Le musée Soulages a aussi généré toute une économie depuis sa création il y a 10 ans. Son ouverture a boosté les commerces l'hotellerie et fait venir des touristes du monde entier. Nathalie Rougeau Harmonie Pacione
Contesté à son lancement, le musée Pierre Soulages à Rodez a su en dix ans faire taire les sceptiques. Ses massives parois d'acier oxydé ont été inaugurées il y a tout juste dix ans, à quelques mètres de l'emblématique cathédrale de grès rouge de la ville. Et aujourd'hui, le site consacré au maître de "l'outrenoir" est florissant, est devenu un incontournable sur les itinéraires touristiques.
"Un alibi supplémentaire pour la découverte de la région"
Et dire qu'à l'époque des travaux, "un sondage montrait que 83% de la population était contre", confie le maire divers gauche de Rodez, Christian Teyssèdre, à l'AFP. Ce 28 mai 2024, les réactions sont tout autres. "Ce musée a totalement transformé le site sur lequel il a été construit. C'est le jour et la nuit", déclare un accompagnateur de groupe. Pour un autre visiteur venu de Montauban, "le musée est un alibi supplémentaire pour venir découvrir la région." Et pour les habitants de la ville, le changement est notable, "cela bouge plus", "cela aide des commerces à ouvrir, et nous ça nous aide aussi", estime une lycéenne.
La moyenne de fréquentation du musée est de 130.000 visiteurs par an. Et les retombées économiques sont bel et bien là.
"On est passé de l'obscur au clair"
L'ouverture du musée a notamment été un booster pour les hôtels et les restaurants. "On est à plus 30% en cœur de ville, pour les établissements qui sont aux abords du musée. Et après, aux alentours, entre l'hôtellerie et la restauration, on est sur une progression de plus 20% depuis 2014", affirme Michel Santos, le président de l'union des métiers et industries de l'hôtellerie de l'Aveyron.
Le flux de touristes a fait un bon de 50%, les premières années qui ont suivi l'inauguration de ce lieu culturel de référence.
En termes de notoriété, on est passé de l'obscur au clair. C'est-à-dire que des gens viennent aujourd'hui à Rodez après avoir entendu parler du musée Soulages. Ils ne seraient jamais venus avant.
Marion Palayret, directrice de l'office de tourisme de Rodez
"Ça a donné de la valeur ajoutée à la destination" aveyronnaise, plus réputée jusque-là pour sa nature et ses paysages, affirme également Didier Arino, directeur général du cabinet spécialisé Protourisme.
Le musée Soulages, un pilier de l'attractivité du département de l'Aveyron, c'est aussi l'avis de Dominique Costes, le président de la Chambre de commerce et d'industrie du département. "C'est une chance", nous dit-il en évoquant également la route Soulages qui a créé un lien important entre Rodez et Conques. Conques où Pierre Soulages a réalisé les vitraux de l'abbatiale Saint-Foy. "On peut dire que Soulages a réussi à relier les pèlerins du chemin de Saint-Jacques aux pèlerins qui s'intéressent à l'art moderne."
Vitesse de croisière pas encore atteinte
En dix ans, 1.370.000 personnes ont été conquises par l'architecture, primée en 2017 par le prix Pritzker, et les œuvres de Pierre Soulages. La disparition de l'artiste, le 25 octobre 2022, pourrait apporter un regain de notoriété à ce seul musée éponyme au monde. "Il faut mettre la barre plus haut", appelle de ses vœux le maire de Rodez, visant une fréquentation à 200.000 personnes.
Le président divers droite du Département, Arnaud Viala, va dans le même sens. "Le musée n'a pas atteint sa vitesse de croisière", est-il convaincu. Selon les chiffres fournis par le musée, 25% des visiteurs viennent d'Aveyron, 20% d'Occitanie (hors Aveyron), 50% de France hors Occitanie et autour de 5% de l'étranger.