Coronavirus : quand le commerce fait son retour dans un petit village de l'Aveyron confronté au confinement

Dans le petit village de Banhars (Aveyron) les commerces ont disparu depuis bien longtemps mais l'épidémie de coronavirus a des conséquences inattendues. Un point relais alimentaire vient d'être créé pour éviter aux habitants de se déplacer et respecter les consignes de confinement.







 

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Des légumes, du pain frais et des fromages de pays, le tout, livrés à quelques mètres de chez soi : il n’en fallait pas plus pour donner le sourire aux habitants de Banhars, village rattaché à la commune de Campouriez dans le nord de l’Aveyron.
Même si ce sourire est parfois dissimulé par un masque en tissu de fabrication maison, les regards ne trompent pas :  le lancement du premier point-relais pour les aider à faire leurs courses est un succès.

Installés ici depuis 3 ans, Verena et Fredy Thalman, un couple de retraités d’origine suisse ont commandé des endives, des bananes, des pommes. Le tout pour une vingtaine d’euros :  « Ah là, je dis un grand merci, c’est une très très bonne idée, c’est parfait. On manquait de produits frais, de légumes comme ça. »
 




En un peu plus d’une heure, ce sont près de cinquante colis qui sont distribués dans la salle des fêtes de la commune de 365 habitants. Pour faire leurs courses dans ce village privé de commerce depuis bien longtemps, ils n’ont d’autre choix habituellement que de se rendre dans les communes voisines distantes de quelques kilomètres. Impossible pour beaucoup d’entre eux, âgés ou vivant seuls, d’éviter ce déplacement. Pour respecter le confinement, plusieurs membres de la nouvelle équipe municipale élue le 15 mars ont donc eu l’idée d’un dispositif innovant.


Faire ses courses par mail ou par téléphone

Le principe est simple : les habitants passent commande par téléphone ou par mail auprès de la mairie. Plusieurs producteurs de légumes, mais aussi une éleveuse de chèvre et un boulanger ont joué le jeu. Les produits sont livrées sous forme de colis aux habitants tous les vendredi matin. Pour cette première édition, plus d’une vingtaine d’habitants ont passé commande, chiffre qui va sans doute augmenter dans les semaines à venir. Christine Hanesse, nouvelle conseillère municipale, s’est occupée de l’organisation.
 
 

Parcours fléché et distances requises

Encore fallait-il respecter de bonnes conditions sanitaires pour assurer la distribution. Un parcours a été fléché pour rentrer dans la salle, avec marquage au sol pour respecter les distances entre chacun et du gel hydroalcoolique mis à disposition. Par mesure d’hygiène, le paiement par chèque ou avec l’appoint est préconisé.
« L’idée était de permettre aux gens de ne pas se déplacer en s’approvisionnant dans un point unique. Le premier bilan excellent, à voir sur les suivants mais on est confiant », note Christophe Delmas, maire nouvellement élu le 15 mars dernier - bien que n’ayant pas encore pris officiellement ses fonctions.

L’initiative alimente les solidarités : certains habitants sont venus chercher un colis pour un voisin ou une voisine handicapée . La mairie se propose aussi d’acheminer les médicaments - notamment les renouvellements de traitements- avec la participation de la pharmacie la plus proche à Entraygues-sur-Truyère.
 

« Restez à la maison ! On s’occupe de vous ! »

Mais pour  convaincre le plus grand nombre d’adhérer au dispositif, l’équipe municipale a aussi glissé ce message dans les boîtes aux lettres : « Restez à la maison, on s’occupe de vous ! » Une message pas si facile à accepter pour ces habitants qui ont leurs habitudes de déplacement depuis des années et à qui le danger du coronavirus ne paraît pas imminent.
A 81 ans, Fernand Pélamourgues est venu chercher son colis d’oranges, d’endives et de carottes,  pour une vingtaine d’euros en tout. Ravi de cette initiative, il lui semble toutefois difficile d’envisager de rester chez lui : «Je suis alerte et je me vois toujours assez mobile. Pour l’instant ce virus, chez nous…il n’y a rien ! »  
 

 

 « Qui veut mes blettes? »

L’ensemble de ces nouveaux services n’a toutefois pas vocation à durer après le confinement. Mais d’ici là -  à une date encore indéterminée - il est certain que cette chaîne de solidarité aura pris toute sa place.
A 11h, la première distribution prend fin. Une dame s’avance avec son cabas : « Je n’ai encore rien commandé, mince, je n’avais pas compris comment ça fonctionnait ! Mais j’ai des blettes du jardin dans mon sac si ça intéresse quelqu’un! » Les blettes ont vite trouvé preneur, ici, c’est un légume de premier choix. L’ingrédient-phare d’une recette locale - les farçous - à partager habituellement à l’apéritif ou en entrée entre amis- après le confinement.

 
Hausse des ventes pour les primeurs et les vendeurs itinérants
Parmi les fournisseurs du point-relai, Hervé Duchein, est salarié d’une entreprise primeur de la commune- Teil et fils. Depuis le début du confinement, le travail de livraisons s’intensifie notamment pour les supérettes et les maisons de retraites.
Même constat pour Romain Quiri, vendeur itinérant dont la camionnette s’arrêtera elle-aussi à Banhars tous les mardi matin : « J’ai gagné 1000 euros de chiffre d’affaire sur la semaine. C’est bien simple, au lieu de 150 clients hebdomadaires, je suis passé à 200 ! En espérant qu’une partie de cette nouvelle clientèle reste après le confinement… »
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