Les propos tenus le 7 octobre par la ministre de l'Industrie sur "La magie de l'usine" ont suscité beaucoup de réactions. A Rodez où l'usine Bosch va supprimer 750 postes, la magie de l'usine ne passe pas. La CGT a installé une pancarte sur le rond-point à proximité du site.
"Voir dans l'état où se trouve l'industrie en France avec tous les licenciements, ce n'est pas de la magie !" Stéphane Puech de la CGT Bosch n'a pas digéré les propos de la ministre de l'Industrie qui disaient : "J’aime l’industrie parce que c’est l’un des rares endroits au XXIe siècle où l’on trouve encore de la magie...".
on dirait une parodie pic.twitter.com/96AODH7sLV
— Nicolasbdf (@Nicolasbdf) October 8, 2021
Une déclaration d'amour non partagée
Vendredi 7 octobre 2021, Agnès Pannier-Runacher participait à un grand salon d'affaires européen pour les entreprises (BpiFrance Inno Génération). Au micro, avec un certain lyrisme, elle a donc prononcé cette phrase complétée par une véritable déclaration : "J’aime l’industrie parce que c’est l’un des rares endroits au XXIe siècle où l’on trouve encore de la magie, a-t-elle déclaré. La magie de l’atelier où l’on ne distingue pas le cadre de l’ouvrier, on ne distingue pas l’apprenti de celui qui a trente ans d’expérience, où l’on ne distingue pas celui qui est né en France il y a quarante ans et celui qui est arrivé par l’accident d’une vie il y a quelques jours."
Une déclaration d'amour qui a provoqué une réaction très vive du côté de la CGT Bosch. "Vu la situation, je trouve ça honteux s'insurge Stéphane Puech. C'est une méconnaissance du monde de l'industrie. On est dirigé par des gens hors-sol. Ils ont participé à la mondialisation et maintenant ils crient au loup."
Les militants de la CGT ont donc installé une pancarte sur le rond-point de Cantaranne à Rodez pour rappeler la brutalité des faits, loin de la magie.
Une relation tendue entre Agnès Pannier-Runacher et la CGT Bosch de Rodez
Dans les propos de Stéphane Puech, on sent beaucoup de dépit, du fatalisme, un trait tiré sur le pouvoir des politiques pour sauver des emplois. La ministre était le 19 mars 2021 sur le site ruthénois. Sa rencontre avec les salariés n'avait rien de magique. À la sortie d'une table ronde avec les dirigeants à la préfecture sur l'avenir du site, elle avait été huée, bousculée... "J'entends votre colère, avait-elle dit. Avant de rajouter : Bosch nous dit qu'ils sont prêts à s'engager juridiquement sur le maintien de 500 emplois jusqu'en 2027. Je ne comprends pas tout à fait comment cette garantie est crédible, dès lors que nous n'avons pas un projet industriel qui soit étayé et précis."
Aujourd'hui, le constat est le même. "Mais l'État ne fait rien, déclare Stéphane Puech. Le groupe Bosch investit en Allemagne, en Europe de l'Est, mais rien à Rodez. Pourtant, ils ont touché des aides de l'État, notamment un million et demi d'euros récemment dans le cadre du plan de relance pour un projet lié à l'hydrogène... La ministre nous avait promis aussi de revenir dans les 3 mois après sa venue en mars. Nous l'attendons toujours."
Agnès Pannier-Runacher est bien venue en juillet à Rodez. Elle a bien rencontré des salariés de la SAM (équipementier automobile placé en redressement judiciaire), mais pas ceux de Bosch.
La procédure concernant le site Bosch de Rodez se termine le 9 décembre 2021. Il ne resterait plus que 500 salariés, soit 60% des effectifs. Sans aucun nouvel investissement, c'est la fermeture du site qui est programmée.