Décidément, le pasodoble est la musique qui convient le mieux à la corrida! Aux Saintes-Maries de la Mer, la énième tentativre de mariage entre flamenco et toreo a une nouvelle fois échoué. Et pourtant, ni la bonne volonté des rumberos du clan Reyes ni le grand talent de Castella ne sont en cause.
Une sono mal réglée et le répertoire des Gipsy Kings égrené parfois à contre rythme des faenas : les rumbas de Canut Reyes sonnaient dans les arènes des Saintes balayées par le mistral comme une cassette dans un autoradio bon marché du milieu des années 80, volume à fond dans la R5. Voix saturées, guitares sonnant comme des synthés, micros douteux : les tubes qu'on aime tant reprendre à plein poumons donnaient le plus souvent une impression de vacarme. Quel dommage!
En piste, Sébastien Castella a avalé sans trembler ni transpirer 6 toros de Núñez de Tarifa, qui n'avaient ni les cornes ni la force pour être lidiés dans une arène de première catégorie. Mais Sébastien a fait charger les sans-caste, a réglé en deux muletazos les coups de tête des renâcleurs. Et a coupé les oreilles (6 et une queue!) de trois d'entre eux.
Le sixième Núñez, le meilleur de l'envoi, a été moins mal accompagné par la musique que ses frères. Canut, André et Pablo Reyes se sont aventurés à quelques improvisations qui collaient mieux que A mi manera, Bamboleo ou Bem bem María aux enchaînements de Sébastien Castella, plus audacieux, plus serein, plus torero que jamais.
Les Saintes-Maries de la Mer, 6 août 2016. 6 toros de Núñez de Tarifa pour Sébastien Castella.
Silence, deux oreilles, deux oreilles, applaudissements, silence, deux oreilles et la queue.
Vent violent. Plein.