Le château de Belcastel en Aveyron est en vente chez Christie's International pour 2,4M€. Ses anciens propriétaires américains qui l'ont restauré s'en vont après moult péripéties. Le monument intéresse de nombreux investisseurs étrangers mais n'a pas encore trouvé acquéreur.
Le château de Belcastel en Aveyron est en vente chez Christie's International pour 2,4M€. Ses anciens propriétaires américains qui l'ont restauré s'en vont après moult péripéties. Le monument intéresse de nombreux investisseurs étrangers mais n'a pas encore trouvé acquéreur.
Le château est la propriété d'Heidi Leigh, une galeriste new-yorkaise, qui l'a acquis avec son mari Nick Leone en 2005. Ils ont contribué à restaurer et ouvert au public l’ancienne demeure du célèbre architecte Fernand Pouillon. Plus de 35.000 personnes ont visité l'année dernière ce bijou d'architecture médiévale que sa position à l'aplomb du village rend encore plus majestueux.
De très belles années
La richissime Américaine explique ainsi sa décision de vendre : "j'ai passé 20 ans ici, de très belles années et on a eu ici beaucoup de plaisir, beaucoup de fun. Après 20 années, je suis prête pour une nouvelle aventure. Je suis en train de bâtir une nouvelle maison près du Mont Kilimanjaro en Tanzanie. Je construis un immense jardin botanique avec des installations d'art contemporain où nous allons essayer de sauver des espèces en danger venant d'Afrique de l'Est et de Madagascar".
Mais la propriétaire du château, également chevalière de l'ordre des arts et des lettres, a eu maille à partir avec l'administration française qui l'a condamnée à une amende de 75 000 euros. La police de l'eau l'a épinglée voilà trois ans car l’alimentation en eau des douves du château ne rentrait pas dans les normes de la loi sur l’eau de 2006. Une situation qui a pesé dans sa décision de quitter Belcastel.
Une servitude cachée
"Je ne connaissais pas ce problème et ça n'aurait pas dû être un problème, affirme la châtelaine. Le notaire lors de l'achat aurait dû s'assurer que tout était en règle, or il ne l'a pas fait. Nous n'avons pas été informés sur l'existence de cette servitude non officielle pour la prise d'eau des douves".
"Cela a été très difficile car j'ai dû aller au commissariat où j'ai été traitée comme criminelle. On a pris mes empreintes, on m'a prise en photo et j'ai dû me justifier. La menace de l'amende n'était pas accompagnée de conseils pour résoudre le problème. On a dû énormément travailler et trouver la solution pour laisser un débit d'eau de 4 litres/seconde malgré le fait que la plupart du temps, il n'y a pas 4 litres/seconde dans le ruisseau".
Douve hors d'eau
Heidi Leigh dit avoir financé des études inutiles pour trouver une issue au problème. Elle a aussi embauché un avocat qui a prouvé que la prise d'eau des douves existait avant la Révolution française, Au final, elle dit avoir trouvé une solution qui rétablit la situation qui existait au Moyen-Age : "à gauche du pont levis, il y a l'eau qui servait à alimenter la réserve d'eau du château, la citerne et à droite, se trouve un fossé sec qui constituait une meilleure défense que la douve en eau pour protéger le château". Sur ce site désormais sec, la châtelaine a installé des oiseaux, notamment des paons. Les aménagements ont été acceptés par la police de l'eau et l'architecte des Bâtiments de France.
"On a dû détruire un peu le travail de Fernand Pouillon mais pour revenir à l'état médiéval, commente-t-elle. Une autre solution aurait pu être trouvée pour éviter tous ces tracas, c'était de reclasser le ruisseau (qui alimente les douves) en ruisseau atypique puisqu'il est très abondant l'hiver et quasi à sec l'été. J'ai demandé au maire qui m'a dit de m'adresser au préfet qui m'a dit de m'adresser au maire et finalement tout le monde s'en est lavé les mains et personne n'a pu nous aider".
Une mésaventure pesante
Heidi Leigh raconte que l'arrivée d'un nouveau directeur de la police de l'eau a finalement permis de clore ce malheureux chapître. "Il nous a dit : la façon qu'on a eue de vous traiter et ce qu'on vous a imposé n'était pas normal. Le débit de 8 litres d'eau exigé était trop élevé. Et c'est avec lui qu'on a réussi à trouver une solution au problème".
La châtelaine n'a pas eu à régler l'amende. Elle espère désormais que la personne qui acquerra le château continuera à l'entretenir et laisser le public le visiter. La perspective de la vente fait un peu peur aux habitants qui ont apprécié le fort investissement des Américains dans la ligne de l'architecte Fernand Pouillon qui a complètement restauré ce château en ruine.
Un atout maître pour le village
"Moi ce château il ne m'appartient pas mais il est en moi, confie Alain Bouteille, habitant du village. Pour moi c'est toujours la grosse angoisse de savoir qui va reprendre ça. S'il est fermé ce sera un manque à gagner pour Belcastel, ça lui permet de vivre. Et il y a des expositions, les visites, ça nous fait vivre, ça nous ramène énormément de monde, il faut que ça continue".
Le château a été inscrit au patrimoine des monuments historiques par le ministère de la Culture le 5 mars 1928. Le village est classé parmi les plus beaux villages de France. Même s'il n'a pas remporté la victoire, il a été sélectionné cette année pour la 12e édition du village préféré des Français.