Trois semaines après le début de l'incendie géant de Mostuéjouls dans l'Aveyron, les agents de l'Office National des Forêts dressent un premier diagnostic sur l'état de la végétation. 1360 hectares ont été ravagés par les flammes. Il faudra des années avant que la nature ne se relève de ce drame.
C'est l'incendie le plus important jamais connu en Aveyron. Pendant tous le mois d'août 2022, le plateau de la forêt de Massegros au dessus de Mostuéjouls a été la proie des flammes. Au total, 1360 hectares de végétation dans l'Aveyron et la Lozère ont été détruits. Plus de 3000 personnes ont dû être évacuées par précaution.
Au plus fort du sinistre, 700 pompiers étaient mobilisés. L'incendie avait été déclenché par un engin agricole sur une route de Lozère, avant de se propager en direction du village de Mostuéjouls, dans l'Aveyron.
Un long diagnostic
Après avoir maîtrisé les derniers points chauds, les pompiers ont pu quitter les lieux. Désormais, le site ne présente plus de signes de reprise du feu mais les dégâts sont immenses. Le paysage est transformé et la végétation a souffert. Les agents de l'Office National des Forêts se sont rendus sur place pour dresser un diagnostic de l'état de santé des végétaux.
François Artel, responsable de l'unité territoriale de l'ONF dans l'Aveyron n'en revient toujours pas. Arbres carbonisés, écorces noircies, sols desséchés, Il n'a jamais vu un tel spectacle.
Le suivi sanitaire des arbres va être long. Il faudra attendre quelques mois avant d'avoir un diagnostic définitif. Si le système racinaire n'est pas touché, les plantes peuvent repartir. Sur les jeunes pousses, c'est fini mais sur des arbres plus ancrés, c'est encore possible. Il faudra 60 à 100 ans avant de retrouver la forêt d'avant.
François Artel, responsable unité territoriale ONF Aveyron
Zone Natura 2000
L'incendie s'est déclaré sur un site classé Natura 2000 en bordure des gorges du Tarn. Selon Jérôme Bussière, chargé de mission biodiversité et forêts au parc naturel régional des Grands Causses : "les enjeux environnementaux, paysagés et touristiques sont donc énormes".
Plusieurs scenarios sont envisagés pour "reconstruire" cette forêt.
On compte sur la nature pour se régénérer d'elle même avec les graines. Mais on va aussi l'accompagner en semant des glands par exemple ou en replantant. Cette forêt est un espace partagé. Il y a des parcelles privées, de l'agriculture, de la chasse. L'enjeu est aussi d'arriver à mettre tout le monde autour de la table pour savoir ce que l'on veut faire de cet espace.
Jérôme Bussière, chargé de mission biodiversité et forêts - Parc naturel régional des Grands Causses
Une forêt pour prévenir les incendies de demain
L'incendie de Mostuéjouls a eu un effet déclencheur sur la gestion et la prévention des incendies. Selon Jérôme Bussière, l'objectif désormais est d'avoir une réflexion collective. Pour diminuer les risques de départ de feu et de propagation, l'expert évoque "des pistes accessibles à travers la forêt pour l'accès aux pompiers" ou encore "la présence de pâtures de bétail pour diminuer la masse de végétaux". L'enjeu est de taille, sur ce plateau calcaire, la végétation permet de fixer les sols. Sans elle, les risques de dérochement sont importants.