Depuis début juillet, la sécheresse affaiblit la ressource en eau potable des populations des communes du nord Aveyron. Le ravitaillement est assuré quotidiennement par des rotations de camions citernes jusqu'aux plateaux de l'Aubrac.
Dans la pointe nord de l'Aveyron située entre les Monts d'Aubrac et les volcans du Cantal, le territoire de Carladez n'a pas vu de précipitations depuis plusieurs mois. Ce ne sont pas les quelques millimètres tombés localement lors des derniers orages qui ont réduit le déficit en eau. La sécheresse prolongée a engendré des difficultés dans la distribution en eau potable pour les 2.500 habitants de cette partie de la Communauté de communes Aubrac-Carladez-Viadène.
Anticiper les besoins en eau
Pour soulager le ruisseau qui alimente habituellement ce bassin de population en eau potable, des rotations quotidiennes par camions citernes ont été mises en place dès le 8 juillet 2022.
"Nous avons anticipé les besoins en eau potable pour ne pas affaiblir le ruisseau", explique Jean Valadier, président de la Communauté de communes. Le débit d'eau du Siniq ne suffit plus à pourvoir les besoins de la population, dont le nombre peut doubler durant la période touristique. Pour éviter les coupures d'eau au robinet, la limitation du pompage et un débit réservé du ruisseau de 15 à 25 litres/seconde ont été instaurés par les services de l'État jusqu'au mois d'octobre 2022.
15 camions citernes par jour
Aujourd'hui encore, trois fois par jour, deux camions citernes viennent remplir leurs réservoirs à une borne d'incendie de Laguiole pour alimenter les réservoirs communaux de Brommat et de Thérondels, situés à 45 km de là.
Cet été, au plus fort de la sécheresse et de la fréquentation touristique, jusqu'à 15 camions ont été nécessaires pour alimenter en eau les communes du nord Aveyron. Selon les besoins, de 150 à 420 m³ ont été ainsi acheminés sur les routes sinueuses des montagnes d'Aubrac. En début de sécheresse, dans l'urgence de la crise, le dispositif d'approvisionnement en eau par transport routier coûtait 1.200 euros par jour et par camion à la Communauté de communes. Depuis que le dispositif s'est pérennisé, le coût des rotations a baissé à 900 euros.
Pas de conséquence sur la facture des usagers
Pour Jean Valadier, président de la Communauté de communes Aubrac-Carladez-Viadène, les budgets de la collectivité permettent, pour le moment, de prendre en charge la note. Les prochaines factures d'eau des contribuables ne devraient alors pas souffrir d'une augmentation des tarifs, rassure l'élu.
Une situation intenable sur le long terme
La Communauté de communes travaille à gérer la ressource en eau pour l'ensemble de ses habitants. Si la source de Laguiole située plus au sud suffit actuellement au ravitaillement des municipalités du nord, cette dépendance ne peut pas durer éternellement.
Techniquement, il faut pouvoir continuer à prélever dans les sources de Laguiole ou d'Argences-en-Aubrac. La solution pour les sécuriser serait de prévoir des interconnections entre les territoires, rediriger l'eau par un réseau de tuyaux, la capter et la stocker afin de la réutiliser en cas de besoin, nous explique Jean Valadier, la création d'un lac sur le ruisseau Siniq pourrait être une piste pour le stockage. Pour ce petit territoire rural, l'accompagnement financier des investissements est nécessaire.
De moins en moins d'eau chaque année
Depuis 7/8 ans, nous constatons chaque année la baisse des ressources en eau potable sur le Carladez, pourtant l'Aubrac est le château d'eau de l'Aveyron, se préoccupe l'élu. Les sources s'affaiblissent régulièrement et on ne peut que s'inquiéter.
On en arrive à un point peu rassurant de sècheresse qui impacte les sources et c'est inédit.
Jean Valadier président de la Communauté de communes Aubrac- Carladez et Viadène
Une population compréhensive
Sur cet ensemble de communes une prise de conscience de la population s'est matérialisée par une baisse des consommations d'eau potable. Durant les semaines de fortes chaleurs, la consommation n'a pas explosé, les gens ont joué le jeu, nous confie le président de la Communauté de communes. Un effort de pédagogie et de communication sur plusieurs canaux ont permis de sensibiliser la population à une meilleure gestion des ressources en période de pénuries.
La préservation, le partage de la ressource en eau devient un sujet majeur de subsistance sur notre territoire mais par répercussion, les conséquences des déficits chroniques en eau sur l'Aveyron peuvent aussi se faire ressentir sur la Garonne à Toulouse. Cette question nous concerne tous, conclut Jean Valadier.