Jeudi soir à Rodez, le chef de l'Etat est venu défendre son projet de réforme des retraites. L'exercice semble avoir divisé les 482 personnes venues écouter et échanger avec Emmanuel Macron.
Malgré l'attaque mortelle intervenue dans le courant de la journée du 3 octobre à la préfecture de police de Paris, Emmanuel Macron a tenu à maintenir, coûte que coûte, son débat sur les retraites à Rodez
Retardé d'une semaine en raison du décès de Jacques Chirac, l'actuel chef de l'Etat, micro à la main, se tient debout en ce jeudi soir au milieu de 482 invités assis en rond.
Emmanuel Macron va longuement plaider pour lever, ce qu'il désigne comme "des malentendus" sur sa réforme des retraites, rééditant ce format de dialogue direct qu'il avait privilégié après la crise des "Gilets jaunes".
Interrogations des participants
D'emblée, il défend l'utilité et l'équité de cette ambitieuse réforme qui vise à fusionner en un système unique par points les 42 régimes existants, à l'horizon 2025. Ce projet suscite beaucoup d'interrogations des participants comme l'a exprimé, par exemple, le bâtonnier de l'Aveyron, au sujet de la suppression des régimes spéciaux.Question de notre bâtonnier au sujet du projet « ce régime de retraite va faire disparaître des centaines d’avocats, est-ce votre volonté ? »@CNBarreaux @feral_schuhl @Conf_Batonniers @CNBFrance pic.twitter.com/xVVM4EAUdV
— Avocats de l'Aveyron (@Barreau_Aveyron) October 3, 2019
A l'issue de cette réunion, les avis sur la présence et la prestation du chef de l'Etat étaient assez partagés, comme l'a recueilli, sur place l'équipe de France 3 Occitanie, Laurent Dubois et Clara Delannoye.
Brillant pédagogue
Pour cet élu local :Dans les réponses, il me semblait qu’il y avait des imprécisions. On sent que c’est quelque chose qui démarre. C’est quand même un sujet qui se traitera à long terme. Après c’est intéressant. C’est quelqu’un de brillant. J’avais déjà participé au grand débat car je suis maire de ma commune. C’est très intéressant et très instructif même si on n’est plus ou moins d’accord. Je l’ai trouvé fatigué.
Ce lecteur de Midi Libre était venu comprendre les tenants et les aboutissants de cette réforme mais aussi "les convictions personnelles du président" :
Il a été très clair, très pédagogue, sur des sujets qu’il était nécessaire d’éclairer. Il a bien rassuré certaines personnes qui étaient inquiètes par rapport à l’évolution de la situation. Parfois, il a dit des choses à certaines professions qui étaient difficiles à entendre. Il a été honnête et transparent. L'exercice était très intéressant. On sent très clairement que le cadre est donné qu’il y a des choses qui ont été travaillées et qui ne seront pas amendées fondamentalement. Après il a laissé clairement entendre que des points pourraient être ajustés notamment dans le temps, dans la transition.
Un président en campagne
D'autres ont été beaucoup moins convaincus, comme cet invité :On a en face de nous une bête de scène sauf que nous ne sommes pas sur scène. C'est le président de la République. Je ne suis pas du tout convaincu et très interrogatif. Ces grands débats ne servent pas à faire bouger les lignes. On l’a vu avec les débats à la veille des élections européennes qui lui ont servi de campagne. Aujourd’hui à la veille d’une autre élection, il relance un grand débat. Je crois qu’il est droit dans ses bottes. Il l’a dit clairement. Ce n’est pas un problème. Mais pour moi, il mène sa campagne municipale et il vient de lancer celle de Teyssèdre (maire de Rodez).
Un point de vue partagé par cet autre participant :
C’est frustrant. C’est un moment de communication de la présidence. Un débat c’est un endroit où l’on peut échanger et répondre aux arguments. Là, ce n’est pas un débat. C’est de la comm’. On a vu que les premiers syndicats qu’il a reçus ce sont ceux qui sont à peu près d’accord avec lui. Il n’a pas envie de changer les choses. Dans son discours, c’est la future réforme. Après, il nous promet un changement important dans le monde du travail, dans la revalorisation de la santé, des profs, mais il ne donne pas d’horizons. Je pense qu’il a son idée. Il y a beaucoup d’inquiétude parmi les salariés. Est-ce que la valeur du point va baisser ? Comment va-t-il être calculer ? Il y a vraiment des choses à revoir. Aujourd’hui, si l’on veut plus de cotisations, on peut aller le chercher sur le capital qui a pris 50 milliards d'euros au 1er trimestre 2019. On le sait : cette option ne fait pas partie du logiciel de la Macronie.