles de la commune, ils ont créé par exemple l'affiche du festival Latino lancé en 2019 par un autre des co-worker.
Dernière recrue de Laëtis, Vincent Lefoulon, 24 ans, un développeur qui a tourné le dos à une carrière dans le trading à Londres pour son désir "de vie à la campagne":
J'avais plus envie d'un projet de vie que d'un projet de carrière
Lui participe aux "locomotivés", une association qui commercialise sur internet les productions des paysans locaux.
Mais ce qui a emporté son adhésion est la suite du projet que devra porter la nouvelle équipe municipale, soit "améliorer l'offre au niveau logement". Il compte s'investir dans un projet de création de "logements passerelles" écologiques dans un petit château.
En six années, la commune d'Arvieu est ainsi passée de 787 habitants en 2014 à 822 aujourd'hui. Une vingtaine de familles ont fait le choix de s'installer dans ce "far west" aveyronnais.