Un moniteur de pêche de l’Aveyron a créé un panneau pour alerter contre un fléau : les barrages sur la Dourbie et le Tarn. Empiler quelques galets au fil de l’eau, le jeu paraît innocent. Mais cela empêche la rivière de couler et met en danger poissons et milieu aquatique. Surtout en période de canicule et de sécheresse.
« Retenir l’eau = danger », « Laissez moi couler ». Le message s’affiche, sous forme de panneau, sur le secteur de Millau et il s’adresse à tous les amateurs de rivière. Depuis cet été, les touristes de passage et les riverains sont invités à renoncer à un loisir faussement innocent : la construction de murs et barrages de galets dans le lit des rivières.
Un barrage : un petit plaisir avec de grosses conséquences
Des générations d’estivants ont cédé à la tentation. Les pieds et les mains dans l’eau, seul ou en bande organisée, le jeu est aussi vieux que les vacances d’été et le pique-nique du dimanche. Mais ce petit plaisir aquatique a un coût écologique.
Jean-Dominique Blanc n’hésite pas à parler de « fléau » et d’une « très grosse problématique ». Pour le garde-pêche, la construction de barrages artisanaux revient à « détruire l’eau ».
Les barrages sont construits dans des milieux où il faut de l'eau fraîche. La construction arrête le courant, la température de l'eau augmente et les algues prolifèrent et vont se décomposer.
Jean-Dominique BlancMoniteur-Guide de pêche
Les retenues artificielles conduisent à une augmentation de la température de la rivière ce qui dégrade le milieu aquatique et altère un écosystème indispensable à la nourriture des poissons. Cet été, le niveau des rivières est particulièrement bas en raison d’une sécheresse exceptionnelle. Les conséquences des barrages sont encore plus sensibles.
La rivière est une pompe, une station d'épuration naturelle qu'il faut laisser couler
Jean-Dominique BlancMoniteur-Guide pêche
Depuis des années, Jean-Dominique Blanc sensibilise jeunes et moins jeunes, pêcheurs ou simples promeneurs, touristes et « locaux » sur les effets pervers des barrages. Mais il a décidé de franchir un cap. Tous les ans, avec son école de pêche, cet amoureux de la Dourbie et du Tarn organise des opérations de « destruction ». La prévention et l’information étant toujours plus efficace, le garde pêche a décidé de créer une signalétique.
Un jeu dangereux qui vous expose à une verbalisation
Avec l’aide d’un ami dessinateur, Jean-Dominique Blanc a donc conçu un panneau d’information.
Les constructeurs potentiels de barrages sont alertés sur les conséquences de leur geste : augmentation de la température de l’eau, développement de vase et d’algues qui privent d’oxygène les poissons…
Au delà des conséquences environnementales, la signalétique rappelle également que la construction d'un ouvrage est encadré par la réglementation.
Tout ouvrage à construire dans le lit d'un cours d'eau doit comporter des dispositifs maintenant dans ce lit un débit minimal garantissant en permanence la vie, la circulation et la reproduction des espèces vivant dans les eaux
Article L 214-18-I du Code de l'environnement
Une version « tract » a également été réalisée. 2000 ont été distribués dans les écoles, campings et offices de tourisme.