Figure des travailleurs dans les mines, à la moitié du XXe siècle, Michel Granizo n'a rien oublié de cette époque éprouvante. Il fait vivre ses souvenirs, avec émotion, grâce à la reconstitution du musée de la mine, à Cagnac-les-Mines (Tarn).
À 87 ans, sa mémoire est encore intacte. Il se souvient des détails, des sensations, d'un quotidien éprouvant. Michel Granizo a passé des décennies dans les mines de charbon et, 50 ans plus tard, il n'a rien oublié de cette époque. Il en conserve toujours les objets : bleu de travail, casque de protection et cette boîte en métal, qui ne le quittait jamais. "C'est une boîte un peu spéciale, explique-t-il. Elle est fermée, pour protéger son contenu des rats. Mon épouse me préparait le repas, chaque soir, et je partais avec le matin."
Une transmission essentielle
En 1956, Michel Granizo est réquisitionné pour des besoins en charbon. Il échappe à la guerre d’Algérie, n'ira pas combattre au front, mais passera 32 ans de sa vie dans la mine, dont 26 ans dans celle de Carmaux.
Le secteur est l'un des poumons économique de ce secteur d'Occitanie. Mais le charbon a perdu de son importance. Au point que le 30 juin 1997 fermait la plus grande mine à ciel ouvert d'Europe, dite la Découverte, à Decazille en Aveyron. Dix ans plus tôt, à Blaye-les-Mines, dans le Tarn, le dernier puits de charbon fermait.
La fin du charbon a fait perdre 3.000 emplois au bassin, calcule Jacques Goulesque, ancien maire PS de Carmaux. Le taux de chômage a grimpé en flèche, au même rythme que la pauvreté, pour avoisiner les 20% et la population va alors passer de 25.000 à environ 15.000 habitants.
La "relance de l'industrie charbonnière" ne viendra jamais
L'annonce de la fermeture de ces sites avait provoqué sur les terres de Jean-Jaurès un important mouvement social de grèves et de manifestations. En 1980, c'est à Carmaux que François Mitterrand avait lancé sa campagne, promettant "la relance de l'industrie charbonnière". Elle ne viendra jamais...
Ces morceaux d’histoire sont conservés et reconstitués au musée de la mine à Cagnac-les-Mines, où l'on peut découvrir une reproduction dans les moindres détails. Michel raconte : "Voilà ma locomotive. Je regardais bien si tous les ouvriers avaient mis leur chaîne de sécurité. J'entendais le coup de sifflet du chef, et je démarrais."
Un demi-siècle plus tard, cet ancien mineur replonge avec frissons dans cette galerie. "Tout le monde devrait venir faire un petit tour. Voir ce que c'est la mine", assure Michel. L'émotion est palpable, les larmes aux yeux il l'avoue : "Revoir tout ce matériel, les souvenirs passés... Ça fait mal." Au dos de son bleu de travail, on y lit "Granizo l'increvable".