Depuis le début du confinement, les EHPAD ont mis en place des dispositifs pour que les résidents puissent communiquer par vidéo et garder le lien. Un moyen qui rassure les familles parfois plus angoissées que leurs aînés. Exemple à Figeac et à Saint-Chély D’Aubrac en Aveyron.
Cela faisait longtemps que l'idée courait dans la tête de Patricia Varnat, l'animatrice sociale de l'EHPAD Ortabadial. Dans cet établissement du centre-ville de Figeac dans le Lot, elle avait tenté de mettre en place des ateliers d'initiation à internet il y a 5 ans.
Le confinement a accéléré les choses, mais surtout, les appels vidéo par internet "sont compliqués par l'épaisseur des murs du bâtiment, et il n'y pas de connexions relais dans toute la structure". C'est donc depuis un lieu dédié que se font les échanges.
Un anniversaire par Skype
Avec la crise du Covid 19, Patricia a proposé aux familles de prendre rendez-vous avec leurs aînés via Skype. L’établissement est en confinement complet depuis le 17 mars. Le 18 mars le projet a été mis en place et dès le 19, c’est la famille de Camille, l’un des résidents, qui a été la première à pouvoir en profiter : " nous avons été agréablement surpris quand on nous a appris la possibilité de converser avec lui" nous a confié sa fille Bernadette Legrand qui habite Toulouse. Camille fêtait ses 99 ans. A l’EHPAD tout le monde le connaît sous le prénom de Joseph.Même si Bernadette appelle son père 2 fois par jour depuis le début du confinement, elle reprendra contact mercredi avec une partie de sa famille pour pouvoir échanger de nouveau. « C’est rassurant, et une grande joie de voir qu’il a bonne mine ».ça été une belle surprise pour lui, une grande émotion, il a repris un bon moral.
Une joie pour les résidents, moins d’angoisses pour les familles
Odette 88 ans, se souviendra longtemps de son premier appel vidéo. Trois de ses enfants se sont réunis pour l’occasion. Ils sont à Toulouse, Millau et dans le Jura. Pour elle, Internet est une grande découverte :En temps normal Odette reçoit la visite de son fils qui habite à Figeac, et même si pendant le confinement elle s’occupe en lisant et en regardant la télévision, elle se réjouit déjà de son prochain rendez-vous.C’est extraordinaire ! Ils m’entendent, ils me voient ! Tout le monde a échangé.
D’ailleurs ces échanges vidéo font la joie des aînés tandis qu’ils rassurent les familles. « Avec toutes les informations qu’ils entendent sur les EHPAD, elles sont plus apaisées » nous explique Patricia.
Des connexions pas toujours faciles pour les familles
Il y a eu pourtant peu de familles qui ont profité de l’opportunité, sur les 65 personnes prises en charge dans la structure. 7 d’entre elles se sont connectées avec leurs proches. Paradoxalement, pour les familles les connexions sont parfois difficiles à mettre en place « car toutes ne maitrisent pas l’internet ». Alors Patricia a créé un autre moyen de contact : une adresse mail qui permet d’envoyer des lettres qui sont ensuite remises aux résidents. Elle espère que la crise aura permis de mettre en évidence le besoin réel d’une connexion internet efficace et digne de ce nom dans son établissement. L’un des 3 de la ville. Dans la sous-préfecture lotoise, deux EHPAD dépendent de l’hôpital, la 3ème structure est municipale.Messenger et des tablettes dans l’Aveyron
Dans le Nord Aveyron, à Saint Chély d'Aubrac cela fait déjà quelques années que la maison de retraite "Abbé Pierre Romieu" a installé le Wifi dans son établissement. Pour un coût de 20 000 euros. 4 ans après, les soignants travaillent avec des tablettes qui permettent de consigner les informations médicales et administratives des résidents. Ils sont 65 répartis en 2 bâtiments dans le centre du village.En confinement complet depuis le 16 mars, l’idée de mettre à disposition les tablettes pour des appels vidéo s’est imposée d'emblée. « Nous avions déjà un ordinateur et Skype, car quelques-uns de nos résidents ont leurs familles à Paris ». Mais il fallait se déplacer devant l’écran. Avec le confinement dans les chambres, la tablette est idéale.
Au service des grands parents et des petits enfants
Désormais résidents et familles peuvent converser, à la demande. Et c’est Messenger, « plus souple et plus simple en utilisation » que le directeur a choisi. « ça a plu aux familles ». 2 tablettes ont été dédiées à la communication des familles et 1/3 des résidents l’a déjà utilisé. "ça ne remplace pas la visite, mais ça rassure les familles".Il y a 7 à 8 appels Messenger par jour dans cet établissement.Et puis cela permet aussi de mettre en relation les grands-parents et les petits enfants qui préfèrent ce moyen au téléphone.