Le secteur hôtelier largement touché par la baisse d’activité touristique en raison de l’épidémie de Coronavirus tente de se réinventer. À Rodez dans l'Aveyron, un hôtel transforme ses chambres en bureaux.
"J’en ai parlé à quelques clients et ils m’ont dit que l’idée était super". À la tête de l’hôtel Ibis de Rodez depuis cinq ans, Benoît Prat a donc tâté le terrain avant se lancer. Son établissement pratiquait jusque-là le co-working mais depuis un mois, c’est un espace de travail privatisé qu’il propose à la journée ou demi-journée dans une chambre. "On s’est aperçus qu’il y avait de la demande. Des gens cherchent des espaces pour travailler dans les normes hygiène COVID", constate l'hotelier.
Pour ce professionnel, cette exigence sanitaire fait désormais partie du quotidien.
Maintenant on veut développer l’activité pour les touristes. On se rend compte que parmi les gens qui vont partir en vacances cette année, certains seront obligés de travailler une journée ou une demi-journée. Ces gens-là veulent un espace de travail avec la clim, un bon wifi, un parking gratuit et pas de bruit pour se concentrer. Si on est en vacances chez belle maman dans le nord-Aveyron ou en mobil-home sur le lac de Pareloup, ce n’est pas évident de bien bosser.
Justement de passage dans la cité ruthénoise, Fabrice Fontaine attaché commercial dans la parfumerie semble séduit par le concept du bureau-chambre : "je trouve l’initiative très heureuse avec du confort et un espace dédié, une petite terrasse. Je suis plus détendu et donc plus productif. Moi qui suis souvent seul en voiture, travaillant dans cet espace si confiné, je ne suis pas aussi efficace".
Cet hôtel de Rodez qui propose 45 chambres constate une baisse d’activité de 30% par rapport à l’année dernière en ce début d’été.
A l’échelle départementale, la chute est "colossale" selon Jean-Charles Bielanski de l’UMIH 12.
-50 % en mars, zéro en avril, 20% en mai, juin qui commence à frémir et juillet… ça se remplit petit à petit. Les gens partent sur un coup de tête au tout dernier moment, les réservations se font dans les 96 heures avant. C’est comme si on avait eu une coupure d’ordinateur pendant deux mois, avec un agenda tout blanc à remplir. Alors, on ne rattrapera pas le retard mais c’est déjà positif.