"Tes rues circulent en moi comme le sang dans mes veines", portrait émouvant d’une ville vue à travers les yeux de ses habitants

Decazeville, ville empreinte d'histoire au patrimoine unique se dévoile dans "Cher bassin", le documentaire du réalisateur aveyronnais Mathieu Kiefer. Ancien bastion du charbon, lieu marqué par l’abandon, des habitants témoignent et racontent leur ville, évoquant un lien profond et complexe avec leur terre natale. Un hommage à la fois tendre et amer.

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A Decazeville dans l'Aveyron, ancien bassin minier marqué par l'histoire, les usines en déclin, les maisons vides et devantures en berne témoignent d'un passé vibrant. Dans son documentaire "Cher bassin", le réalisateur aveyronnais Mathieu Kiefer, questionne la population sur leur ville natale : "Je suis né chez toi". "J'ai grandi entre tes murs". "Tes rues circulent en moi comme le sang dans mes veines". "Chacun de tes recoins réveille en moi, un moment, un souvenir", les témoignages sont tout aussi poignants les uns que les autres.

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Dans l'Aveyron, le temps d'une pause chez Léa la tatoueuse ou chez Vincent le coiffeur, les Decazevillois se questionnent concernant ce fameux Bassin et ce qu'il est devenu. ©Minimum Moderne et Lyon Capitale TV

"Il y a une certaine beauté dans ce vide là"

Léa la tatoueuse s'applique à graver le dessin, sur un bras, un pied ou autre bout de peau. En même temps, elle entame des discussions avec ses clientes et clients autour de cette ville où se succèdent souvenirs nostalgiques et impressions diverses : "Ce côté glauque ne me dérange pas" lui dit une de ses jeunes clientes, "J’aime les bâtiments un peu délabrés qui ont une histoire (…) il y a une certaine beauté dans ce vide-là".

Le temps d'une pause chez elle, des habitants se confient et apportent leur témoignage sur ce qu'ils pensent de leur ville. De son côté, chaque coin de Decazeville résonne de souvenirs, oscillant entre attachement et rejet. La jeune femme évoque l'ambivalence des sentiments qu'elle entretient avec cette ville où elle est née et a grandi :

Dès que je suis partie, tu m’as manqué. Je ne me sentais plus moi (...) Mais, dès que je revenais, je te détestais à nouveau.

Léa

Un lien profond et complexe 

Et puis, il y a les lettres écrites par ses mêmes habitants, toutes générations confondues. Lues à voix haute, chacun y exprime son ressenti, des sentiments partagés entre attachement, amertume ou résignation. Toutes commencent par "Cher bassin,". Un hommage à la fois, tendre et amer sur ce lieu où ils sont nés et où beaucoup vivent encore : "Je traînais dans tes rues et je rêvais. Faut dire qu’avec tes maisons vides et toutes tes histoires tu es une chouette tache sur cette jolie carte postale aveyronnaise. Et du coup, maintenant, je suis là avec toi" exprime la voix d’un jeune homme, tout en poursuivant :

Mais en vrai, tu as bien souffert (…) tu es une boxeuse qui perd chaque match mais qui ne veut pas jeter l’éponge. Tu t’accroches (...)

Un jeune Decazevillois

Le film capte des instants de vie, alternant entre images d'hier, où l'activité foisonnait, et la réalité d'aujourd'hui, figée dans le temps. Les paroles et témoignages  s’entrecroisent au rythme du film et des images. Des plans défilent dans la ville actuelle, le long des rues désertes et des commerces fermés. Aucun mouvement ne vient égayer ces lieux, où la vie semble s’être arrêtée.

Des paysages façonnés par l’homme, nous rappellent l’activité particulière de cette région minière et industrielle. Des images d’archives en noir et blanc témoignent d’un passé où, dans cette ville charbon, la vie n’a pas été des plus faciles.

Autour de Léa et Vincent, au fil des rencontres et des témoignages, la vie du bassin minier est reconstituée. Comme toutes ces petites villes des zones rurales où la vie pullulait et qui, aujourd'hui, s'éteignent  au fur et à mesure que leurs commerces ferment, Decazeville ne fait pas exception. Une des habitantes évoque les fêtes grandioses qui avaient lieu chaque année en septembre. "Aujourd'hui, ça n'a plus rien à voir" souligne t-elle.

Malgré tout, Decazeville demeure un lieu cher aux cœurs de ses habitants et bien que le déclin soit palpable, leurs récits insufflent une âme à cette ville, encore marquée par une histoire collective, empreinte d'humanité. 

"Cher bassin" : un film de Mathieu Kiefer à voir le jeudi 6 novembre 2024 à 22h50. Une coproduction Minimum Moderne et Lyon Capitale TV. Avec la participation de France 3 Occitanie (FTV).

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