CARTE. Où et quoi chasser afin de réguler les populations d'animaux nuisibles à l'agriculture pendant le confinement

C'était une demande quasi générale des agriculteurs : des dérogations pour la chasse aux sangliers, aux cervidés et à d'autres espèces considérées comme "nuisibles" ont été décidées par les préfets des départements les plus touchés et étendues dans la région Occitanie.

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Les exploitants agricoles ont vu leurs semis et leurs plantations souvent ravagés depuis mars dernier et le 1er confinement, par la prolifération des sangliers et de nombreuses autres espèces animales, qui se régalent notamment de céréales : pour réguler ces populations, depuis le 6 novembre dernier, des dérogations pour la chasse aux sangliers, aux cervidés et à d'autres espèces considérées comme "nuisibles" ont été décidées par les préfets des départements les plus touchés.

Trois cas de figure

Au fil des jours ces dérogations ont été étendues à toute la région Occitanie :
  • le Lot et l'Aveyron n'autorisent la chasse qu'aux sangliers et aux cervidés
  • dans 5 autres départements de la région, outre la chasse aux sangliers et aux cervidés, celle aux espèces répertoriées autrefois en tant que "nuisibles" - et connues désormais sous la dénomination "espèces suceptibles d'occasionner des dégâts" (ESOD) - est autorisée : il s'agit des Hautes-Pyrénées, de la Haute-Garonne, de l'Ariège, du Tarn-et-Garonne et de l'Aveyron
  • enfin les autorisations concernant le plus grand nombre d'espèces s'appliquent dans 6 départements : le Gers, le Tarn, les Pyrénées-Orientales, l'Hérault, le Gard et la Lozère. A la liste citée plus haut s'ajoutent des espèces considérées comme "envahissantes" : c’est le cas du ragondin, du rat musqué, du chien viverrin ou encore du raton laveur.
Dans la liste des ESOD on retrouve la belette, la martre, le putois, la fouine, le renard, la pie bavarde, la corneille noire, le corbeau freux, l’étourneau sansonnet et le geai des chênes.
 

Les chasseurs doivent pour cela respecter toute une série de conditions :
  • on peut chasser à tir, en battue ou à l’affut, le grand gibier (cerf, chevreuil, daim, mouflon et sanglier) le lundi, le mercredi et le samedi
  • à poste fixe : le renard, la corneille noire, le pigeon ramier (palombe) et le ragondin
  • on peut aussi piéger le renard, la corneille noire, la pie, la fouine, le rat musqué et le ragondin.
  • les actions de recherche du gibier blessé à l'aide d'un chien sont autorisées
  • enfin le renard peut être tiré par un chasseur posté.
La population de sangliers a connu ces dernières années une croissance exponentielle, notamment dans le Gers et les Hautes-Pyrénées : les éleveurs de porcs en plein-air avaient déjà tiré la sonnette d'alarme ces derniers mois, à cause du risque d'extension de l'épidémie de peste porcine que cette prolifération faisait courir à leurs élevages.
Toutes les actions listées ci-dessus répondent à l'appellation "actions de régulation". En application des règles du confinement, elles doivent être organisées en limitant au strict minimum le nombre de personnes mobilisées.
Les chasseurs y participant doivent avoir sur eux l’attestation applicable à tout déplacement pendant la période de confinement : il faut cocher la case "déplacement relatif à une mission d’intérêt général".

Des associations contestent ces dérogations

Cependant l'autorisation de pratiquer ces formes de chasse dites "de régulation" déclenche des critiques de certaines associations, surtout du fait de l'intégration dans les listes d'espèces autorisées de certains animaux sauvages :
  • soit parce qu'ils ne provoquent quasiment aucun dégât sur les exploitations agricoles
  • soit parce que leur population est réduite au point qu'elle peut être mise en danger.
 
En Midi-Pyrénées, l'association France Nature Environnement (FNE) émet de sérieuses réserves sur ces dispositions et privilégie le dialogue avec l'office français de la biodiversité (OFB) pour mieux encadrer ces "actions de régulation".

Nous trouvons ces dérogations choquantes car c'est un triple contresens : d'abord de les accorder en pleine période de confinement, alors que la population n'a pas accès à la nature, aux loisirs, etc. Ensuite parce qu'il faut en priorité préserver la nature et la biodiversité en France. Enfin parce que - même si nous ne sommes pas du tout contre la chasse aux sangliers - ces dérogations ne les concernent pas exclusivement : nous ne comprenons pas l'urgence de chasser la palombe et d'autres espèces d'oiseaux.

Jean Olivier, Directeur de France Nature Environnement Midi-Pyrénées

Le juriste de FNE prépare un "recours gracieux" contre ces arrêtés préfectoraux dans les 8 départements de Midi-Pyrénées : un communiqué sera publié ce vendredi 13 novembre pour préciser les contours juridiques de cette démarche.

Satisfaction mitigée des chasseurs

Les fédérations départementales de chasseurs émettent cependant un regret : toute chasse "de régulation" est interdite le dimanche.
Certes, pendant cette 2ème période de confinement, les sorties dans les bois et autres espaces verts sont autorisées : du coup les promeneurs sont plus nombreux qu'à l'ordinaire et les risques d'accident sont accrus d'autant.
Mais elles font remarquer que les chasseurs sont aussi pour la plupart des actifs, et qu'il sera difficile de constituer des groupes de battues les jours de semaine.
L'essentiel de ces actions risque donc de se retrouver concentré le samedi.
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