Nino Gabunia, d’origine géorgienne et employée dans un EHPAD à Broquiès (Aveyron) s’est vu notifier par la préfecture une décision d’expulsion du territoire français. Une injustice pour cette famille arrivée en France en 2018. Une famille soutenue par tout un village et les employés de l’EHPAD, où Nina Gabunia est salariée en CDI comme aide-soignante.
Devant l’EHPAD, le "Relays Broquiès", en Aveyron, ce mardi 27 août, les salariés ont déployé une banderole en soutien à Nino Gabunia et sa famille. La jeune maman est aide-soignante au sein de l’établissement, recrutée en CDI depuis avril dernier. La directrice Mélanie Cazottes, elle aussi mobilisée, parle d’injustice :
"Nino est employée en CDI à temps plein comme aide-soignante. Tout le monde est content de son travail. C’est une aberration. On a du mal à recruter du personnel qualifié et motivé dans ce secteur et là nous avons une personne qui de demande que ça ! On est en colère".
Assignée à résidence
Convoquée ce lundi 26 août en préfecture, Nino Gabunia est sur le coup d’une procédure d’expulsion du territoire français. Elle est assignée à résidence et ne peut plus travailler : "Nous sommes obligés de quitter le territoire le plus vite possible. Nous sommes assignés à la maison et deux fois par semaine nous devons pointer à la gendarmerie de Saint-Affrique", explique la mère de famille.
Les résidents de l’EHPAD sont aussi bouleversés. Très émue, Bernadette une pensionnaire dont Nino Gabunia s’occupe, ne comprend pas cette décision : "Ce n’est pas normal, elle travaille pour nous. Qu’est-ce qu’elle a fait de mal. ! Elle n’a rien fait(…)mais pour quelle raison ? Ils sont fous !"
Peur des représailles en Géorgie
Par peur de représailles dans son pays natal, la Géorgie, la famille est arrivée en France en 2018. Tous se sont bien intégrés au Truel, petit village de l’Aveyron. Son mari travaille en CDI comme serveur dans un restaurant du village, les enfants sont scolarisés et parlent couramment le français comme leur maman. Nino Gabunia a obtenu un diplôme d’éducatrice spécialisée et a été recrutée au sein de l’EHPAD, le Relays Broquiès en avril 2024. Au sein de la famille c’est l’incompréhension et l’angoisse d’être expulsé en Géorgie, où ils sont "menacés de mort", selon Nino Gabunia.
"Je ne m’attendais pas à cela", explique Nino Gabunia, "j’ai mon CDI. Franchement je voulais vivre ici avec mes enfants en sécurité par rapport à ce qui se passe dans notre pays. On n’est pas venu ici pour s’enrichir. Ce n’est pas facile, nous avons tout quitté là-bas et notre maison a brûlé, on ne peut plus y retourner. À la base je suis professeur de langues, ici j’ai passé un diplôme, mon mari travaille et apprend le français, les enfants sont scolarisés et toute la famille est très bien intégrée dans notre village, je ne comprends pas".
Cédric Laffont, habitant du village et ami de la famille est consterné par la situation et pointe les incohérences de l’Etat :
"Personne ne s’est préoccupé s’ils avaient un titre de séjour ou pas, l’incohérence elle est là. Comment on peut en France donner aujourd’hui un diplôme financé par l’Etat à une dame qui devient aide-soignante et un mois après lui dire vous devez quitter le territoire français, il est où le problème!, s’indigne-t-il.
Recours devant le Tribunal Administratif
Maître Emma Buttet, l’avocate de Nino Gabunia explique qu’il y a déjà eu des procédures. La mère de famille est bien arrivée en France avec sa famille en 2018 et avait déjà reçu un refus de sa demande d’asile. Son recours déposé devant l’office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) en 2019, la même année une première notification de procédure d’expulsion du territoire français n’a pas été mise à exécution. Sa dernière demande de titre de séjour date de 2021.
L’avocate va déposer un recours demain mercredi 28 août, devant le Tribunal administratif contre l’assignation à résidence, le refus de l’attribution du titre de séjour et l’obligation de quitter le territoire français.
Cet article a été réalisé en collaboration avec Nathalie Rougeau. Sollicitée par la journaliste de France 3 , la préfecture de l'Aveyron n'a pas souhaité s'exprimer sur ce cas, ni donner des informations sur le dossier des procédures d'expulsions du territoire français dans le département.
Dans cette attente, le personnel de l’EHPAD reste mobilisé ainsi que les habitants du Truel où réside la famille.
(avec Nathalie Rougeau - Luc Tazelmati)