Un éleveur de brebis installé sur le Larzac a perdu une quinzaine de bêtes, probablement tuées par un loup. Il témoigne.
Un troupeau de brebis a été attaqué cette semaine dans l'Aveyron sur la commune de L'Hospitalet-du-Larzac. Pour l'éleveur, cela ne fait aucun doute, il s'agit d'un loup. Des agents de l'Office Français de la Biodiversité (OFB) sont venus faire des expertises. Depuis le début de l'année, cinq attaques de loup ont été confirmées dans le département.
Frédéric Goujon a l'air désemparé. Il y a quelques jours, cet éleveur de brebis en bio a découvert sept bêtes tuées, cinq autres blessées et quatre avaient disparues.
La marque du loup
"On les aime bien les brebis, ça fait toujours mal au coeur. Y'a pas pire que de devoir tuer ses bêtes parce qu'elles ont été amochées", dit-il.
Il le reconnait, jusqu'à présent c'était son père qui s'occupait de faire les euthanasies, mais il a pris sa retraite. "On a dû s'y mettre", précise l'éleveur. Il a fallu en tuer cinq qui étaient sévérement blessées, prises au cou avec la trachée abimée. Les brebis mortes ont été trouvées les tripes posées à coté et les côtes sectionnées. "Je ne suis pas un expert mais pour moi c'est un loup, ce ne sont pas des chiens. L'attaque au cou, les tripes non consommées, le foie, le coeur et les poumons mangés, c'est le loup."
Il le sait, il n'y a pas de solution miracle à part peut être prélever des loups trop près des troupeaux. "Il ne peut pas y avoir de cohabitation entre le loup et l'agro-pastoralisme comme on le fait nous, en élevage semi plein air. Surtout que l'on a été classé quand même au patrimoine mondial de l'Unesco Causses Cévènes". L'élevage de brebis en plein air permet, explique-t-il, d'entretenir le paysage.
Continuer à élever des brebis pour se les faire manger par les loups non !
"Nous notre boulot c'est agriculteurs mais il y a surement des choses à faire pour éviter ce genre de carnage. Le loup n'est plus menacé ; il est en constante progression. Il n'y a plus de raison de laisser le loup massacrer les brebis comme ça. Je ne suis pas anti-loup du tout, j'aime bien la nature, mais continuer à élever des brebis pour se les faire manger par les loups non !"
Des moyens de protection difficiles à mettre en place
Il l'assure, les moyens de protection sur ce territoire sont très difficiles à mettre en place. "Si on commence à clôturer avec toute cette surface, sur 25 kilomètres, cela a un coût faramineux et avec le relief, les caillous les rochers... Quant aux patous, on a cinq lots de brebis il faudrait donc entre 15 et 20 chiens."
"J'espère que ce sera juste un animal de passage mais je n'y crois pas trop. Si cela continue faudra qu'on les rentre et leur donner le foin que l'on avait prévu pour l'hiver".
Le loup gris, éradiqué en France par l'homme, a fait son retour en 1992 en provenance d'Italie et étend petit à petit son territoire. Au sortir de l'hiver 2020-2021, cette population est estimée à 624 individus adultes contre 580 un an auparavant, soit une progression de 7%, selon l'OFB.