La punaise et l'humidité, c'est là le fléau de la noisette cette année, sur une exploitation de l'Aveyron. Claude Chastand, unique producteur dans le département, va devoir jeter 40% de sa production annuelle. Les noisettes sont impropres à la consommation.
Il est le seul producteur de noisettes de l'Aveyron. Claude Chastand vient de terminer sa récolte de 2024 sur son exploitation de treize hectares à Flagnac. Et cette année, sa production est en baisse : seulement 17 tonnes contre 20 il y a plus quatre ans. Trop de pluie, trop d'humidité. Le nuciculteur estime qu'il va devoir jeter 40% de sa production.
"Toute molle et toute noire"
"C'est la nature qui décide. On ne peut que constater les dégâts", dit Claude Chastand, un brin résigné. L'humidité lui a comme qui dirait pourri sa saison et récolte de noisettes. Elles sont majoritairement ramassées à maturité, au sol, de fin septembre à fin octobre. "Certaines sont parfaites, nous montre-t-il. Et à côté de cela, l'humidité et la punaise nous créent de vrais soucis. On a des noisettes totalement impropres à la consommation. Une noisette qui est toute molle, toute noire."
Résultat : 40% de la production va partir à la poubelle. Autre conséquence, dans l'atelier de fabrication de produits transformés : "une perte de temps car le temps de triage a été multiplié par cinq ou six. On est en train de voir pour s'équiper avec de nouvelles machines pour s'éviter le tri manuel. Mais ce sont de lourds investissements." Difficile d'investir quand le chiffre d'affaires est en baisse.
Une forme d'impuissance
La production de noisettes est intimement liée à la météo et aux aléas climatiques. "Il y a trois ans en arrière, il a fait énormément chaud, se souvient Claude Chastand. L'année dernière, ça a été à peu près. Cette année, on est tous touchés par l'humidité des sols. Les fruits pourrissent quand ils sont au sol." Et l'humidité complique aussi les traitements phytosanitaires alors même que leur usage est de plus en plus restrictif.
Et la saison prochaine "risque d'être compliquée". Dans le verger, sur les noisetiers, Claude Chastand décèle déjà des signes négatifs. "Comme il pleut énormément depuis des mois et des mois, l'humidité commence aussi à attaquer les chatons de noisetier, qui représentent la future floraison mâle pour la saison prochaine." Mais l'agriculteur veut rester optimiste même s'il avoue que "cela devient de plus en plus compliqué de travailler avec la nature."
En atelier, dans l'atelier de fabrication, le travail bat son plein. Le mois de décembre est une période chargée en activité afin de vendre les produits à base de noisette de l'exploitation familiale sur les marchés.
En 2023, les noiseraies s'étendaient sur 7902 hectares en France pour une production d'un peu plus de 17.000 tonnes. Le plus gros de la production est issu d'une coopérative basée dans le Lot-et-Garonne.
(Propos recueillis par Nathalie Rougeaud et Harmonie Pacione)