Un centre hospitalier de jour de l’Aveyron, à Gabriac près d’Espalion, propose à ses patients, fragiles psychologiquement, une thérapie différente, basée sur la reconnexion aux éléments de la nature. Depuis peu, il y a un atelier de micro-minéralogie. Bienvenue à la «clé des champs».
À « la clé des champs », point de chambres médicalisées. L’établissement de Gabriac, en Aveyron, porte bien son nom et vous donne un indice sur son fonctionnement : tout ou presque se passe dehors, en pleine nature.
Cette structure, unique en son genre, dépend de l’hôpital Sainte-Marie de Rodez mais n’a rien d’un centre psychiatrique classique. Elle prend pourtant en charge des personnes fragiles psychologiquement, abîmées par la vie. Certains souffrent de psychoses, de troubles de l’humeur, de la personnalité ou encore de troubles liés aux addictions.
La structure a vu le jour en 2006 et accueille une trentaine de patients venus soigner leurs maux psychologiques.
L’ancrage à la terre pour soigner
La clé des champs ressemble davantage à une ferme qu’à un hôpital de jour. Une trentaine de patients fréquentent le lieu de manière assidue, à raison d’une demi-journée à trois jours par semaine.
Quatre infirmiers et un moniteur d’atelier accompagnent les patients dans des activités qui tournent autour de la terre pour favoriser l’ancrage de ces personnes que les difficultés de la vie ont parfois déconnectées ou désociabilisées.
Chacun choisit son atelier, chacun avance à son rythme, avec pour seul guide l’envie.
Olivier Galibert, infirmier dans la structure, confie que le fonctionnement de la clé des champs est aussi unique qu’efficace :
« Tout cela participe au soin, ça paraît moins spectaculaire que dans certains hôpitaux, avec une prise en charge classique. Mais il s’agit d’une forme de soin qui « prend le temps », toujours dans la nuance et dans l’écoute des envies, en connexion avec la nature et ça fonctionne ! »
C'est un soin qui "prend le temps", un soin différent mais pas moins efficace.
Et Eric, patient de la clé des champs, alors en plein arrosage du jardin, confirme les propos d’Olivier Galibert et le bénéfice sur sa propre santé mentale. Le jardinage est son activité fétiche. Il est l’un des premiers à avoir fréquenté le lieu il y a 15 ans : « Venir ici m’apporte énormément, je suis content d’être là, c’est très important pour moi car cela m’a permis de sortir de l’isolement ».
Créer du lien avec les autres pour être mieux avec soi-même
La ferme thérapeutique soigne l’esprit, et par ricochet le corps, en créant du lien social notamment au travers d’ateliers. Le dernier né est l’atelier de micro-minéralogie. C’est Olivier Galibert, infirmier dans la structure, qui est à l’origine de cette proposition qui semble faire fureur et susciter les passions :
« Observer la nature, les pierres, les analyser au microscope, tout cela nous permet de nous focaliser sur une chose, on évacue les problèmes en se concentrant sur quelque chose et cela nous fait beaucoup de bien », confie avec enthousiasme Mickaël, patient de la clé des champs.
Un petit groupe de fidèles s’est peu à peu constitué, autour de Jean-Robert Eytier, un micro-minéralogiste passionné. Ensemble, post-confinement, ils ont récolté leurs premiers échantillons et sélectionné ceux qui méritaient d’être montés sur tiges, rangés, identifiés et numérotés. Certains ont vu la passion grandir et ont pris part à des échanges sur des forums de passionnés.
Des échanges, du lien, une place pour chacun, la recette du mieux-être pour les adeptes de la structure. Cette approche thérapeutique non conventionnelle, loin de l’image classique du soin psychiatrique, semble faire ses preuves en Aveyron. Ce havre de paix procure un apaisement aux patients de cet établissement bien singulier. Que ce soit pour quelques mois ou quelques années, la clé des champs leur apporte en effet des clés... pour repartir dans la vie du bon pied.