De nombreux marcheurs ou pèlerins se croisent en ce moment sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Une route qui permet de partager, d'échanger et surtout de déconnecter dans une période difficile liée à l'épidémie de Covid. Paroles de pèlerins près de Conques en Aveyron.
C'est une étape incontournable sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Conques (Aveyron) accueille chaque année environ 600 000 visiteurs, dont une grande partie de pèlerins et de marcheurs. Mais, en cette année de crise sanitaire et en ce début d'été marqué par des débats acharnés autour de la vaccination et du pass sanitaire, beaucoup ont volontairement choisi cet itinéraire pour se déconnecter de cette ambiance pesante et retrouver le contact avec d'autres personnes.
"On côtoie à nouveau des gens"
"C’est un petit retour à la nature, des choses simples, une remise en question" reconnait cet homme qui marche avec sa fille. "Cela permet de se recentrer sur soi, de faire le ménage par rapport au quotidien. C’est une déconnection totale. On est dans une période compliquée mais on fait abstraction de tout ça quand on est sur le chemin. On a plus de masque, on côtoie à nouveau des gens. On a des échanges riches, on retrouve des relations normales, c’est formidable."
Saint-Jacques-de-Compostelle se situe en Galice en Espagne, c'est le point d'arrivée du pélerinage jusqu'au tombeau supposé de l'apôtre Saint-Jacques. Plusieurs voies françaises mènent à Saint-Jacques-de-Compostelle et notamment celle du Puy en Velay qui traverse l'Aveyron.
Déconnecter et retrouver le grand air après les confinements
Sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, se croisent des marcheurs de toutes les générations et de tous les milieux sociaux. Certains voyagent en famille, entre amis, en couple ou seuls. Et puis certains commencent seuls et partagent la route d'un autre marcheur pendant quelques jours. C'est le cas de ces deux femmes. Elles ont fait connaissance au départ du Puy-en-Velay. Partir seul ne veut pas forcément dire voyager seul.
"J'avais besoin de déconnecter", dit l'une. "C’est mon déconfinement spirituel, physique. Car ce n'est pas une promenade, souligne-t-elle, c'est un chemin. Et ce n’est pas le but qui est important, c’est le chemin en lui-même. C’est un peu une métaphore de la vie avec des moments difficiles des moments de joie."
Celle qui partage sa route depuis quelques jours acquiesce. "Moi, j’avais vraiment besoin d’une pause et elle est totalement réussie. C’est un beau chemin avec de belles rencontres. On est profs toutes les deux donc on parle un peu du boulot, on se décharge de notre sac de l’année mais on parle aussi des paysages, de nos valeurs."
Deux autres randonneuses reconnaissent : "cette pandémie nous a un peu éloignés les uns des autres. On a souffert de l’enfermement, là on est au grand air ; on vit les kilomètres ensemble complètement déconnectés de la société de consommation. On évite de parler de l’épidémie, on a parlé framboises, fraises, chênes."
Sur les chemins de Saint-Jacques, le poids du sac sur le dos est variable comme celui du quotidien que l'on vient oublier. Mais à condition d'éteindre son téléphone portable la déconnection est totale.