Des légionnaires du Larzac font l’apologie du nazisme sur Instagram, l’Aveyron concerné par les révélations de Mediapart

Mediapart a mis en lumière une filière néonazie au sein de l’armée française. Une cinquantaine cas ont été révélés. La 13e demi-brigade de Légion étrangère basée dans le Larzac (Aveyron) est concernée. Apologie publique du nazisme, ces légionnaires affichent ouvertement leurs convictions.

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Dans une enquête publiée mardi 16 mars, le site Médiapart révéle que des légionnaires de la 13e demi-brigade de Légion étrangère installée sur le plateau du Larzac, en Aveyron, affichent publiquement leurs convictions néonazies sur les réseaux sociaux.

D’inquiétants "88" fleurissent sur la toile, notamment sur des comptes Instagram de militaires, marquant leur adhésion à l'idéologie néonazie. Le chiffre huit fait référence à la huitième lettre de l’alphabet soit le H. Double HH pour Heil Hitler. Ceci s'accompagne de saluts hitlériens, de poses devant des croix gammées, de tatouages « SS » …

Selon le site d'information, le 6 mars dernier, un certain Lucas M, légionnaire du camp militaire du Larzac, publiait sur son compte Instagram des images d’un barbecue organisé entre camarades, portant tous la tenue. En légende d’une photo était écrit « 13 DBLE » en référence à la 13e demi-brigade de Légion étrangère. On y voit un légionnaire faire le salut nazi sur fond d’hymne franquiste, un autre légionnaire, la main sur le coeur, affiche ostensiblement recueillement et nostalgie.

Ce même Lucas M s’illustrera à nouveau sur les réseaux sociaux en s’en prenant à l’artiste Bilal Hassani (un auteur-compositeur-interprète qui a reconnu publiquement son homosexualité sur les réseaux sociaux) avec un « Zyklon B ta mère », en référence à ce gaz utilisé par les nazis dans les camps de concentration pour exterminer plusieurs millions de juifs.

Plus que des cas isolés, une véritable « filière néonazie »

En décembre 2019, le caporal Nikita H. avait également partagé sur Instagram ses idéologies nazies. Sur l’un des portraits postés, il portait alors une croix gammée en pendentif. Sur un autre cliché, posant devant la tour Eiffel, il réalise un montage-photo, accolant à sa propre photo une image d’Adolf Hitler, devant le même monument en 1940. Le doute est-il encore permis sur le culte voué au IIIe Reich ? Le même légionnaire qui lors d’une mission en Guyane avait filmé des enfants noirs faisant le salut nazi, n’ayant visiblement aucune idée du sens de ce geste. Récemment encore, il s’est illustré par la violence de ses propos lors d’une opération au Sahel. S’adressant à un enfant noir sommé de faire une série de pompes en plein désert : « « Pompe, sale pute ! Qu’est-ce que tu pensais ? Que la nourriture française est distribuée gratuitement ? »

Des comportements humiliants, extrémistes et racistes dénoncés par Mediapart qui révélait déjà en juillet 2020 que des militaires affichaient avec fierté sur les réseaux sociaux leur adhésion à l’idéologie néonazie. Il s’agit souvent de photos de groupe et non de cas isolés. Aujourd’hui, le phénomène a pris de l’ampleur et alors qu’une cinquantaine de nouveaux cas de militaires néonazis ont été révélés, le ministère des armées a reconnu "la gravité des faits".

Si de nombreux cas ont été constatés dans les rangs de la légion étrangère, d’autres institutions sont également concernées : le 3e régiment de parachutistes d’infanterie de marine (3e RPIMa), le 35e régiment d’infanterie (35e RI) et le 132e régiment d’infanterie cynotechnique (132e RIC), le 13e bataillon de chasseurs alpins (13e BCA), du 1er régiment de hussards parachutistes (1er RHP), du 2e régiment d’infanterie de marine (2e RIMa). Mediapart indique que 14 régiments de l’armée française sont impactés. 

Contacté par France 3 Quercy-Rouergue, le ministère des Armées par l'intermédiaire de son porte-parole, Hervé Grandjean, assure que cette situation ne concernerait que "quelques cas isolés", "des dérives individuelles sur un total de 210 000 militaires".

Quelles sanctions ? 

Le ministère de l’armée dit « condamner ces comportements qui relèvent de la dérive individuelle », une manière de minimiser les faits ? Il n’existerait « aucune tolérance », pourtant seuls des rappels à l’ordre et mises en garde semblent pour l’instant avoir été prodigués aux auteurs des faits. 

 Le colonel Aubry, responsable de la 13e DBLE du Larzac, s’est toutefois exprimé auprès de nos confrères de Midi Libre : « Une enquête minutieuse est en cours. Elle devra caractériser les faits qui sont présentés. Le chef de corps que je suis a un pouvoir disciplinaire, un pouvoir de sanction. Au sein des Armées et de la Légion étrangère en particulier, on rejette toute forme d’idéologie qui soit contraire aux règles, lois et valeurs de la République mais également à celles de la Légion étrangère". Il ajoute :  "Dans un premier temps, ce sont des gens de chez moi qui mènent cette enquête. Par la suite, si délit il y a, il sera porté à la connaissance du procureur de la République. On est tous surpris, estomaqués, choqués… à la fois le code d’honneur du légionnaire et nos us et coutumes sont totalement contraires à toutes ces idéologies".

Comme le révèle Mediapart, le ministère des armées a évoqué des « sanctions lourdes » , apparemment appliquées au compte-goutte et donc la teneur n’a pas été révélée. Exemple concret : Teddy M., un sous-officier du 2e régiment étranger parachutiste (2e REP), avait arboré un soleil noir sur l’épaule, d’une "totenkopf" (tête de mort en allemand) sur le bras et de la devise de la SS sur le torse. Aucune sanction n’a été prise à son encontre. Ce sous-officier est, à ce jour, toujours militaire et continue de poster des photos, en compagnie de collègues légionnaires, deux d’entre eux figurant dans la liste de néonazis établie par Mediapart. 

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