Avec "Les guerriers de l'Hiver", Olivier Norek nous raconte l'épopée héroïque de ces soldats finlandais oubliés de l'Histoire face à l'armée de Staline. Un premier roman historique pour l'auteur aveyronnais. Un succès populaire avec déjà 130 000 exemplaires vendus.
Roi du polar, "Entre deux mondes" vient d'être nommé meilleur roman policier de l'année par The Times, en Angleterre, l'ancien capitaine de police judiciaire s'essaie pour la première fois à la littérature blanche et c'est une très belle réussite.
"Les guerriers de l'hiver", vendu déjà à plus de 130 000 exemplaires moins de quatre mois après sa sortie, cumule les prix littéraires dont le Renaudot des lycéens.
Une fresque gigantesque
Une fresque gigantesque où Olivier Norek rend hommage au courage incroyable des Finlandais pour tenter de repousser les assauts des Russes de Staline entre le 30 novembre 1939 et le 13 mars 1940. En plein hiver sous des températures de - 50 degrés.
En nombre de combattants, le combat est totalement inégal mais Carl Gustaf Mannerheim, le chef de guerre sait galvaniser ses troupes grâce au Sisu, l'âme de la Finlande. "Faites des fils d’un même village une compagnie de soldats, qu’ils soient sur le champ de bataille des frères, des amis, des voisins, ils auront aussi sous leurs yeux ceux qu’ils doivent défendre." (extrait)
Des jours dont le diable ne voudrait même pas.
Extrait "Les guerriers de l'hiver", d'Olivier Norek
Cette guerre est une boucherie. La stratégie russe est brutale. "Près de 20000 bombes par jour labouraient le sol de la Finlande. Soit quatorze toutes les minutes depuis déjà près d’un mois, avec des jours dont le diable ne voudrait même pas et où les Russes pouvaient augmenter la cadence jusqu’à atteindre deux cent mille obus. Et pourtant, La Finlande tenait" (extrait).
Simo, le sniper
Le lieutenant-colonel Teittinen harangue ses troupes : "Soyez-en certains, lorsque les attaques sont menées par une armée que l’on pensait vaincue d’avance, elles terrifient nos adversaires. Et je vous promets que vous les terrifiez. Le moral est une arme, et vous, soldats, sapez le leur jour après jour." (extrait)
Ce n’est pas un soldat, c’est la mort habillée en blanc. La Mort Blanche.
Extrait "Les guerriers de l'hiver", d'Olivier Norek.
D'autant que les Finlandais peuvent profiter du meilleur sniper de tous les temps. Simo tuait, sur commande, autant qu’il lui était demandé, sans colère ni rancœur, pour son pays. Les Russes en font des cauchemars : "Ce n’est pas un soldat, c’est la mort habillée en blanc. La Mort Blanche."
Mais le rouleau compresseur russe aura finalement raison de l'héroïque défense finlandaise. L’armée rouge a perdu près de quatre cent mille hommes et n’en reconnaîtra officiellement que trois cent cinquante. L’armée finlandaise en déplora un peu moins de soixante-dix mille.
Le 12 mars 1940, au Kremlin, entouré de Molotov et de Staline lui-même, le Premier ministre finlandais Risto Ryti signe le traité de paix de Moscou. Près d’un demi-million de Finlandais partent en exil.
Questions à Olivier Norek
Olivier Norek, c'est un roman, mais tout est vrai ?
Oui, c'est exactement ça. Le roman, c'est ce que je sais faire. Les émotions, les personnages, ce sont des ingrédients avec lesquels je sais jongler, cuisiner. Et c'est surtout que moi, je suis tombé amoureux d'une histoire incroyable. Je me suis retrouvé en face de ce défi d'écrire un roman historique. Et je sais que moi, l'histoire, je ne l'ai jamais accrochée quand j'étais au collège, au lycée. Ça a été vraiment une matière qui a été très complexe pour moi, parce que je la trouvais trop factuelle, pas assez humaine.
Je pense que plus on parle de la petite histoire à l'intérieur de la grande, plus on parle de l'humanité des personnages historiques, plus on travaille sur les anecdotes, et mieux l'histoire s'imprime.
Olivier Norek
Je pense que plus on parle de la petite histoire à l'intérieur de la grande, plus on parle de l'humanité des personnages historiques, plus on travaille sur les anecdotes, et mieux l'histoire s'imprime. Donc j'ai voulu raconter un roman historique, à la fois pour les férus d'histoire, évidemment, qui s'y retrouvent, mais aussi pour les gens qui, de prime abord, ne seraient pas allés dans un roman historique. Moi, à la base, j'écris des romans policiers, et j’ai écrit ce roman historique avec la même énergie, avec la même vitalité que mes romans policiers, mais avec une plume un peu plus, évidemment, littéraire, parce que l'histoire, justement, le commandait.
Comment avez-vous travaillé ?
La moindre des choses, c'est d'aller sur place et de faire un travail de journaliste, de collecter le plus d'informations possibles, mais surtout de les vérifier, de les double vérifier comme un journaliste, de manière à ce que vous ayez entre les mains un roman qui ne raconte que la vérité, mais toujours un roman.
Qu'est-ce que le Sisu ?
Le Sisu, c'est l'âme de la Finlande, la force intérieure, la ténacité, l'obstination, le courage. C'est vraiment un mot qui retranscrit la force du peuple finlandais.
Et pour que ce pays minuscule qu'est la Finlande décide de rentrer en guerre avec un ennemi gigantesque qui va certainement les terrasser, ils vont quand même aller se battre parce que, justement, ils sont animés du Sisu, animés de cette force intérieure qui fait qu'ils sont prêts à défendre leur pays coûte que coûte, même si l'adversaire est mille fois plus grand qu'eux.
Staline s'est attaqué au pays qu'il ne fallait pas
Olivier Norek
Staline, ce n'était pas vraiment le genre de personne à qui on disait non. On le connaissait à l'époque déjà profondément paranoïaque et totalement psychopathe, puisqu'il avait quand même abattu 700 000 officiers d'une balle dans la tête et envoyé un million de personnes dans les goulags. Et bien, malheureusement pour lui, il s'est attaqué au pays qu'il ne fallait pas, puisque les Finlandais, qui n'étaient indépendants que depuis 22 ans, chérissaient trop cette nouvelle liberté pour pouvoir se séparer du moindre kilomètre carré de leur pays.
Votre livre, c'est aussi une histoire d'amitié, de relation humaine très forte ?
Oui, c'est une histoire d'amitié, c'est une histoire de courage, tout simplement parce que justement le chef de guerre de la Finlande, Mannerheim, a une idée stratégiquement fabuleuse, mais humainement qui va lui coller des cauchemars jusqu'à la fin de sa vie. Ce chef de guerre, il a fait un pari assez étonnant. Pour gagner cette guerre, il a fait le pari de l'amour. C'est fou, c'est-à-dire que pour gagner cette guerre, il s'est dit, les soldats du même village auront un lien tellement fort les uns avec les autres qu'il n'y aura aucune désertion. Et pendant cette guerre de Finlande, il n'y a eu aucune désertion.
Qui est Simo, le héros de votre livre qui terrorisait toute l'armée russe ?
Simo est connu comme étant le plus grand sniper de toute l'histoire. Mais vous m'accorderez qu'il faut une inclination assez particulière pour vouloir écrire 500 pages sur un sniper. Moi, la mort et la violence, ça a été ma matière principale pendant 18 ans quand j'ai été policier, donc je n'ai aucun fantasme sur ça. Et je n'avais pas nécessairement envie d'écrire l'histoire d'un assassin.
Par contre, ce que j'ai eu envie d'écrire, c'est l'histoire de ces gamins de Finlande que rien ne prédestinait à aller tuer des gens, ou à faire la guerre, ou à tirer sur l'ennemi. Et qui sont, par leur fraternité, par leur courage, devenus des héros et qui se sont battus tant et tant que, même s'ils ont perdu cette guerre d'hiver, la victoire de Staline a été honteuse et la défaite de la Finlande a été le ciment de la nation.
Vous écrivez : "Personne ne sait ce qu'on doit aux soldats de l'hiver". Pourquoi ?
C'est uniquement grâce au sacrifice de ces 70.000 enfants de Finlande qui sont morts dans la défense de leur pays que Hitler a vu que la Russie était un colosse aux pieds d'argile. Sinon il aurait laissé ses 4,5 millions de soldats sur l'Europe. Ce qui fait qu'aujourd'hui, personne ne sait ce qu'on doit aux soldats de l'hiver. Mais certainement, l'Europe, le monde, la France, auraient des frontières différentes, une culture différente. L'histoire aurait totalement changé si la Finlande n'avait pas été si brave et courageuse. Donc c'est quand même assez fou d'avoir effacé cette histoire dans les manuels scolaires français.
C'est uniquement grâce au sacrifice de ces 70.000 enfants de Finlande qui sont morts dans la défense de leur pays que Hitler a vu que la Russie était un colosse aux pieds d'argile.
Olivier Norek
Votre livre connaît un succès phénoménal, déjà 130 000 exemplaires vendus. Une BD et un film sont déjà en préparation ?
Oui, tout à fait. Pour la bande dessinée, on a déjà un dessinateur qui fait les premières planches pour qu'on avance ensemble, et puis pour le cinéma, ça a été signé il y a quelques jours, donc on est très très fiers. Ça risque d'être une très grosse production internationale mais je ne peux pas en dire plus ...
Prêt pour de nouvelles aventures ?
Mon esprit n'est pas encore du tout, du tout, du tout prêt à repartir dans la grande aventure d'un livre, parce qu'un livre, quand c'est un roman policier, ça me prend un an et demi. Celui-là m'a pris deux ans et demi, donc c'est un vrai, vrai, vrai morceau de ma vie.
Il faut encore que je tombe amoureux d'une histoire. Moi, je n'écris pas sur commande, j'en serais incapable, il faut absolument que je tombe amoureux d'une histoire. Alors, si cette histoire, à venir, elle a besoin de flics, ce sera un polar, si elle se passe il y a 100 ans, ce sera encore un roman historique, et si elle raconte une magnifique histoire d'amour, alors ce sera une romance, mais pour l'instant, je n'en ai aucune idée. Je profite de l'Aveyron, avec ma famille, et des fêtes de Noël.
Deux séances de dédicaces en Aveyron à retenir :
Mercredi 18 décembre : Librairie Le Point virgule à Espalion à partir de 18h
Samedi 21 décembre : Maison du livre à Rodez de 10h à 12h puis de 14h à 16h.