La France doit réduire ses émissions de CO2 et de gaz à effets de serre pour lutter contre le réchauffement climatique. Pour y parvenir, et surtout pour faire des économies, la Cour des comptes propose de réduire le nombre de vaches dans le pays. Les bovins produisent à eux seuls la moitié des émissions du secteur agricole. Une proposition qui inquiète et énerve les éleveurs d’Aveyron.
Dans un nouveau rapport, la Cour des comptes fait une proposition surprenante pour lutter contre le réchauffement climatique : baisser le nombre de vaches en France. Les bovins produisent du méthane. Elles sont près de 17 millions en France, ce qui représente 11,8% des émissions de gaz à effet de serre dans le pays.
Des Limousines dans le viseur
Dans l’Aveyron, à Saint-Félix de Lunel, Anthony Quintard élève des Limousines. 65 vaches et leurs petits, soit un troupeau de 150 bêtes. Toute la journée au milieu des prés, ces bovins ruminent l’herbe fraîche. Une herbe qui au cours de sa digestion produit… du méthane, un gaz à effet de serre. Mes vaches, elles pâturent c’est la meilleure façon de valoriser l’herbe. Alors oui, elles pètent, elles rotent, comme tous les ruminants”, explique l’éleveur qui refuse de passer pour un pollueur. “Notre métier, nous le faisons de la façon la plus consciencieuse possible, en étant le plus respectueux de l’environnement, en étant en phase avec le respect de la nature.”
Mais pour la Cour des comptes, la France compte trop de vaches car le méthane est un gaz très réchauffant. Dans un rapport, l’institution préconise “une réduction importante du cheptel”.
“Une attaque gratuite” pour la filière
Une position incompréhensible pour les éleveurs Aveyronnais. “C’est une attaque un peu gratuite, d’une vision un peu urbaine contre les ruraux et contre une certaine activité rurale”, s’énerve Dominique Fayel, de la Fédération Nationale Bovine. “L’économie rurale, dans un département comme le nôtre, repose sur l’élevage. Il n’y a pas vraiment d’autres alternatives. Et ce n’est pas nous qui choisissons, c’est le sol.”
Une nouvelle attaque qui inquiète les éleveurs quant à l’avenir de leur filière. “Ils n’ont pas conscience de ce que ça peut engendrer comme répercussions sur le moral des agriculteurs, ni sur l’impact que ça peut avoir sur l’envie de demain d’avoir des jeunes qui viennent au métier”, alerte Anthony Quintard.
Dans les Hautes-Pyrénées, Hervé Sancho est boucher. Au quotidien, il ne cesse de vanter la qualité de la viande française. Une telle recommandation est pour lui impossible à entendre. “Aujourd’hui, tout est carboné. Et pour l’enjeu climatique carboné, nous allons réduire l’impact des bovins sur l’environnement”, réagit-il. “Mais on va faire quoi ? On n’aura plus de bêtes dans la région ? Des bêtes élevées et abattues dans un cercle de 10 km. Nous allons les importer du Brésil.”
Dans ce même rapport, la Cour des comptes pointe également les aides aux éleveurs jugées trop “coûteuses”. La France est le 1er producteur européen de viande bovine, 4,3 milliards d’aides publiques sont allouées à cet élevage chaque année.