La volonté de la direction de l’usine Bosch de reprendre l’activité le 6 avril prochain s'est une nouvelle fois heurtée à l’opposition des organisations syndicales inquiètes pour la santé des salariés.
Le 17 mars dernier, les salariés de l’usine Bosch à Onet-le-Château près de Rodez faisaient valoir leur droit de retrait estimant que les conditions sanitaires de poursuite du travail n’étaient pas assurées, entrainant de fait un arrêt de la production et une fermeture du site. Par deux fois déjà, la direction a envisagé de rouvrir le site (23 et 31 mars). Des tentatives qui se sont soldées par un échec, les salariés refusant de reprendre le travail faute de mesure de sécurité satisfaisantes.
Après une nouvelle réunion entre direction de l’usine et les syndicats en présence des représentants de la DIRECCTE et de la CARSAT, une réouverture progressive du site était envisagée pour le 6 avril. Lundi prochain, 150 salariés devraient ainsi rejoindre les ateliers, les effectifs passeraient à 300 vers le 10 avril et à 500 la semaine suivante.
Trop de risques pour reprendre
Confinement oblige, c’est par audio conférence que les représentants syndicaux ont fait part de leur nouvelle opposition au projet de réouverture. Selon eux, toutes les conditions ne sont pas réunies pour une reprise du travail en toute sécurité. Pas de masque, pas de gel hydro-alcoolique et des postes de travail qui ne permettent pas le respect des mesures barrière. Les aménagements proposés par la direction ne suffiront pas à protéger les salariés affirment les syndicats.
Il y a eu une réflexion autour des salles de pause et des salles de réunion, c’est bien mais loin d’être suffisant précise le délégué CFE-CGC. Les machines sont proches les unes des autres et il est impossible de les espacer. Par ailleurs, il y a des risques de propagation du virus par les outils que nous utilisons en commun ajoute t’il.
Yannick Anglares – Secrétaire CGT BoschLa seule protection que propose la direction consiste à doter chaque salarié d’un stylo nominatif pour appuyer sur les touches des machines
L’automobile n’est pas un secteur essentiel à la vie de la nation
L’empressement de la direction viendrait, toujours selon les syndicats, de la pression exercée par certains clients. Le site Ruthénois de Bosch est aujourd’hui le seul à fabriquer des bougies de préchauffage. L’autre entreprise qui en produit est située en Inde et est actuellement fermé pour cause de Coronavirus. La Chine est demandeuse de pièces pour camions. Volvo aussi. Le constructeur n’a pas fermé ses usines explique Lionel Issalys.
Il y aurait aussi une pression du gouvernement pour encourager les entreprises à reprendre le travail. Pourtant insistent les syndicats, dans un contexte mondial de forte baisse du marché de l’automobile (en France les ventes affichent moins 72% en mars) la production de l’usine Bosch est loin de pouvoir être considérée comme un secteur essentiel à la vie de la nation, d'autant que Peugeot et PSA ont fermé leurs chaines de production.
Lionel Issalys – Délégué syndical CFE-CGCNous ne voulons pas être l’épicentre du Covid-19 en Aveyron. Si on se retrouve à 500 dans les ateliers, c’est ce qui risque d’arriver, d’autant qu’on n ‘a pas encore atteint le pic de l’épidémie
Un appel à « préserver sa santé »
Les organisations syndicales avaient fortement déconseillé aux salariés de reprendre l’activité dans les conditions proposées par la direction et les avaient appelé "à préserver leur santé"
Lionel Issalys précisait que la reprise ne pourrait être envisagée que quand on observera une inversion de la courbe du nombre de malades. Ce qui n’est pas d’actualité aujourd’hui puisque le pic de l’épidémie est attendu pour la fin de semaine prochaine voire le début de la semaine suivante.
La direction du site a entendu les arguments des syndicats et a décidé de reporter la réouverture du site au 14 avril.